Prequel

Une prequel est un flash back. Le miroir du Prince pourrait être une prequel du mariage de mon meilleur ami.

En cette qualité je n'ai eu aucun problème à la publier sur PI (maison.poudlard.org) sous le même pseudonyme. Pour ceux qui ne sont pas membre de cette plateforme, voici ma fanfiction.



Annonce : L'univers et les personnages appartiennent à JKR

Chapitre : Une voix dans la nuit, écrit le 31/08/2011
Drago marchait devant la tapisserie de Barnabas le Follet. Il essayait de ne pas penser à la vision que lui offrait l'armée de trolls danseurs que Barnabas essayait d'éduquer. Il s'arrêta, regardant autour de lui si personne n'était susceptible de l'apercevoir, mais le septième étage était presque vide entre les cours. Il n'avait pas de souci à se faire, même s'il se donnait la peine de regarder trois fois si un importun ne passait pas dans le coin.

« Allez, c'est parti. J'ai besoin... j'ai besoin, d'un endroit où étudier cette foutue armoire. Un endroit protégé des intrus. Oh, et j'ai besoin d'un peu d'aide pour ne pas péter un plomb »
Il arpenta trois fois le couloir. Les Trolls de la tapisserie le suivaient en dansant lourdement.
La porte était là, à son troisième passage. Il l'ouvrit sans attendre et s'engouffra dans l'immense salle où était stockée l'imposante armoire.

La monstrueuse armoire. Ç'avait été son coup de génie, et maintenant c'était son fardeau. Plus le temps passait, plus il se disait qu'il ne pouvait plus se permettre de trouver une autre solution. Il espérait que la réponse à ses questions serait là d'un instant à l'autre. Et ça faisait presque deux mois qu'il attendait de passer à cet autre instant où il serait enfin soulagé de ce poids.

« Restar » lança-t-il en pointant sa baguette sur l'armoire. Celle-ci eut un léger tressautement. Rien n'avait changé, même si à la réflexion, la peinture avait l'air plus neuve.
« Appare felur » dit-il avec conviction en tournant sa baguette deux fois.
Une aura verte étincela autour de l'armoire. Une grande fissure barrait le halo de lumière.

Drago avait passé beaucoup de temps à élaborer le dernier sortilège qui devait redonner à l’armoire ses propriétés d'antan. L'enchantement avait l'air trop superficiel pour restaurer autre chose que les qualités esthétiques de l'objet. Il avait pourtant passé tout le mois de septembre à le mettre au point et il l’affinait encore et encore sans parvenir à un résultat convenable depuis une semaine.

« Il va me tuer si tu ne marches pas, imbécile » murmura-t-il. Il tenta deux autres restar, sans succès. La journée avait été longue, avec un cours de potions à mourir d’ennui en prime. Il n'avait qu'une envie, retourner dans la salle commune, penser deux secondes à autre chose qu'à la mission que le Seigneur des Ténèbres lui avait confiée. Mais c'était un maître exigent. Quand il vous donnait une mission, elle habitait vos pensées chaque seconde de votre vie jusqu'à ce que l'on entende par la voix du maître qu'on avait été un bon et loyal serviteur. Si Drago avait été un de ces minables qui faisaient honte à la maison de Serpentard, il aurait tenté d'oublier ses ennuis en se réfugiant dans le sortilège d’allégresse. Certains abrutis de sixième année commençaient déjà à en user aussitôt qu'ils avaient eu le premier cours sur le sujet. Drago pensa à leur air ahuri quand ils déambulaient dans les dortoirs, sous l'emprise du sortilège.

Il n'y avait plus rien à faire. Il tourna les talons, mais quelque chose qu'il n'avait pas remarqué à son arrivée attira son attention. Il avait vu un léger éclat du coin de l’œil. Il se retourna et vit un petit miroir rond. Le dos et les bords étaient recouverts de cuir rouge. Drago regarda attentivement le miroir. Ce n'était pas son reflet qui apparaissait. Il fallait s'en douter. Encore un objet tarabiscoté sans aucune utilité tant qu'on ne savait pas ce que son inventeur avait en tête le jour où il l'avait enchanté. Seulement cet objet était dans la salle qu'il avait désirée. Et si quelqu'un avait désiré trouver l'armoire aussi ? Il fourra l'objet dans sa poche, il le montrerait à Rogue. Il quitta la salle d'un pas précipité, des bruits de pas lui parvinrent de l'autre coté du couloir, il avait eu de la chance cette fois-ci.



Drago tendit le miroir à son professeur.
-Avez vous un moyen de me dire qui a déposé cet objet près de l'armoire ? demanda-t-il tandis que Severus tournait l'objet entre ses doigts et l'observait sous toutes ses coutures.

Il murmura une formule en agitant sa baguette. Le miroir se dédoubla en deux spectres de même taille tournant l'un autour de l'autre. De sa voix froide et monocorde le professeur dit :
-C'est un genre de miroir à double sens très primaire. Voyez-vous les plus sophistiqués permettent de contacter n'importe quel sorcier qui possède un exemplaire similaire si on prononce son nom. Celui-ci n'a qu'un seul double et semble dépersonnalisé.

-N'importe quel propriétaire, même temporaire peut s'en servir, conclut Drago.

-Je ne peux vous dire cependant qui l'a déposé. Avez-vous réellement souhaité une salle où personne d'autre que vous ne pourrait venir ?

-Bien évidemment, répondit Drago dans une moue boudeuse.

-Je n'ai pas d'explication. Il arrive que des objets qu'on avait souhaité sans s'en rendre compte, ou sans savoir qu'ils puissent répondre à notre demande, se trouvent derrière la porte. Quoi qu'il en soit, il n'est pas dangereux.

Rogue rendit le miroir à Drago.
-Avez-vous besoin d'aide, Malefoy ?

-Non, tout va bien professeur. Tout sera prêt à temps. Merci pour vos précieux conseils.

Drago quitta le bureau du professeur de défenses contre les forces du mal. Il n'était pas plus avancé.



Trois semaines se passèrent, sans que la moindre amélioration ne se produise. Et les cauchemars arrivèrent. C'était peu ou prou le même scénario qui se répétait encore et encore : un maître mécontent, un père déçu, une mère torturée. La fin variait dans la personne qui endurait la punition. Cette nuit, c'était lui qui s'était pris un endoloris, il s'était réveillé en sueur.
« Tu fais quoi maintenant ? » avait-il murmuré en s’asseyant sur son lit. Une voix lui répondit. « Qui est là ? »

Drago se jeta sur sa commode. Ça venait clairement du miroir. Il fallait absolument que la personne qui possédait le double ne le voit pas. Il posa sa main sur l'objet. Il entendit la formule de l'enchantement qui révélait la présence de personnes cachées. Il réfléchissait très vite. Si une personne avait déposé le miroir dans la salle sur demande, cela signifiait qu'il pouvait être démasqué. Mais en même temps, il saurait mieux quoi faire si il connaissait l'identité de cette personne. Il pourrait mentir en prétendant avoir trouvé le miroir dans le couloir en feignant de ne pas connaître la salle sur demande. Après tout son fonctionnement était assez étrange. Quelqu'un d'autre aurait pu sortir l'objet, le perdre, l'abandonner, ou la salle pouvait elle-même s'en être débarrassée. Faire le mort ne lui apporterait rien.

Il s'approcha du miroir et se décida à parler tout en maintenant sa main dessus pour qu'on ne puisse pas le voir :

-C'est le miroir, je suis désolé de vous avoir réveillé, je ne pensais pas que ce miroir permettrait de communiquer avec quelqu'un d'autre, je ne l'aurais pas laissé traîner à portée de voix sinon.

Une réponse se fit immédiatement :

-Ne vous excusez pas, vous ne m'avez pas vraiment réveillée. Je n'arrive pas à dormir de toute façon.
C'était une voix de fille.

-Bien, ben moi non plus, alors nous sommes dans la même situation. C'est curieux ce miroir, quand même. Où l'avez-vous trouvé ?

-Heu... Je l'ai acheté.

-Vraiment ? Dans quelle boutique ?

-À Dervish et Bang. Le vendeur m'avait dit qu'il avait perdu son jumeau, j'ai pas compris tout de suite qu'il ne me servirait même pas comme miroir. Mais vu le prix que je l'ai payé, c'est pas très grave, répondit la jeune fille.

-Vous étudiez à Poudlard ? répondit Drago en reconnaissant le nom de la boutique de Pré-au-lard.

-Oui ? Pourquoi ? fit une voix un peu étonnée.

-Moi aussi ! Je suis en sixième année ! répondit Drago en se disant qu'une discussion agréable permettrait peut être d'obtenir des informations plus facilement . Et vous ? Comment vous appelez-vous ? Nous nous connaissons peut-être !

Il y eu un silence gêné de l'autre côté.

-Écoutez, je n'ai pas l'intention de vous dire qui je suis. Une amie a eu une très mauvaise expérience en se livrant à ce qu'elle croyait être un objet enchanté sans personnalité, un genre de journal dans lequel on pouvait écrire et qui répondait. Je ne voudrais pas avoir l'air suspicieuse, mais je ne tiens pas à faire la même expérience, finit par répondre le miroir.

Drago pesta intérieurement. Comment pouvait-il obtenir plus de son interlocutrice ? Il eut rapidement une idée.

-Écoutez, je ne suis peut-être que la voix d'un sortilège, mais admettez que je ne le sois pas. Alors pour moi, peut-être que VOUS êtes la voix d'un sortilège. Bonne nuit.

-Attendez, je n'arrive pas à dormir, je ne peux pas allumer la moindre lumière pour lire sans réveiller tout le dortoir, alors si je ne donne pas mon nom ou d'autres détails comme celui-ci, je veux bien continuer à parler avec vous. Faites pareil. Si je ne suis pas une élève de Poudlard mais un genre de sortilège, vous ne perdez rien non plus.

Sur cet accord, ils discutèrent une bonne heure sans que Drago ne parvienne à identifier le propriétaire du miroir. Peut-être disait-elle la vérité. La personne qui avait déposé le petit cercle de verre et de cuir était quelqu'un d'autre. Il finit par bâiller et proposer d'une voix traînante de mettre fin à la conversation. Il prit soin de retourner le miroir avant de se coucher.



Drago était avachi dans la salle des Serpentard. Il commençait à envisager la possibilité que personne n'ait jamais pénétré dans la salle sur demande. La petite idiote de l'autre coté du miroir n'avait pas l'air plus au courant que ça. Elle ne présentait pas de menace pour la mission, tout du moins en apparence. Drago avait l'air préoccupé, les sourcils froncés, regardant fixement devant lui en pianotant sur l'accoudoir de son fauteuil. Pansy entra dans la salle. Elle l'aperçut et se dirigea immédiatement vers lui.

-Écoute Drago, ça fait des semaines que tu t'isoles, tu ne manges plus avec nous, tu as toujours quelque chose à faire, dit-elle en posant sa main sur son épaule.

-Merci Pansy pour ta sollicitude, je vais bien, il n'y a pas de problème.
Elle ouvrit la bouche, s’apprêtant à dire quelque chose, mais se ravisa. Elle tourna les talons, mais s'arrêta avant de franchir la porte.

-Drago, tu peux tout me dire, je te l'ai déjà dit, et je te le dis encore.
Il hocha la tête en grognant un « bien sûr, pas de problème ». Il ferma les yeux, quand il les rouvrit, Pansy avait franchi la porte.

Cette année elle était plutôt tactile avec lui. Bien sûr, ce n'était pas désagréable, mais il se demandait si il se retrouverait pas un jour coincé dans un couloir, avec un silence embarrassant, devant Pansy fermant les yeux tout en s'approchant, lèvres tendues. Il la connaissait depuis longtemps, elle était plutôt mignonne dans son genre, assez intelligente et plutôt raffinée bien qu'un peu brutale et autoritaire quand elle le voulait. Une vraie Sang Pur. Aussi n'avait-il aucune envie de lui laisser croire qu'il pourrait y avoir quoi que ce soit entre eux, c'était une bonne amie, point. Il repensait à ce que lui avait dit son père le premier jour à Poudlard : « Fuis les filles comme la peste. Le libertinage est une honte pour ceux qui s'y abaissent, en outre si tu veux réussir, il faut rester concentré sur tes études. » À douze ans ça lui était complètement passé au dessus de la tête. Mais il regardait aujourd'hui avec dédain les autres élèves vivre au rythme des histoires de cœur plus grotesques les unes que les autres. Même le grand Potter n'était pas capable de se dominer. Il était lamentable.

Pansy repassa la tête par la porte

-Au fait, j'étais venue te voir pour ça au début mais j'ai complètement oublié de te le dire : On va à Pré-au-lard, ça t’intéresse ?

-Sans façon.

-OK, je te laisse alors, répondit-elle en prenant un air détaché.

Des première année passèrent en chahutant. « Vous allez la fermer les nains, y en a qui ont envie de se reposer ici » cria Drago à leur intention. Il essayait de se concentrer sur la façon dont il pourrait parvenir à réparer l'armoire. Il avait déjà dû créer cinq sortilèges différents, aucun n'avait marché. Ni celui censé faire rajeunir -qui au lieu de rendre le meuble à son bon état de marche précédent l'avait changé en arbre- ni celui qui ne l'avait réparée que physiquement, ni tous les autres d'ailleurs. Il était dans une impasse.

Le Seigneur des Ténèbres voulait des résultats. Il lui fallait trouver un moyen d'avancer. Il pouvait se consacrer à sa deuxième mission pendant un temps, au moins pour sortir de l'enlisement dans lequel il se trouvait. Il avait en sa possession un collier d'opale ensorcelé. Il lui fallait trouver quelqu'un qui livrerait le collier à sa place. Finalement, il aurait peut être plus de chance de coincer un élève à Pré-au-lard. Il se rendit au dortoir des garçons et après s'être assuré qu'il était seul, chercha l'objet en question. Il le prit précautionneusement en prenant soin de ne pas le toucher directement. Le petit miroir était toujours posé face cachée sur la commode. Il s'en saisit et demanda « t'es là ? ». Aucune réponse. Il avait envie de parler à cette personne qui ne le connaissait pas. Même si l'ignorance parfaite de son interlocutrice lui avait donné un sentiment de supériorité, il gardait un bon souvenir de la nuit où il avait discuté pendant une bonne heure. Tant pis. Il s'habilla et partit.

Il neigeait dehors, il releva son col mais le froid le transperçait quand même. L’hiver était arrivé un peu vite cette année. On n’avait même pas fini le mois d’octobre et déjà la campagne avait blanchi en une nuit. Il pressa le pas, espérant pouvoir rattraper ses amis. 



Chapitre : Discussions méthaphysiques, écrit le 04/08/2011
« Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? » rugit Drago en donnant un coup de poing dans le mur. Il avait tout fait comme il fallait, trouvé tous les intermédiaires pour éviter qu'on ne l'identifie. Un imperium à Rosmerta, pour qu'elle place à son tour Bell sous imperium, pour qu'elle livre le paquet au directeur. C'était idéale : une Gryffondor, toute dévouée au Potter. Personne ne s'en serait méfié. Et cette petite crétine était peut être morte maintenant. Le miroir était là. Il n'y avait aucune chance que quelqu'un ne réponde mais il tenta quand même. « Hé le sortilège, t'es là ? » Il entendit la réponse « Tu veux dire LA sortilège ? »

-Excuses moi, La sortilège, rectifia-t-il.
Si elle savait ce qu'il venait de faire, elle ne serait pas aussi légère.
-Alors moins d'insomnie ? Dit-elle.
-Allez, moques-toi, tout le monde sait que les sortilèges ne dorment jamais.
-Si je suis un sortilège, il va falloir que j'obtienne plus d'informations sur toi afin de pouvoir ronger ton âme et t'affaiblir jusqu'au trépas, répondit la jeune fille en prenant une voix faussement conspiratrice. Tiens commençons par la maison. Laisses-moi deviner... Serdaigle !
-Raté, mais je ne te donnerai pas le nom de ma maison.
« et puis quoi encore ? La première lettre de mon nom de famille, la couleur de mes yeux et ma pointure de chapeau ? » pensa Drago.
-Bien, parlons Quidditch, tu finiras bien par te trahir, proposa-t-elle.
-Pitié, non, j'en peux plus du Quidditch, on me prend tout le temps la tête avec ce jeux et crois moi, j'ai autre chose à faire en ce moment.
-Tiens, je ne pensais pas qu'un garçon puisse se désintéresser de la compétition après la victoire spectaculaire des Poufsouffle à la rencontre amicale de samedi dernier. Tout le monde en parle autour de moi, mes amis n'ont que ce mot à la bouche quand on est ensemble pour se divertir. À croire qu'il y a que trois sujets dans la vie : les sujets sérieux, les cours et le Quidditch. Bien sur là ils parlent de Bell, parce que c'est vraiment terrifiant ce qui lui est arrivé, mais je suis sure que dans une heure quand on passera à table ils s'y remettront avec le vif d'or, les souaffles, les balais, le batteur des Serdaigles qui s'est mystérieusement couvert de boutons oranges juste avant le match...
-Bon, ben je vois qu'on va pas parler de sport, conclue Drago.
-Oui, et s'il te plaît, ne parlons pas de Bell, j'en suis malade rien que d'y penser. Ça fait une heure qu'on retourne la situation dans tous les sens. J'ai plus envie de penser à ce qui lui est arrivé.
-OK, pas de souci, répondit Drago d'un ton neutre.
Il avait une boule dans le ventre, la gorge serrée. Oui, tout sauf reparler de ça.

-Bon, j'imagine que tu as pas envie qu'on parle non plus des sortilèges nécromantiques du XII ème siècle en écosse. Je me suis faite jetée quand j'en ai parlé au dernier repas...
-Oui, non mais en fait ça me convient, ça m'évitera de penser au malade qui voulait tuer Bell.
« Oui, ça m'évitera de penser à moi » pensa Drago qui se tenait la tête, assis au bord de son lit.
-Et puis j'arriverai à dire quelque chose d’intéressant, parce que j'avais du faire une mini recherche sur le XII ème en écosse l'année dernière en cours d'histoire de la magie, alors je dois avoir les grandes lignes des découvertes de cette époque.
-Moi ce qui m'avait stupéfaite c'est le rapport animé/inanimé qui a été fait. C'est vraiment un tournant. Bon, la nécromancie c'est pas mon trip, on est d'accord, mais imagine l'impact que ça a eu sur les sortilèges dans les siècles qui ont suivi.
-Non, mais attends, la nécromancie c'est quand même ce qui a sauvé la quatrième dynastie de la spoliation de nos terres en 1478 je te rappelle. Faut arrêter de toujours oublier pourquoi on est là, réagit Drago, je veux pas dire qu'il faut déterrer les morts pour un rien mais quand même.
Il se demanda un instant s'il n'était pas en train de parler à une sorcière pétrie de bons sentiments, méprisant tout ce qui approchait de près ou de loin la magie noire, parce que « c'est maaal ».
-Oui, d'accord, mais c'est aussi ce qui a permis de tuer tout un village aux débuts de tu-sais-qui. Ça ressemble beaucoup à de la magie noire quand même, répondit son interlocutrice, lui confirment son a priori.
-Et alors, premièrement personne n'a jamais démontré qu'on avait nécessairement besoin de sacrifier un humain pour réveiller une armée. C'est uniquement le cas pour les sorts les plus puissants. Deuxièmement l'utilisation par tu-sais-qui n'est pas un critère suffisant pour dire qu'un sort est mauvais. Que je sache tout le monde continue à se brosser les dents. Quelqu'un est allé vérifier si celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom ne se les brosses pas lui même ?
-Ton argument est valable. Mais la nécromancie, même utilisée à des fins louables, ça m'a toujours fait froid dans le dos.
-Après c'est vraie que pour ce qui est de la révolution du XIIe siècle, ça a du être le début des sorts d'animation inclusives... Mais non, attends... L'espus donae est inclusif, et il a été créé bien avant le douzième puisqu'on en trouve trace pour la bataille de Perfson.
-Oui, tu as raison, j'y avais pas pensé. Sauf que l'espus donae est aussi permissif par sa structure.

Le débat continua, éloignant Drago des pensées qui le tourmentaient.

Drago s'était rendu dans le bureau de son professeur de défense contre les forces du mal. Ce bureau était plus un cachot encombré par les ouvrages de l'enseignant, qu'un coin cosy et douillet. Par peur que ses hiboux ne soient interceptés, Drago ne communiquait avec les autres mangemorts que par le biais des cheminées. Avoir un professeur comme allié au sein même de l'école était d'une valeur inestimable pour ce genre de commodités. Il était à l'heure pour le rendez-vous hebdomadaire avec ses parents. Quelque chose crépita dans l’âtre. La tête de sa mère apparue au milieu des flammèches. Elle avait l'air fatiguée et inquiète.
-Drago, nous avons eu vent d'un attentat raté à Poudlard. S'il te plaît, dis moi que ce n'est pas toi.
Son fils baissa la tête.
-Mère, c'est moi. Ça n'aurait pas du échouer.
-Le Seigneur des ténèbres en a été informé. Il souhaite te voir au plus vite pour que tu lui fasse rapport des deux missions qu'il t'a confié. Cet échec ne l'a pas réjouit. Maintenant que l’administration suspecte une infiltration au sein de l'école elle se méfiera, lui expliqua Narcissa
-Je n'utiliserai plus d'élève si cela peut brouiller leur piste, dit Drago en guise de réponse.
-Et ton autre mission, avance-t-elle bien ?
-De jours en jours. J'espère pouvoir bientôt vous dire que tout est prêt, mentit Drago.
Cette fausse bonne nouvelle n'enleva pas l'expression inquiète que sa mère affichait. Ses traits étaient contractés, une ride barrait son beau front.
-Drago, je sais que c'est dur, mais ça en vaut la peine. Je suis sure que le maître saura voir le talent qui est en toi et que tu feras honneur à notre famille.
La communication se termina là. Il ne souhaitait pas particulièrement parler à son père. Lui qui d'ordinaire pouvait se montrer si dur quand son fils le décevait, avait maintenant perdu sa rigueur. Drago n'avait pas besoin de l'expression compatissante et perdue de son père. Il préférait encore l'époque où son père se montrait implacable.

Le professeur McGonagall ferma sèchement son livre et dit :
« Bien, pour la prochaine fois chacun de vous devra confectionner un sort fusionnant deux sortilèges ménagers. Je veux l'explication détaillée et argumentée sur un parchemin de une à deux pages. Et mademoiselle Patil vous me ferez le plaisir de faire ce devoir cette fois-ci. Il va sans dire que pour un troisième devoir non fait, vous écoperez d'une retenue. »
L'enseignante remis un chapeau en tweed sur sa tête et attendit devant la porte que tous les élèves soient sortis pour fermer et partir à son tour.
-Tiens, Mc Gonagall part bien vite, tu crois qu'elle a un rendez vous ? Demanda Ron en riant.
-Avec qui ? Bon, elle est pas mal, surtout ses beaux yeux si affectueux, mais je ne vois pas qui pourrait lui courir après, s'esclaffa Harry.
-Vous avez fini ? Demanda Hermione excédée.
-Quoi ? Tu sais quelque chose sur le rencart de Mc ? La taquina Ron.
-Non, j'en sais rien, elle était tendue aujourd'hui, mais tout comme le cours précédent et le cours d'avant encore. Et ça fait trois fois que tu nous refais le « Mc a un copaiiin », dit Hermione en imitant le ton d'ado débile que Ron prenait pour sortir ses blagues.
-Bon, OK, elle a pas de copain, ça paraît évident, mais c'est ça qui est drôle comme idée. Tiens je m'en servirai si je viens à recroiser un épouvatard. Par contre pour un éventuel Patronus, je penserais plutôt à notre jeune et élégante professeur de gnomique.
-ça c'est pas un souvenir heureux, c'est dans tes rêves Ron, rectifia Harry.
-Non non, c'est bien un souvenir heureux, le jour où elle avait cette petite jupe tout à fait charmante.
Hermione leva les yeux au ciel. Qu'on soit jeune ou vieille, être professeur suscitait tout sauf le respect des élèves.

Ils étaient arrivés devant la bibliothèque.
-Désolé, j'ai un rendez vous avec Dumbledore là, on se revoit pour le repas, dit Harry.
-Bien, on te gardera une place si tu arrives en retard, répondit Hermione.
Elle et Ron entrèrent dans la bibliothèque. Presque toutes les tables étaient prises. Il en restait une dernière, trop proche de la bibliothécaire pour que quiconque ne s'y asseye. Ils se résignèrent et prirent place.
-Hey, Hermione, regarde, voilà mon souvenir heureux qui arrive, chuchota Ron.
La jeune professeur de gnomique venait effectivement de rentrer. Hermione referma le livre qu'elle venait d'ouvrir.
-En fait j'avais fini tous les devoirs de la semaine hier. Je te laisse commencer les tiens. À tout à l'heure, dit-t-elle d'un air pincé.
-Allez, fait pas cette tête. Je te jure que je vais renouveler mon stock de blague à deux Galions.
La bibliothécaire lança à Ron un « CHHHUUUT » doublé d'un regard qui aurait remis une Gorgone à sa place.

Hermione regagna le dortoir des filles. Elle s'ennuyait mais n'avait pas envie de retourner à la bibliothèque. Elle attrapa son manuel de sortilège. Elle avait fini de lire le tome I et se disait que le tome II devait certainement posséder des pages qu'elle n'avait pas encore parcourues. Cela l'étonnait toujours de voir à quel point une partie infime de ces manuels scolaires étaient employés en cours. Malheureusement pour celui-ci elle avait déjà presque tout lu ou au moins survolé. Elle savait qu'à cette heure-ci, le propriétaire de l'autre miroir n'était habituellement pas là mais elle tenta malgré tout. Le silence lui répondit. Depuis quelques semaines, le petit miroir qu'elle avait acheté à Pré-au-lard lui faisait la conversation. Elle avait préféré être prudente et refusait de révéler la moindre donnée sur son identité, même si elle essayait de savoir qui était de l'autre coté. Elle avait deux indices : ce n'était pas un serdaigle, et il avait une culture assez pointue pour discuter de tous les sujets qui rebutaient Harry et Ron. C'était agréable de ne pas avoir à s'excuser d'être instruite. Elle aurait simplement eu envie de retrouver ces mêmes qualités chez ses amis. En pensant à cela elle se rendit compte à quel point l'attitude de Ron la touchait pour qu'elle noircisse autant le tableau. Non, Harry et Ron étaient des amis précieux. Ils étaient juste insupportables en ce moment.

Drago était excédé. Cette stupide Bell pour commencer. Dumbledore aurait du être mort et au lieux de cela le seigneur des ténèbres lui demandait de se présenter pour faire le point. Il était partagé entre la haine contre cette petite idiote, l'angoisse de revoir son maître sans résultat valable et la culpabilité qu'il éprouvait en revoyant soir après soir Bell suspendue en l'air, la bouche béante. Les escaliers l'avaient amené bien malgré lui au troisième étage, loin de la salle commune des Serpentards qui était quant à elle quatre étages plus bas.

Drago marchait à grandes enjambées, tentant de trouver un chemin plus favorable quand il heurta Pansy.
-Tiens, ça fait plaisir de te voir en dehors des cours.
-Désolé Pansy, j'ai pas le temps. Je dois finir mon devoir d'Aritmentie.
-Qu'est ce que tu fais au troisième alors ? Demanda Pansy surprise.
-Je m'amuse à me faire trimbaler par ces andouilles d'escaliers. T'as d'autres questions ? Répliqua Drago.
-Bon, j'imagine que tu seras de meilleure humeur au repas, on te garde une place ? Répondit Pansy en essayant de ne pas montrer la peine que lui faisait Drago.
-Non, j'ai pas faim ce soir. Laisses tomber. Écoutes je suis désolé, tu tombe juste au mauvais moment.
-Oui, les escaliers c'est la plaie. Sure que c'est Goldrique Griffondor qui s'est dit que ce serait vachement marrant, ou cette arriérée de Poufsouffle.
-Oui, les escaliers c'est ça. Allez à plus Pansy.

Il aurait rêvé de n'avoir que des problèmes d'escaliers dans sa vie. C’eût été tellement plus simple. Pansy était cool, mais là il ne pouvait pas passer deux jours sans être désagréable avec elle. Il commençait à s'isoler de ses amis qu'il ne fréquentait plus que rarement. Il finit par trouver un escalier bien disposé, pas trop ronchon et réussit à descendre les étages qu'il avait monté sans le vouloir. Le dortoir était désert. Il sortit ses affaire d'Arithmentie. On était au mois de novembre et il avait des notes vraiment médiocres. Ce n'était pas le plus important à ses yeux, mais il ne supportait plus l'accumulation d'échecs dans sa vie.  


Chapitre : La partie de cache-cache, écrit le 04/08/2011
Drago regarda le miroir. Il ne parlait jamais avec son sortilège féminin préféré d'habitude à cette heure-ci. Après tout il n'y avait aucune chance qu'elle soit là. À cette heure tout le monde était soi à la bibliothèque, soi dans les salles communes pour faire leurs devoirs, soit en train de perdre du temps à ne rien faire dans les couloirs ou dans le parc. Il prit ses affaires et souleva le miroir au cas où, sans vraiment y croire, s’apprêtant à le reposer et filer avec son bouquin et ses parchemins.
-Ding dong ! Dit-il, l'équivalent Moldu de « toc toc » Il trouvait cette expression aussi ridicule que le peuple qui la prononçait. Il avait toujours trouvé que ça avait un effet très comique dans une discussion.

Hermione sursauta. Elle avait reposé le miroir depuis cinq bonnes minutes. Et voilà que son correspondant se manifestait.
-Hey ! Salut. Je pensais pas te parler ce soir.
-Bien c'est une chance qu'on se soit croisé. Alors la journée fût-elle bonne ?
-épouvantables. J'ai deux débiles en guise d'ami. Dis moi toi qui est un garçon, à quel âge on devient mature ?
-Je ne sais pas, je suis né avec une moustache et des poils sous les bras. J'ai toujours été mature, répondit Drago le plus sérieusement du monde.
-Bon, il va me falloir trouver la réponse seule. Je vais continuer d'être prise pour une extra-terrestre. Pas de problème, j'ai l'habitude.
-On pourrait fonder un club. On s'appellerait « les seigneurs de poudlard, entrée interdit aux mineurs mentaux. Carte d'identité mentale demandée à l'entrée »
-Les Seigneurs de Poudlard, rien que ça. Tu trouve pas que c'est un peu trop prétentieux ?
-Allez, arrête ta fausse modestie. Tu vois bien qu'on est différents. Bien sur je dis ça en rigolant, mais il faut être objectif. Toi et moi, on a pas les mêmes préoccupations que les autres. C'est pas arrogant, c'est réaliste. Si tu aime pas les « Seigneurs de Poudlard » que penses-tu des « Penseurs de Poudlard ».
-Ça me convient déjà mieux.
Oui, il n'avait pas tord : il fallait reconnaître la vérité. Elle était différente, plus studieuse, plus intelligente, plus douée. Elle avait un sourire jusqu'aux oreilles de s'entendre dire ça. Une chance que ce miroir soit extrêmement primitif, elle n'avait jamais vu quoi que ce soit dedans.
-Je suis désolé, mais je dois bosser mon arithmentie. Et si je reste à parler avec toi, je sais que j'arriverai jamais à me concentrer.
-Je te trouble à ce point ? Répondit Hermione à qui le compliment caché de « nous sommes l'élite » donnait des ailes.
-Haha, explosa Drago, oui clairement, tu m'obsède nuit et jour, continua-t-il. Allez, je vous laisse noble dame.
Drago reposa le miroir. Il souriait. Cette fille lui plaisait. Il l'imaginait grande, blonde, le maintient altier. Elle aimait la littérature, était fine et avait une voix fluette. Elle avait du caractère et de la personnalité. Et quand il discutait avec elle, il se trouvait fin et spirituel. En quelque sorte, se dit-il, avec elle il était lui-même, pas cette ombre défaite et vaincue. Il partit emportant ses cours avec lui.

Drago avait besoin de s'aérer les pensées. Il était parti dans le parc. Cela faisait plus d'une semaine qu'ils se donnaient rendez-vous tous les soirs avec la fille du miroir. Il ne parlait jamais de sa vie personnelle. Elle avait montré une claire aversion pour la magie noire. Pourtant elle était si brillante, c'était une pitié de se dire qu'elle ne toucherait pas à la magie la plus puissante qui soit. La nuit était presque tombée, mais les élèves avaient encore le droit d'être dehors. Tous les arbres du parc étaient couverts de neige et de glace, l’hiver s’était franchement installé alors que le mois de novembre n’était même pas commencé. Le saule cogneur seul avait su rester entièrement nu. Il se secouait frénétiquement bien qu'il n'ait personne à frapper.
Au fil des conversations, Drago avait commencé à se faire une image des amis de celle avec qui il discutait. Et pour tout dire il ne les appréciait pas du tout. C'était deux adolescents attardés. L'un d'eux en particulier pour qui elle avait le béguin. Ça l'agaçait d'ailleurs prodigieusement. Heureusement ce sombre abruti continuait de se montrer insensible et stupide. Il avait même le culot de réagir négativement pour un flirt qu'elle avait eu dans le passé. Un type qui n'était même pas de l'école avait même rajouté la jeune fille. « Tu sais, il vaut mieux être seul que mal accompagné » avait un jour dit Drago. Elle avait répondu qu'il avait une fausse image de ses amis, qu'elle ne lui en parlait que pour s'en plaindre, mais qu'en réalité ils étaient vraiment cool. Drago en y pensant se dit qu'elle ne faisait pas le bon choix pour ses fréquentations. Il faisait froid et le vent soufflait. Mais il préférait être là malgré tout.

« Bonjour » fît le miroir dans sa poche.

-Salut miss, répondit-il en sortant le miroir de sa poche mais en le gardant face contre terre.
-Tu es dehors ? J'entends du vent, demanda Hermione.
-Bien deviné. J'en avait marre d'être à l'intérieur. J'avais pas de cours cet après midi et je l'ai passé à essayer de réparer un objet dont la magie a été brisée, dit-il.
-Quel genre d'objet ?
-Un genre de... coffre qui permet de transporter des trucs d'un endroit à l'autre.
-Un porte-au-loin ?
-Non, c'est le même principe, mais au lieux de le toucher pour être transporter, on doit être dedans.
-Tu veux dire qu'on pourrait rentrer et sortir de l'école avec ? Demanda Hermione.
-Non pas du tout.
Drago paniquait tout d'un coup. Il ne devait pas parler de ce qu'il faisait.
-Attends, pourquoi on pourrait pas ?
-Parce que... c'est trop petit, oui c'est un tout petit coffre. On ne peut faire transiter que des petits objets, mentit Drago. Et puis de toute façon il ne marche pas, j'ai pas réussi à le réparer.
-Tu as pensé à un dérivé de Accio et Reparo. Tu pourrais attirer le sort hors de l'objet, le réparer et le remettre dedans. J'avais déjà dû réparer une horloge parlante qui déraillait. Tant que le sort est dedans tu peux pas le réparer.
Drago était vexé qu'elle ait ce genre d'idée sans même savoir de quoi il en retournait.
-Déjà essayé, ça marche pas.
Il n'avait en réalité jamais essayé ce genre de combinaison. Mais il n'avait plus envie de parler de l'armoire qui lui volait ses jours et ses nuits.
-ça doit être un objet vraiment ancien, ou un sort très compliqué. Si tu me le montre on pourrait peut être essayer tous les deux, mais sans plus d'informations je ne peux pas t'aider. Mais je suis bête, c'est vrai que je parle à un sortilège, comment pourrions nous rencontrer, dit Hermione en s'esclaffant.
Le sortilège c'était devenu leur petite private joke.
-J'ai envie de te voir. De savoir qui tu es. Je passe mes journée à dévisager les filles en me demandant si tu es l'une d'entre elles. Je ne sais même pas en quelle année tu es. On dirait que tu as fait tout le programme jusqu'à la septième année.
Drago ne mentait pas, il n'avait aucune idée de qui était son interlocutrice.
-Je ne sais pas si j'ai envie que ça arrive, dit Hermione. Tu sais, là on discute simplement, j'ai peur que si on se voit... Ce ne soit pas pareil.
-Allez, juste une fois que je mette un visage sur ta jolie voix. Supplia Drago.
Hermione était gênée et flattée. Il la draguait presque ouvertement maintenant.
-Laisse tomber, je sais comment ça va se passer. Il va y avoir un long silence gêné, tu vas te rendre compte que je suis quelqu'un d’extrêmement banal et inintéressant. Et j'aurai perdu la seule personne qui m'écoute parler sans m'interrompre en baillant. Non, vraiment, ça compte pour moi.
-Demain, après le dernier cours, devant le lac, sous le chêne, enchaîna très vite Drago.
-Non, mais attends...
Il avait rangé le miroir. Même le bruit du vent avait cessé.
« Qu'est ce que tu fais Drago, fuis les filles comme la peste mon fils, fuis les filles comme la peste ! » se répéta Drago à la fois excité et paniqué par le fait que peut être demain il la verrait enfin.

Hermione avait fini les cours un peu plus tôt. Elle avait été assez distraite le journée durant. Harry et Ron ne parlaient que du match de Quidditch qui arrivait à grand pas. Y aller, ou ne pas y aller ? C'était culotté de lui faire ce genre de chantage : Tu ne peux me dire non, mais je ne t'entends déjà plus. Et voilà que la journée était déjà finie. Le professeur d'aritmenthie les avait lâchés plus tôt que prévu. Une sombre histoire de réunion pédagogique exceptionnelle. Elle avait faussé compagnie à ses amis qui ne discutaient plus que de l'angoisse de faillir de Ron. Elle avait pris la décision d'y aller. Ça ne l'engageait à rien. Elle couru déposer ses affaires et chercher un manteaux plus chaud. Elle dévala les escaliers, puis essaya de ralentir son allure beaucoup trop enthousiaste à son goût. Le chemin lui paru incroyablement long. Quelques élèves discutaient oisivement ça et là. Elle voulait éviter la foule qui immanquablement remplirait les couloirs dès six heure. Elle sortit par la grande porte. Un peu plus loin en contre bas, elle aperçu le lac qui avait complètement gelé. Le chêne dont parlait certainement le garçon au miroir devait être le plus gros des arbres, proche du lac et du coté de l'école. Il y avait bien un autre chêne, mais il était franchement malingre et bien trop proche de la forêt interdite. Elle pressa l'allure. La neige était souillée par les pas de centaines d'élèves qui l'avaient piétinée. Elle vit plusieurs bonhommes de neige qui s'agitaient tout en fondant. Ça devait être les premières années qui essayaient la sélection de sort du mois de la Gazette des sorciers. Les mouvements s'apparentaient plus à des rebondissements saccadés qu'à une véritable gestuelle. Il y avait un petit muret et des escaliers qui permettaient de franchir le dénivelé du terrain quand on s'approchait du lac. Elle s'assit dessus pour attendre. Elle avait un peu d'avance. Elle entendit un brouhaha au loin. Les cours venaient certainement de s'achever. Elle scrutait la grande porte, essayant d'apercevoir une silhouette qui se dirigerait vers le chêne. Quelqu'un s'approchait. C'était peut être lui, se dit-elle avant de s'apercevoir que celui qu'elle avait pris pour son ami était en fait Drago Malefoy.
« Scrout à pétard, qu'est ce qu'il vient faire ici ? » se dit Hermione en elle-même. L'idée de se retrouver seule sans témoin dans les parages ne la réjouissait pas tellement. Elle ne soutenait pas comme Harry qu'il fusse un Mangemort, mais sans aller jusque là elle n'avait pas envie de se faire insulter aujourd'hui. Elle sauta du muret et tout en se baissant commença à le longer dans la direction opposée. Elle espérait qu'elle serait suffisamment rapide pour qu'il ne l'aperçoive pas dans cette position ridicule. Tant pis pour son rendez-vous. Elle réussit à s'éloigner assez pour pouvoir marcher à découvert et rejoindre l'école sans être vue. En se retournant elle s’aperçut que Drago s'était arrêté proche du chêne. Non décidément, elle avait bien fait de partir.

Peut être qu'il viendrait avec le miroir se dit-elle en fouillant dans sa commode pour retrouver le sien.
« T'es là ? » Demanda-t-elle. Aucune réponse. Elle savait qu'elle aurait pu tout simplement décider de ne pas céder au gentil chantage de son ami, mais maintenant qu'elle avait accepté, elle trouvait désolant de ne pas pouvoir honorer le rendez-vous. Elle récupéra ses affaires laissés en plan et partit retrouver Ron et Harry dépitée. Avec un peu de chance ils ne s'apercevraient même pas qu'elle s'était absentée.

Drago attendait depuis quelques minutes déjà. Il vit alors approcher ce qui ne pouvait être la fille du miroir pour la bonne et simple raison que c'était Potter. Il semblait chercher quelqu'un. S' il s'approchait suffisamment, il trouverait sinon ce qu'il cherchait, au moins des ennuis. Mais bientôt il repartit sans l'avoir vu.
Drago attendit longtemps. Mais personne d'autre ne vînt.

Harry cherchait Hermione, profitant du détour de Ron pour prendre ses affaires scolaires en vu des devoirs qu'ils avaient prévu de faire. Lavande disait l'avoir vu sortir dans le parc. Comme il n'avait pas spécialement prévu d'aller dehors il n'était que peu couvert et ne passa pas beaucoup de temps à chercher son amie. Elle n'était pas là, enfin pas à portée de vue. À son retour en salle commune, il retrouva Ron et Hermione qui avaient commencé à travailler presque studieusement.
« Il fait un froid de canard dehors » dit il en s'asseyant lui aussi.
Le silence s'était fait dans le dortoir, quelques chuchotements indiquait que tous ne dormaient pas. Hermione entendit un chuchotement qu'elle avait attendu toute la soirée.

-T'étais où ? Je t'ai attendu. Mais à part ce débile qui est venu, il n'y avait personne.
-Quoi t'étais là quand il est arrivé ? J'étais derrière le muret. Je déteste ce type alors je suis partie aussi vite qu'un Hyppogriffe en chasse. Je savais pas que tu étais là.
-Toi aussi tu le hais ? Je le trouve tellement suffisant et prétentieux. Mais tout le monde n'est pas de cet avis.
-Oui, avec son petit air hautain qui semble toujours dire « je vaux mieux que toi »...
Le cœur de Drago bondit dans sa poitrine. « Je t'aime dame au miroir » pensa-t-il. Tout n'était pas perdu, si elle détestait Potter autant que lui, peut être arriverait-il à lui faire changer d'avis sur ce qu'elle qualifiait avec dédain de magie noire.


Chapitre : Regret et déception, écrit le 04/08/2011
-Le mot de passe, demanda la grosse dame.
-Vous êtes en beauté ce soir, dit Hermione en regardant la nouvelle tenue que l'imposante gardienne avait mise.
De minuscules lions gambadaient sur ses épaules. Ses cheveux étaient relevés dans un somptueux chignon où des rubans rouges et jaunes y étaient soigneusement enroulés.
-J'ai mis à contribution quelques tableaux pour soutenir notre équipe pour demain, gloussa la grosse dame. Je ne fais jamais rien, alors que la nature morte des Poufsouffle est toujours plus garnie les veilles de match.
Hermione fronça les sourcils.
-Je compte cinq, six, sept lions ! Avez vous dépeuplé tout le château pour vous parer ainsi ? Dit-elle après avoir compté du doigts les mini-animaux qui ne tenaient pas en place.
-Tu as oublié celui qui se cachait derrière ses cheveux, releva Harry.
-Et celui qui vient de sortir de sa manche, nota Ron, oui vous avez du vider le château de tous ses lions.
-Oh, non, celui du cinquième à coté du portrait d’Almerick Sawbridge est resté chez lui. Il est vraiment trop gros. Je me suis contentées des félins représentés sur les paysages. D'ailleurs celui-ci était limite, dit-elle en désignant le lion à taille de chat qu'elle caressait sur ses genoux.
Sur ces mots elle fit pivoter le tableau.
« On n'a même pas prononcé le mot de passe. Elle est vraiment de bonne humeur ce soir », pensa Hermione. Elle avait passé toute la soirée à essayer de rassurer Ron sur ses capacités en Quidditch avec Harry. Mais elle n'était pas sure qu'il arrive à se déstresser assez pour dormir.
-Je vous laisse les garçons, bonne nuit, dit Hermione en montant au dortoir.
-Attend Hermione, dit Harry en tentant de la suivre.
Mais l'escalier, très à cheval sur les règles de bonnes mœurs de l’école l’empêcha de monter.
« Qu'est ce qu'il est prude celui la » siffla Harry en voyant les marches se gondoler en grondant comme un chien menaçant.

Hermione prit son miroir et se cacha sous sa couverture. Plus personne n'avait le droit de traîner dans les couloirs à cette heure-ci, mais peut être son ami était dans sa salle commune, pensa-t-elle, quand elle entendit la voix familière de son correspondant. Elle était un peu grave, parfois avec des accents traînants, parfois plus rauque quand il s'enflammait dans une démonstration.
-J'ai attendu, et tu as fait du bruit en arrivant. J'ai pensé à quelque chose toute la journée : demain c'est le match de Quidditch, et comme apparemment tu n'es pas une fan inconditionnelle, je me suis dit qu'on pourrait peut être remettre ça pour le rendez-vous raté !
Au son de sa voix Hermione devinait qu'il souriait.
-Je suis désolée, je dois soutenir mes amis. L’un des deux est très anxieux pour le jeu de demain pendant lequel il va jouer.
-Lequel des deux ? Le sans cœur et sans pitié, ou le gamin écervelé ? Se moqua Drago.
-Arrêtes avec ça. Bon c'est le « sans cœur et sans pitié » qui se fait un sang d’encre.
-Bien, n'y va pas, ça le fera enrager, proposa Drago.
-Non vraiment ce n'est pas une bonne idée. Il angoisse comme un fou. Je peux pas lui faire ça. C'est pas que je n'ai pas envie de te voir, ne le prends pas mal, mais je dois vraiment aller à ce match. Et puis j'aime bien le Quidditch, j'en avais juste raz le chaudron là, parce qu'ils en parlaient tout le temps, s'excusa Hermione.
Drago était déçu. Mais d'un autre coté elle avait précisé qu'elle avait envie de le voir aussi. Il se demandait si elle avait dit ça en l’air, ou si elle le pensait vraiment. A ce stade chaque mot qui pouvait induire qu’elle l’appréciait plus qu’un simple ami lui faisait des nœuds au cerveau. Il se demandait au moins trois fois par jour si elle avait dit telle ou telle phrase juste comme ça ou pour insinuer quelque chose. Devant sa paranoïa il riait la plupart du temps et essayait de prendre du recul mais invariablement une idée revenait dans son esprit, tel un épouvantard hantant toujours le même placard. Peut être que… Oui peut être, chuchotait une voix dans son placard de cerveau.
-J'avais quelque chose d'important à te dire, et je pensais te le dire demain, se décida Drago.
-Dis le maintenant, proposa Hermione. C'est une bonne ou une mauvaise nouvelle ?
-Oh, c'est rien de nouveau. C'est juste que ça fait un certain temps que je... commença Drago.
Il se sentait ridicule, il sentait son cœur frapper dans sa poitrine comme un mini saule cogneur. C'était comme à l'approche des rencontres avec Voldemort. Avait-il peur ? Après tout elle l'appréciait mais peut être pas autant que lui.
-J'ai... j'envisage de réessayer ce que tu m'as conseillé pour le coffre, dit Drago en changeant soudain de direction.
-Tu me tiens au courant si ça marche ? Demanda Hermione.
Elle était troublée. Il avait commencé sa phrase comme s'il allait lui annoncer qu'il l'aimait et l'avait finie sur une banalité sans rapport. Mais elle avait attendu la fin de sa phrase avec anxiété. Tout d’un coup elle s’était réveillée : Ce pouvait-il qu’elle ne s’en soit même pas rendue compte ? Qu’elle ait cru en une amitié sincère alors qu’il y avait plus que cela ? Mais elle aimait Ron, elle ne pouvait pas le nier, même s'il était insupportable. Elle ne permettrait pas à ces sentiments ambivalents de s'installer. Elle devait prendre les choses en main.
-Tu sais, pour l'idée de se voir, ça me met très mal à l'aise. Tu sais ce que j'éprouve pour « le sans cœur et sans pitié ». Et pour être franche avec toi, je ne veux pas te laisser penser qu'il pourrait se passer quelque chose entre nous, ce ne serait pas honnête envers toi.
Parler derrière ce miroir c'était comme parler avec un masque. Hermione avait pris sa voix la plus assurée et avait sorti ça sans difficulté. Elle jouait un rôle bien sur, mais il fallait que ça s'arrête. L’angoisse qu’elle avait ressentie en attendant une déclaration qui n’était pas venue n’était pas normale. Elle n’était pas le genre de fille qui se languissait de deux hommes en se demandant pourquoi ils étaient tous les deux aussi beaux et séduisants, très peu pour elle.

Drago reçut cette réponse comme un seau d’eau froide sur la tête. L’honneur était sauf puisqu’il n’avait rien dit. Il pouvait encore faire semblant qu’elle avait mal interprété ses paroles. Qu’importe, elle pouvait penser qu’il l’aimait si ça lui chantait, pensa-t-il. « Elle a raison, je suis stupidement tombé amoureux d’une voix ». Mais l’orgueil reprit le dessus.
-Ne t’inquiètes pas pour moi, j’ai bien compris que ton type d’homme c’est pleurnichard et obsédé par les filles. Je ne m’attendais pas à ce que tu me tombes dans les bras, fanfaronna-t-il.
-Tu y vas un peu fort, il n’est pas obsédé par les filles, juste un peu lourd des fois. C’est pas un coureur non plus, répondit Hermione, piquée au vif par la remarque de Drago.
Il ne l’avait pas non plus complètement repoussée par un « toi et moi ? Mais tu plaisantes fillette ? » Il avait préféré l’humour.

Hermione entendit la voix de Lavande qui l’appelait.
-Hé, y en a qui dorment, à qui tu parles ?
-Je me récite des formules pour le cours de lundi. Désolée, je vais essayer de les dire plus doucement, s’excusa Hermione.
-Tu pourrais même faire mieux, en parlant dans ta tête miss Tinguette. Allez, dort bien !
Hermione avait paniqué à l’idée que quelqu’un découvre son secret. Mais apparemment, l’idée qu’elle puisse à onze heure du soir se répéter les leçons du jour pour s’endormir ne choquait pas Lavande outre mesure. Elle rit en y pensant.
-On vient de me demander de me taire. Et tu sais ce qui est le plus drôle ? Dit Hermione le plus bas qu’elle put.
-Quelqu’un a vu le miroir ?
-Non, mais j’ai dit que j’étais en train de réviser mes cours de lundi. Et elle m’a crue. Elle doit vraiment me prendre pour une cinglée pour trouver ça normal.
-L’intello à encore frappé, dit Drago un sourire en coin.
-Je suis partagée entre mourir de honte et rire franchement de sa bêtise. Elle croit quoi celle la ?
-Pour revenir à demain, tu dis non. C’est définitif ? Et après le match, une fois que tu auras bien soutenu ton andouille ?
-Bien, si on gagne j’imagine qu’on fêtera ça, si on perd il sera en pleine déprime. Mais peut être qu’on est dans la même maison et qu’on fera la fête ensemble sans le savoir.
-Ou qu’on pleurera ensemble à cause de ton abruti de copain, qui aura joué médiocrement tout le match durant... Bon, je te laisse réviser tes formules, je vais quant à moi relire le programme pour m’endormir. Je t’embrasse mon intello.
Drago reposa son miroir. Il avait mal. Il s’imaginait la victoire triomphante de l’autre imbibé d’hormones, et son amie emportée dans la fête. Il se rendrait compte alors à coté de qui il était passé pendant toutes ces années, la saisirait délicatement par la taille et l’embrasserait devant une horde d’étudiants hystériques.
Ne sachant pas dans quelle maison elle était, les couleurs des deux adversaires du lendemain s’alternaient dans ses visions angoissantes. Mais il ressentait toujours la même chose quand il s’imaginait la voix de celle qu’il aimait chuchoter « Enfin ! Moi qui t’aime depuis si longtemps »
Il connaissait sa voix par cœur, il connaissait tous ses accents et ses intonations. Il entendait son petit rire quand elle était amusée. Un rire pudique et agréable, assez distingué mais pas coincé. Il imaginait la bouche qui prononçait tous ces mots et il eu envie de l’embrasser, pas comme ces adolescents libidineux qui se bavent dessus dans les couloirs. Non il avait envie de poser délicatement ses lèvres sur les siennes et de savourer ce contact. Il avait envie de la prendre dans ses bras, poser sa tête sur son épaule et l’entendre chuchoter dans son oreille.
Il s’endormit, partagé entre le sentiment que lui procurait la vision de cette bouche et les souvenirs de sa voix, et la douleur d’imaginer celle qu’il aimait dans les bras d’un autre. Il avait finalement remplacé l’angoisse de décevoir son maitre par la souffrance de ne pas avoir celle qu’il convoitait.
 

Chapitre : César et Belladone, écrit le 04/08/2011
Le match était fini, c’était Gryffondor qui avait gagné. Drago avait un poids dans la poitrine. Quelle que soit la maison où elle se trouvait, la dame de ses pensées était peut être dans les bras d’un des joueurs pour le consoler ou pour célébrer la victoire. Il avait décidé de la nommer à défaut de connaître son véritable nom. Il avait choisi de prendre le nom d’une fleure. Amer, il réfléchissait au premier nom qui lui était venu à l’esprit : Belladone. C’était le nom parfait : La belle dame qui l’empoisonnait un peu plus chaque jour. Perdu dans ses pensés il s’était isolé. Il était monté toujours plus haut et regardait maintenant les étoiles, seul, de la fenêtre d’une tour. Il n’avait d’énergie pour rien. Il avait tenté en vain de réfléchir à la manière dont il pourrait réparer l’armoire. Impossible de se concentrer! Le petit miroir reposait dans sa poche, il le serrait dans sa main. Il espérait qu’elle se manifeste. « Ma Belladone, j’ai été si stupide de m’attacher à toi », pensait-il. Et dans l’immensité de la nuit, le chagrin de Drago s’élevait au dessus de la crasse trivialité de son existence.

Il finit par redescendre se terrer dans les sous-sol de Serpentard. Il était abattu et fût donc surpris d’entendre des pleures lui parvenir du miroir.
« Comment serait-ce possible ? C’est moi qui meurt et c’est toi qui pleure Belladone? » Pensa-t-il.
-J’aurais du t’écouter et te rejoindre après le match. Je le hais, dit Hermione dont la voix tremblait un peu.
-Et j’en aurais été ravi. J’ai gardé le miroir contre moi toute la soirée. Que regrettes-tu ?
Il s’imaginait déjà un élan amoureux de Belladone, repoussé par son ennemi. Il n’avait pas vraiment envie de parler de tentatives d’approche ratées.
-Il est en train de fricoter avec la dernière des crétines. Ils se sont embrassés sous mes yeux.
-Oh, répondit Drago sans savoir quoi dire d’autre.
-Je le hais. On est deux maintenant à voir la personne qu’on aime s’amuser de façon insouciante à nos dépends. Moi, et l’autre de notre petit trio.
-Je sais ce que ça fait, je comprends ta douleur. Je ne sais pas quoi te dire parce qu’il n’y a rien à faire.
-Changeons de conversation. J’ai déjà pleuré toutes les larmes de mon corps sur l’épaule du troisième larron. Je ne voudrais pas te prendre la tête pour une histoire vielle comme le monde. Tom aime Mary, qui aime John, qui aime Diane, qui aime Correy qui lui a décidé de se faire mage guerrier, renonçant par la à toute forme de romance, dit Hermione en pouffant entre deux sanglots.
-Oui en effet, une histoire vieille comme le monde. Tu peux toujours faire comme s’il n’existait pas. S’ il tient un peu à toi il en bavera, et ça aura l’avantage de te changer les idées.
-Compte sur moi pour ne pas lui adresser la parole lui et sa bécasse des Andes.
-Tu vois, qui se ressemble s’assemble. Du coup toi et moi ce serait parfait, dit crânement Drago. On est beaux, intelligents, incompris. On est deux oiseaux de nuit ma Belladone.
-Oui, ben parles pour toi. Je ne sais pas si tu es beau, mais moi je suis assez insignifiante, le genre de visage qu’on oublie aussitôt qu’on la vu. Pourquoi tu m’appelle Belladone ?
-C’est ton nouveau nom, répondit fièrement Drago. Je me suis dit que j’en avais marre de te nommer avec des adjectifs ou des fautes de genre : l’intello, La sortilège et autre. C’est pas très classe pour un membre du club des « Penseurs de Poudlard ».
-Bon, ben il me reste plus qu’à te rebaptiser également. Que penses-tu de César August, ça ira très bien avec ta modestie.
-Ça me va ! Répondit Drago.

Ils discutaient de leur nouveaux noms quand Hermione s’interrompit.
-Mais on est là à parler de s’inventer des noms, alors qu’il y a toutes les chances pour que nous soyons tous les deux biens réels, donc sans danger l'un pour l'autre. Est-ce que tu sais au moins ce que sont ces miroirs, est ce qu’il y en a d’autres ? Où as-tu eu le tiens ? Enchaîna-t-elle.
Drago hésitait à dire la vérité. Il ne pouvait pas parler de la salle à la demande bien entendu, ni de sa mission.
-Je l’ai trouvé.
-ça fait longtemps ? Où était-il ?
-Je l’ai trouvé il y a deux mois à peu près. Il était par terre dans les étages de l’école.
Il ne mentait pas, il omettait juste de dire dans quelle salle précisément se trouvait le miroir.
-Moi j’ai acheté le miens au début de l’année, à Pré-au-lard comme je te l’avais dis. Tu sais ce que je vais faire ? J’irai me renseigner auprès du vendeur à la prochaine sortie. Je suis sure que j’aurai d’autres informations. Merci de m’avoir écouté, mais je tombe de sommeil, dit Hermione en baillant.
-Bonne nuit Belladone, dit Drago.
Il avait envie de savoir d’où venaient ces miroirs bien sur, mais de son coté la piste n’était pas des plus claires.

Hermione avait attendu une semaine pour descendre au village de Pré-au-Lard. Harry et le nouvellement nommé César avaient été d’une bonne compagnie maintenant qu’elle évitait soigneusement Ron. Harry comprenait qu’elle se sente mal à l’aise et en colère en présence de ce dernier, mais c’était aussi son ami. Aussi elle décida d’aller seule à la boutique d’objets magiques. Elle n’allait pas monopoliser Harry et après tout cette histoire de miroir ça ne la concernait qu’elle.
Elle s’habilla le plus chaudement possible. La grosse écharpe en laine aux couleurs de Gryffondor était parfaite. Une fois dehors elle l’enroula autour de son coup jusqu’à ce qu’on ne voit plus son menton. Elle sentait la peau de son visage tirer à cause du froid. Elle emprunta le chemin qui menait au village. La neige tombait encore et encore, laissant jour après jour un manteau blanc sur les environs. Elle dut traverser tout le village avant d’arriver à la boutique de Derviche et Bang. Ses fenêtres en corniche donnait à cette maison un style qui sentait bon la campagne anglaise.

Quand Hermione rentra un oiseau mécanique qui voletait près de la porte poussa un petit cris. Cela lui rappela les clochettes des boutiques moldues. En dehors de ce détail il n’y avait aucune comparaison possible. Un immense lustre composé d’arceaux de métal flottait en l’air et une multitude de petites lueurs bougeaient dans un volume que rien ne dessinait. On avait donc l’impression qu’une sphère transparente entourait la structure, une sphère si transparente qu’on n’en percevait pas le matériau. Et les lumières continuaient de se heurter à un obstacle invisible, restant sagement circonscris dans un périmètre fixe. Il y avait bien sur des étagères contenant les objets réguliers produits en grande série. Hermione y repéra un scrutoscope, des plumes enchantées et des petites figurines d’échec en vrac qui se débattait dans leur bac. Sur sa gauche une cage renfermait quelques ouvrages qui s’agitaient gentiment. Mais ce qui intéressait Hermione c’était le coin bonnes affaires/occasion. C’est là qu’elle avait trouvé son miroir. Elle s’approcha pour voir les objets en vente ce jour là. Son regard fût attiré par une série de tire-bouchons sauteurs qui avaient un défaut de fabrication. La poignée était incomplète, ce qui expliquait un prix divisé par quatre. Il y avait quelques bijoux enchantés également, notamment une broche qui scintillait de façon assez surnaturelle. Juste à coté un simple bracelet en cuivre faisait pâle figure. Hermione s’en saisit et essaya de déterminer ce qui le rendait magique. Il devient alors souple comme un ver. Elle l’enfila se demandant comment il pouvait tenir. Il commença à se resserrer pour adopter la taille du poignet de la jeune fille.

-Il vous plaît ? Demanda le vendeur qui venait d’arriver derrière elle.
-Il est joli, mais en fait je n’étais pas venue pour faire des emplettes mais plutôt pour vous poser une question sur un précédent achat. Du coup je n’ai aucun Gallion sur moi, répondit-elle en reposant le bracelet.
Elle se souvenait du vendeur et du jour où elle avait acheté la petite glace. C’était un vieil homme presque chauve, assez petit. Une énorme paire de lunettes lui rétrécissait les yeux ce qui ne lui enlevait pas son air affable et poli. Il se montrait toujours prêt à aider si on avait du mal à faire un choix. Il était à l’image de sa boutique : une lueur de douce folie brillait dans ses yeux pétillants, mais tout le reste était simple et sans fantaisie. Sa robe grise rajoutait à l’impression générale de sobriété britannique posé et raisonnable.

Hermione sortit le miroir de sa poche et le montra au propriétaire des lieux.
-Voilà, j’ai acheté ce miroir au début de l’année.
-Oui, je me souviens. Il était cassé quand on me l’a apporté. Je devais le réparé. Ce que j’ai fait d’ailleurs, mais la personne n’est jamais venue le chercher. Alors j’ai décidé de le mettre en vente quand j’ai nettoyé mon atelier, dit-il en ajustant ses lunettes pour mieux voir l’objet.
-Oui, malheureusement il n’avait pas son jumeau.
-Oui, et c’est pour cela que vous avez eu un prix si bas. Mais c’est un objet intéressant. Je pense que celui qui l’a ensorcelé était un petit bricoleur. Le sortilège qui l’anime n’est pas des plus complexes, mais le support est assez vieux. Quand on me l’avait emmené le cuir était tout défraîchi, et les coutures étaient même sur le point de céder à quelques endroits. Un ami qui s’y connaît m’a affirmé que ce miroir avait au moins deux cent ans, dit le vieil homme avec un grand sourire, alors, dites moi pourquoi vous êtes venue me trouver ?
-Et bien, je converse maintenant depuis trois mois avec une autre personne qui détient le jumeau.
Le vendeur fronça les sourcils. Cette histoire n’était pas commune.
-C'est passionnant ! Vous a-t-il dit d'où provenait la paire ?
-Et bien justement, c'est un élève et il l'a trouvé très récemment par terre à Poudlard.
-Vous êtes sur qu'il vous dit la vérité ? Nous ne nous connaissons pas, mais si je puis me permettre, le jumeau ne pouvait être par terre. C'est une antiquité. Ne cherche-t-il pas au contraire à récupérer l'objet ? Les deux ensemble valent un certain prix. Bien sur seul et sans l'assurance de trouvé l'autre je ne pouvais pas vous facturer plus que ce que vous m'avez payé, mais les deux ensemble, rendez vous compte ! Il est aisé d'inventer cette histoire délirante de « je l'ai trouvé par terre en me promenant dans les bois »
-En se promenant dans l'école, rectifia Hermione.
-Oui enfin, je vous ai donné mon avis sur la question.
Hermione était déçue par la faiblesse de l'information récoltée, et excitée de la révélation qu'elle venait d'entendre. Deux siècles ! Il avait été bien restauré !
-Pourriez vous me dire qui vous l'avait emmené ?
-Je dois avoir ça dans mes registres. Suivez-moi, dit le sorcier en la menant devant le comptoir. Il sortit un immense livre à la couverture bleus. Il pointa sa baguette sur l'ouvrage et prononça : « Accio Lexicum » … puis s'interrompit.
-Vous souvenez vous du mois de votre venue mademoiselle ?
-C'était au tout début de l'année... En septembre je crois.
-Bien, essayons, dit-il en repointant sa baguette, Accio Lexicum septembre occasion.
Les pages volèrent et le livre s’ouvrit à une page que l'homme commença à parcourir du regard.
-Ahhh, nous y voilà. C'était bien ça, miroir orphelin O5698. Accio lexicum O5698 reçu.
Les pages volèrent à nouveau jusqu'à une page bien antérieur. Le vendeur tourna le livre vers Hermione, le doigt posé sur un nom. Elle n'en croyait pas ses yeux. Sur le registre était marqué d'une écriture fine et allongée : 

Cédric Digory 21/06/95 – Arrhes perçus : 10 Gallions
Chapitre : La petite amie du mort, écrit le 04/08/2011
Hermione se demanda si Cédric n'avait pas eu en sa possession l'autre exemplaire. Mais si tel avait été le cas, César ne l'aurait pas trouvé dans les dédales de Poudlard. Les parents de la triste victime de Voldemort avaient très certainement dû récupérer toutes les affaires de leur fils après son décès. Qu'était-il arrivé à son exemplaire pour qu'il atterrisse dans un atelier de réparation ? Avant de partir de la boutique Hermione posa une dernière question.
-Je n'ai pas pensé à vous le demander avant, mais cela me revient : Pourquoi le miroir était-il cassé ?
-Si le jeune homme me l'a dit, je ne m'en souviens pas. Quoi qu'il en soit il ne fonctionnait plus comme il aurait dû, il ne reflétait plus rien et n'offrait qu'un fond noir à son utilisateur. J'ai eu un mal fou à le réparer puisque le sort qui l'animait répondait à une structure d'un style assez désuet. Dès qu'on me présente un sort un peu ancien ça devient toujours un peu plus compliqué de trouver les règles auxquels il répond, ajouta le vieux sorcier.
Hermione le remercia et repartit contente d'avoir obtenu une piste, et perplexe devant les éléments qu'on lui avait apporté.

Elle était impatiente de pouvoir en parler à César. Elle savait qu'elle ne pourrait lui parler que le soir aussi se mit-elle au travail, réalisant plus ou moins bien l'intégralité de ses devoirs en retard. Elle s'était un peu laissée aller de ce coté depuis que ses heures libres s'étaient transformées en discussion plus ou moins sérieuses avec César. Elle tenta de récapituler. Elle le connaissait depuis moins d’un mois. Mais un mois sans travailler sérieusement, à rêvasser le jour en regardant Ron et à bavarder la nuit avec César, ce n’était pas sérieux. Elle s'était cependant rendu compte que les acquis qu'elle avait après plus de cinq ans de travail acharné à Poudlard ne la laissait pas dépourvue en ces temps de disette.

Il ne se montra pas avant une heure assez avancée, bien après le souper.
-Tu ne vas pas croire ce que je vais te dire, commença Hermione tout de go. Je suis allée à Pré-au-lard et après renseignements, j’ai appris que le miroir avait été emmené par un élève pour être réparé. Mais il n'est jamais revenu le chercher.
-Plus d'information sur cet élève ? Il est encore à l'école ? Demanda Drago dont la curiosité venait d'être chatouillée.
-Non, il n’est plus là. Il est mort.
-Mince, ragea Drago, on fait comment maintenant ?
-Comme cet élève c'est Digory je vois assez bien ce que je vais faire personnellement.
-Digory ? C'était le miroir de Digory ? Demanda Drago incrédule.
-Oui c'est lui et il l'a emmené juste avant sa mort. Donc il ne me reste plus qu'à demander à sa petite amie de l'époque.
-Attends, mais tu avais dit que le miroir était cassé c'est ça ?
-Oui, enfin il n’a pas dû être réparé correctement parce que si je t'entends parfaitement, je ne te vois pas. Tu vois quelque chose toi ?
-Non non.
C'était tentant pour Drago de se dire qu'il pourrait voir Belladone, mais il avait désormais tellement imaginé le moment où leurs yeux se croiseraient pour la première fois, qu'il n'envisageait plus que la réalité puisse être différente. Comment la prendre dans ses bras à ce moment si ils ne se voyaient que par l'entremise d'un miroir enchanté ? En outre, depuis qu’elle lui avait parlé de la nouvelle aventure de son ami, il avait soudain repris espoir. Il dépenserait toute son énergie à la persuader de s’éloigner de son concurrent. Et ne proposerait plus aucun rendez-vous. « C’est elle qui voudra me voir » se dit Drago.

-C'est bien ce que je disais. Ce vendeur se vantait de savoir réparer les objets magiques anciens, mais celui-ci était apparemment trop vieux pour lui, dit Hermione.
-Heu... Ils sont anciens ces miroirs ? Demanda Drago qui avait presque sursauté en entendant l'allusion d'Hermione.
-Il dit qu'ils ont bien deux siècles. Mais le mien à l'air comme neuf.
Drago regarda son propre exemplaire. Il avait effectivement l'air assez vieux. Il n'aurait pas dit deux siècles, mais ce n'était pas ce qui l'importait le plus pour le moment. Il avait lui aussi un objet dont l'enchantement était trop vieux pour répondre aux normes qu'on lui avait enseigné à Poudlard. Il faudrait qu’il aille voir ce sorcier.
-Le mien n'est pas tout jeune, répondit Drago d'un air absent. Sinon, qu'as tu décidé de faire pour soigner ton cœur blessé ?
-Je ne sais pas. Je suis invitée à la soirée de Noël de Slughorn et je me faisais une joie d'y aller avec lui. Ça va être difficile maintenant. Pourquoi je me prends la tête alors que c’est dans deux mois ? Tu peux me le dire ?
-Si tu veux mon avis, tu devrais y aller avec la personne qu’il déteste le plus, au lieux de te morfondre dit Drago. Tiens tu pourrais y aller avec moi.

« T’es vraiment entêté comme un Provrebine, tu peux pas t’en empêcher, hein ? Allez sois patient et c’est elle qui se languira de toi et te demandera quand vous pourrez vous voir » se dit Drago.

-Tu es peut être la personne qui le déteste le plus, mais lui il ne te connait pas. Ça ne marchera pas. Mais ne t’inquiètes pas, j’ai un candidat tout trouvé. Et comme il semble s’intéresser à moi, il acceptera certainement d’être mon cavalier, dit Hermione qui venait effectivement de penser à la personne idéale pour faire tourner Ron en bourrique.
Il avait l’air particulièrement agacé quand ce McLaggen lui avait demandé de lui présenter Hermione, tellement qu’il l’avait raconté en singeant l’élève puis en décrivant la façon dont il lui avait gentiment dit d’aller se faire épiler par un cornak.

-Alors qui est l’heureux élu ?
-Tu vois c’est qui McLaggen ? Il est en septième année. J’en ai un autre en tête aussi si le premier ne veut pas.
Drago se prit la tête à deux mains dans un geste un peu trop théâtral pour être sérieux, bien que personne ne soit là pour voir ses mimiques. Il voyait parfaitement qui était McLaggen, un Gryffondor arrogant. Entre blagues graveleuses et démonstrations de virilité se tenait un des crétins de la pire espèce.
-Laisses moi deviner : tu te jettes dans les bras d’un autre sombre abruti pour oublier le premier. Tu vois quand je te dis que je ne serai jamais à ton goût. Si je rotais bruyamment en matant les filles, est ce que tu tomberais sous mon charme ?

Drago s’interrompit. Il venait de faire un rapprochement. Jusque là il se demandait si Belladone était de la maison de Serpentard ou de Gryffondor, le dernier match ayant été entre les verts et les rouges. Si son cher et tendre qui jouait au Quidditch détestait McLaggen qui était en réserve pour l’équipe de Gryffondor, il y avait de fortes chances que ce soit un Serpentard. Il se remémora la liste complète de l’équipe en essayant de voir deux joueurs amis en dehors du terrain. Il y avait bien Crabbe et Goyle qui jouaient tous deux… Et celle qui se devait de les soutenir ça pourrait très bien être Pansy ! L’image de grande beauté blonde disparut sous les traits moins féminins de son amie. Il ne la trouvait pas laide mais c’était tout de même à cent lieux de la Belladone qu’il s’était inventé. Il y avait cependant un problème. Si Belladone pleurait il y a une semaine, c’était à cause de sa déception. Impossible, ni Crabbe, ni Goyle n’avait de nouvelle copine, il n’aurait pas raté un tel ragot. La représentation fantasmée se reconstruisait dans son inconscient. Il voulait en avoir le cœur net.

-Je viens d’avoir une illumination Belladone… Est-ce que tes initiales sont P.P. ?
De l’autre coté retentit un éclat de rire immédiatement étouffé. Riait-elle parce qu’il était tombé juste ?
-Non. Mais tu pourrais débiter toutes les combinaisons de l’alphabet si tu en es réduit à ça, après tout tu n’auras que... Attends combien de possibilités ? vingt-sept fois vingt-sept…
-sept cent vingt-neuf, répondit Drago après réflexion.
-Tu as une personne en tête ?
-Désolé de m’accrocher à chaque indice que tu sèmes. J’avais trouvé quelqu’un qui correspondait, mais tu mets fin à mon rêve de connaitre enfin ton identité.

Hermione pouffa en imaginant qu’il ait pu penser qu’elle soit Padma ou Parvati Patil ou encore Pansy Parkinson. Il y avait certainement d’autres P.P. mais ces trois là lui étaient immédiatement venues en tête. Elle s’allongea les bras en croix. Au moins elle riait un peu ce soir.

-Tu sais, si McLaggen dit non, viens avec moi. A défaut de rendre l’autre jaloux, je passerai un bon moment.
« Et un point pour Serpentard » pensa Drago. Ce n’était pas encore une demande de rendez vous en bonne et du forme, mais elle n’écartait plus la possibilité.

-Si je peux te rendre service, ce sera un plaisir. Maintenant pardonnes moi, mais il se fait tard, donc je te souhaite une bonne nuit. Dis moi dès que tu as réussi à attraper la copine du mort. Ton histoire m’intrigue.
-Bonne nuit.

Hermione avait guetté Cho toute la semaine, espérant la voir passer dans un couloir entre les cours. Bien sur elle la voyait tous les soirs lors du repas, mais il aurait été compliqué d’aller lui parler si Harry avait été là. Ils semblaient toujours légèrement en froid tous les deux et s’évitaient sans aucune démonstration d’animosité toutefois. Cependant, Hermione savait qu’Harry était passé à autre chose. Il ne se morfondait plus à penser à Cho, mais à Ginny, fuyant une douleur pour en trouver une autre. Hermione aurait bien jugé que tout ceci était stupide, si elle n’était pas dans la même situation.
Peut être leurs emplois du temps ne leur permettaient pas de se voir. Elle décida de prendre les choses en main. Comme elle travaillait la plupart de son temps libre pour compenser ses soirées avec César, elle ne passait que peu de temps avec Harry au final. Ainsi ce dernier ne faisait pas le grand écart entre Ron et Hermione. Il passait beaucoup de temps avec ce dernier. L’excuse des devoirs permettait de justifier les absences de la jeune fille à Ron qui avait bien saisi qu’elle lui en voulait, mais vivait son idylle avec la savoureuse (et très entreprenante) Lavande sans s’en soucier.

Hermione avait une fois de plus déclaré qu’elle était débordée et était partie en direction de la salle commune des Serdaigle. Ayant eu leurs cours dans l’aile est de l’école, elle savait qu’elle devrait se presser pour atteindre la tour de Serdaigles à l’autre extrémité. Les élèves chahutaient et discutaient tranquillement dans les couloirs la forçant parfois à louvoyer entre des groupes qui lui faisaient obstacle. Une bande de première année passa en la bousculant. C’était une petite fille aux cheveux verts qui s’enfuyait tandis que trois affreux garçons gloussaient en lui courant après. L’un d’eux, maigre et assez grand pour son âge chantait sur l’air d’une comptine fameuse

« Clotilde a eu de gros ennuis, sa mère ne lui avait pas appris, à refuser tous les présents, surtout ceux qui gâtent les dents. »

Apparemment il y avait un nouvel arrivage de bonbons piégés chez Zonko, et la dénommée Clotilde se méfierait des cadeaux qu’on lui ferait à l’avenir. Hermione nota mentalement qu’elle pourrait toujours y passer pour en acheter et les faire parvenir à Lavande par un autre biais. Le vert lui ferait certainement un teint affreux. Elle arriva enfin à la tour de Serdaigle. Une rangée d’armures était alignée contre le mur, une multitude de minuscules tableaux couvrait les murs en une mosaïque un peu mouvante.
Hermione s’assit sur un renfoncement de fenêtre. Elle savait être patiente quand il le fallait. Elle n’attendit pas longtemps pour voir un groupe de filles de septième année accompagnées d’Eddie Carmichael. Il venait sans doute de raconter une blague très drôle car elles s’étaient toute mises à rire en chœur.
-Excuses moi Eddie, je cherche Cho, est ce que tu l’as vue ?
-Salut Hermione ! Non désolé, on s’est croisés tout à l’heure mais je ne peux pas te dire si elle est déjà rentrée ou non. Si je la vois à l’intérieur je lui dirai que tu la cherches.
-Merci quand même, salut ! Dit Hermione qui sentait que l’attente allait être longue.
Elle se trompait car très peu de temps se passa avant que Cho ne fasse irruption par le couloir où Eddie s’était engouffré juste avant.
« Hermione? ». La jolie Cho l’avait aperçue et trottinait désormais vers elle.
Chapitre : Une rose serait toujours aussi belle sous un autre nom, écrit le 05/08/2011
Après la réorganisation des chapitres, certains peuvent être perdus. Petit résumé donc...

Drago et Hermione sont devenus amis, alors que Drago s'est franchement attaché à celle qu'il appelle Belladone(en référence à sa beauté fantasmée et au mal qu'elle lui fait), Hermione est toujours amoureuse de Ron. Mais lors du dernier match de Quidditch, celui-ci sort avec Lavande. Hermione est desespérée. Drago en profite pour l'eloigner de Ron espérant pouvoir bientôt la voir. Il imagine avoir identifié sa maison comme étant celle de Serpentard. Hermione a appris que son miroir a appartenu à Cédric Digory. Elle décide donc d'aller parler avec Cho pour savoir d'où vient l'exemplaire de celui qu'elle nomme César (en référence à son orgueil). Nous arrivons au moment où elle croise enfin Cho.




Hermione se souvenait encore de la colère de Cho quand elles étaient toutes deux dans l'armée de Dumbledore. Elle n'avait jamais reparlé du maléfice qu'avait subi Marietta après sa trahison. Elles avaient accusé deux bourreaux diamétralement opposés. Pour Cho, la coupable était Hermione, et pour cette dernière c'était la lâcheté de Marieta qui l'avait punie. Mais depuis, de l'eau avait coulé sous les ponts, et à défaut d'avoir réglé leur différend, elles l'avaient enterré. Elles se faisaient donc face, souriant de toutes leurs dents.
-Cho, ça me fait plaisir de te voir, je t'ai cherché pendant pas mal de temps !
-Tant que ça ? J’ai croisé Eddy qui m’a dit que tu étais là. Alors, que veux-tu me dire ? Répondit Cho, prête à apporter son aide.
-Bien, c'est à propos de Digory.
Le visage de Cho se ferma. Elle écoutait toujours mais elle avait changé d'attitude. Non bien sur, cela faisait longtemps qu'elle ne pleurait plus à cause de la perte de Cédric. Mais c'était un sujet qui la rendait calme et sérieuse.

-Il y a deux ans il a emmené un objet à la boutique d'objets magiques de Pré-au-lard. Il n'est jamais revenu le chercher, et c'est tout à fait par hasard que je l'ai acheté. Je ne me serais jamais doutée que mon achat lui avait appartenu si je n'étais pas retournée questionner le vendeur.
-Tu parles du miroir ? Demanda Cho.
-Voilà, je parle du miroir. Apparemment il y a un autre exemplaire. Est ce que Cédric t'en avait parlé ? Dit Hermione sans préciser que le jumeau avait un nouveau propriétaire.
Cho s'assit à la place qu'Hermione avait occupée quelques minutes avant.
-Je suis désolée Hermione, c'est vraiment dommage que tu sois venue me trouver si tard.
La jeune fille affichait une expression sincèrement navrée. Elle continua.
-Cédric m'avait offert le deuxième pour nos un mois. Nous gardions toujours notre miroir sur nous ce qui nous permettait de nous parler souvent. Le vendeur te l'a peut être expliqué : en regardant la surface on voit le reflet de l'autre et on peut aussi entendre sa voix.
-Oui, dit Hermione en acquiesçant.
-Mais un jour il l'a cassé. Il a essayé de le réparer mais il ne fonctionnait plus comme avant. Nous parlions toujours, mais sans nous voir. Un élève lui a finalement appris que c'était du ressort du vieux sorcier de Dervish et Bang. Tu connais la suite. Il n'a jamais pu revenir le chercher. De mon coté j'ai gardé mon miroir. Je ne savais pas quoi en faire, il me rappelait Cédric. Je ne voulais pas l'oublier, tu vois ce n'est pas comme si nous nous étions quittés, il était mort. Mais quand j'en ai eu la force j'ai décidé de le cacher. Je suis désolée Hermione, je l'ai caché dans la salle sur demande à l'époque où nous nous entraînions dedans... Tu ne pourras pas le retrouver. Si tu veux je peux te rembourser le miroir. Je suis vraiment vraiment désolée, dit-elle en insistant.
-Non, ne t'inquiètes pas. Comme il était tout seul, monsieur Bang m'en a fait un bon prix.

Cho semblait très embêtée. Hermione voyait les chances de retracer le chemin de la glace de Cho s'arrêter là, mais pas celle d'en apprendre un peu plus.

-Il ne t'a rien dit à propos de sa provenance ? Le vendeur m'a dit qu'il avait au moins deux siècles.
Cho sourie faiblement.
-Tu viens de briser un mythe. Cédric le tenait de sa famille. Il avait toujours servi aux Digory pour communiquer avec leur bien aimée, les pères le donnaient aux fils. Ils prétendaient -et Cédric l'a également dit- que ce miroir avait six cent ans et qu'il avait appartenu à un ancêtre noble, dit Cho. C'était le mystérieux miroir du prince. Quelle famille de dragueurs !
Hermione rit.
-Bon, nous venons donc d'apprendre que Digory avait un ancêtre vivant il y a deux cent ans atteint de mythomanie.
-Si j'avais su, tu aurais peut être le deuxième exemplaire aujourd'hui.
-Comment ça ?
-Je pense que j'aurais été moins romantique dans ma demande de salle, et on aurait pu le retrouver. Comme Cédric est mort sans descendant à qui le transmettre, j'ai demandé une salle où le miroir pourrait être rangé en attendant de remplir son rôle à nouveau : Unir les couples maudits envers et contre tout et ceci pour toujours, dit Cho d'un air théâtrale. J'apprends aujourd'hui qu'il n'a jamais servi qu'à frimer et draguer en toute impunité. Ce n'est pas pareil, tu en conviendras.
-Tu exagères, Cédric ne frimait pas, dit Hermione surprise de voir que Cho parlait avec tant de légèreté du défunt.
-Mais je ne parlais pas de lui, il était convaincu de cette histoire. C'était un Poufsouffle, honnête et loyale.
-J'allais le dire. Cho, merci d'avoir partagé ça avec moi. Je vais filer, dit Hermione.
-Au revoir. Si tu as d'autres questions, n'hésites pas surtout, dit Cho en repartant vers sa salle.
« J'ai toujours aimé cette fille » pensa Hermione.

Elle se repassait les paroles de Cho en boucle. « Unir les couples maudits envers et contre tout et ceci pour toujours. » Malgré la volonté de railler cette tirade, ces mots avaient bouleversé Hermione. Elle était extrêmement frustrée de ne pas savoir ce qui s'était passé entre le moment où le miroir avait été déposé dans la salle à la demande et le moment où César l'avait trouvé dans un couloir. Mais elle ne doutait pas de la puissance de cette salle qui exauçait absolument tous les vœux, qu'il soit bien ou mal formulés. Et la demande de Cho était on ne peut plus claire. La mort de Cédric l'avait suffisamment ébranlée pour qu'elle rajoute « maudit » aux couples qui croiseraient la route du miroir. De surcroît le miroir remplirait pour cette tâche toujours. Elle réalisa que Belladone ne pourrait jamais lutter contre ses sentiments pour César. Leur route avait croisé celle du miroir du prince et du vœux étrange et biaisé de Cho. Elle ne savait pas si elle devait raconter cette entrevue à son ami. Elle répugnait à mentir ou à omettre des parties importantes de l'histoire comme elle l'avait déjà fait avec Cho. Elle avait détesté ce qu'elle avait ressenti pendant que Cho se livrait alors qu'elle avait oublié de lui raconter le réel motif de sa venue.

Le soir venu, elle pensait encore à ce qu'elle devait annoncer à César. Comment faire ? Lui raconter toute l'histoire et le laisser tirer ses propres conclusions ? Ou lui dire sans détours qu'elle ne pouvait pas lutter contre l'attachement grandissant qui se créait puisqu'elle savait maintenant comment cela allait se finir. Hermione n'avait jamais été très douée pour exprimer ce genre de chose. Aucun livre ne lui avait enseigné comment ne pas paraître cruche en disant « je t'aime ». Si elle l'avait su, elle aurait fait sa déclaration à Ron il y a trois bonnes années. Mais le temps était passé, Victor Krum s'était montré plus entreprenant, lui permettant de faire une brève parenthèse dans ses sentiments pour Ron, parenthèse qui s'était rapidement refermée la laissant à nouveau dans une situation inconfortable. Car ses sentiments pour Ron étaient revenus aussi vite. Et maintenant tout ceci n'avait plus d'importance, elle le détestait. A force d' avoir attendu que quelque chose se passe elle avait fini par être trop blessée pour ne ressentir autre chose que de la colère. Et elle était à nouveau dans la même situation mais avec quelqu’un d’autre cette fois, refusant d'abord de croire à ce qu'elle ressentait, puis tentant d'y mettre fin, et finalement en les acceptant mais sans savoir quoi en faire. Le soir vînt, et Hermione ne put ignorer la voix de César qui l’avait questionné toute la semaine durant à propos de son désir d’en parler à Cho.

-Bonsoir. Alors, comment s’est passé la chasse à la Cho aujourd’hui, as-tu eu ton gibier ? Plaisanta Drago.
-Oui, je suis allée directement la voir.
-Alors, le fin mot de l’histoire. Suis-je ou ne suis-je pas un dangereux sortilège qui essaye par tous les moyens de te manipuler ?

Hermione lui raconta tout ce qu’elle savait, jusqu’au mensonge du premier dragueur-menteur. Elle s’apprêtait à lui décrire la salle sur demande quand Drago lui dit qu’il connaissait -comme beaucoup dans l’école- l’existence d’une telle salle. En effet suite à l’année où Ombrage avait débusqué une armée de petits imposteurs qui y faisaient leurs réunions, beaucoup de rumeurs avaient circulé sur le lieu où elle se trouvait et sur ce qu’on pouvait y chercher. La façon dont Drago décrivit l’Armé de Dumbledore déplut beaucoup à Hermione, mais elle se garda de dire quoi que ce soit. L’AD n’avait jamais eu la sympathie de tous les étudiants. Elle se permit de poser une question.
-César, es-tu un Serpentard ?
-Oui, qu’est ce qui te fait dire ça ? Répondit Drago, surpris.
-Tu n’as pas l’air d’apprécier ce groupe d’étudiants. Et la plupart des gens que je connais qui ont cette opinion sont de cette maison.

C’est bon, elle le tenait son couple maudit. Ça faisait un mois qu’elle bavardait avec un Serpentard.

-J’en déduis que tu étais dans le camps des gagnants lors du dernier match, dit Drago en évitant ainsi de prononcer le mot Gryffondor.
-Oui. Répondit Hermione d’un ton neutre.
« Ce choixpeau fait parfois des choix assez peu éclairé » se dit Drago, se gardant bien de le dire à voix haute. Il y avait toutes les chances pour que Belladone soit aussi attachée à sa maison, qu’il l’était à la sienne. Inutile de rentrer dans ce jeu dangereux.
-Tu me parlais de la salle sur demande. Quel choix la copine de Digory a-t-elle fait, quel était son vœux ? Demanda Drago.
Il y eut un silence. Puis la réponse vînt enfin.
-C’est là que ça devient intéressant, mais je ne veux pas te le dire maintenant. Il va falloir qu’on se voit.

Hermione avait vécu en dix secondes le débat le plus intéressant de sa vie : dis-le. Ne le dis pas. Dis-le. Ne le dis pas.
Elle était capable de prendre des décisions courageuses, mais pas dans ce domaine.

Drago essayait de comprendre ce qui pouvait l’empêcher de lui révéler dans quel genre de placard Cho avait décidé de ranger le miroir. Maintenant qu’elle lui proposait de se voir il n’était plus sur de vouloir. Quelle vérité Belladone allait lui révéler. Quel genre de chose horrible pouvait avoir souhaité Cho pour que son amie ne puisse lui dire qu’en face.
-Biennn, OK, alors quand est ce qu’on peut se voir ?
-On en parlera la prochaine fois, bonne nuit ! Dit Hermione précipitamment avant de retourner le miroir sur sa commode et d’y superposer trois livres de cours.

Drago essayait de digérer l’information qu’il venait d’avoir. Belladone était une Gryffondor. Il avait tellement souhaité qu’elle soit Serpentard, qu’il avait même considéré l’option Pansy qui collait presque aux indices qu’il avait. Il trouverait qui elle était. Il avait suffisamment d’informations maintenant. En faisant des recoupements il finirait par trouver qui était la dame au miroir, sa Belladone.
Chapitre : Pourquoi mère pleure-t-elle ?, écrit le 12/08/2011
Deux semaines se passèrent sans que Belladone ne pointe le bout de son nez. Drago essayait en dépit de son silence de lui parler tous les soirs. Il commençait à se demander si le miroir n'avait pas été brisé. Bien sûr il pourrait attendre d'apprendre par les rumeurs qui avait invité McLaggen à la soirée de Noël, mais il n'avait pas la patience d'attendre un mois en espérant qu'elle ne changerait pas d'idée de partenaire. Entre temps il avait réussi à se procurer le nom de tous les membres de l'équipe de Quidditch de Gryffondor, membres de réserve compris. Il n'y avait pas une personne respectable dans le lot. Il regarda la liste dont il avait retiré toutes les filles.

Dean Thomas, Ritchie Coote, Jimmy Peakes, Ron Weasley, Cormac McLaggen et Harry Potter.

Il pouvait rayer McLaggen. Bien sûr Harry Potter et Ron Weasley faisaient déjà une paire. Donc première possibilité : Hermione Granger ou Luna Lovegood. Drago eût une sueur froide. Il raya Louffoca de sa liste : elle avait bien dit qu'elle célébrerait la victoire de son camp, donc même si Luna était une fille proche du duo Potter/Weasley, elle était à Serdaigle.
Il ne se laissa pas impressionner et continua ses suppositions. Dean Thomas avait bien une petite amie : la sœur de Weasley qui jouait également dans l'équipe, c'était peut être lui le « sans cœur ». Mais il n'était pas particulièrement proche d'un autre joueur. Ça ne collait pas. Il restait les deux batteurs Ritchie et Jimmy. Le problème c'est qu'ils n'étaient pas amis avec une fille, mais avec une quantité de filles. Ils étaient en septième année, ça collait avec la connaissance encyclopédique de Belladone. D'un autre coté, ils enchaînaient tous les deux les relations sans lendemain avec plusieurs filles de l'école. Il ne voyait aucun des deux traverser la même épreuve que son amie. La version la plus plausible restait Hermione Granger. Hermione Granger est Belladone. Non, elle pourrait être Belladone, nuance ! Il n'avait jamais vu en elle la moindre forme d'intelligence. Pour lui elle était une sang de bourbe, obsédée par la réussite, prête à tout pour prouver qu'elle ferait une bonne sorcière. Drago prit une grande bouffée d'air. Il ne pouvait même pas vérifier puisqu'il ne lui avait pas parlé depuis deux semaines. Ça lui paraissait une éternité. Belladone lui manquait tellement.



Narcissa pleurait cachant son visage dans ses mains graciles. Le repas se faisait dans une atmosphère pesante. On n’entendait que le bruit des couverts et les sanglots de la mère de Drago.
-Père, pourquoi mère pleure-t-elle ? Demanda le garçon.
-Elle a vu aujourd'hui quelqu'un qui lui manquait. Elle va d’ailleurs cesser immédiatement de se morfondre et manger ce repas avec nous, dit Lucius en regardant sa femme.
-Excusez-moi mon ami. Je crois que je n’ai pas assez d’appétit pour manger quoi que ce soit et je suis de bien mauvaise compagnie ce soir.
Le petit Drago vit sa mère se lever et quitter la salle à manger en s’essuyant le visage. Elle avait l’air maussade quand ils étaient arrivés, et le petit garçon qu’il était avait compris que quelque chose de grave s’était passé quand elle avait soudain éclaté en sanglot. Il n’osait plus parler maintenant et mangeait en silence.
-Drago, je vais t’expliquer pourquoi ta mère pleure, parce que cela me permettra de t’enseigner quelque chose.
Le petit garçon regarda son père qui venait de poser sa fourchette.
-Ta mère a deux sœurs, tes deux tantes : Bellatrix et Andromeda. Ta mère pleure aujourd’hui parce qu’elle a revu par accident Adromeda quand nous sommes allés à la banque. Andromeda lui manque, mais elle a fait un mauvais choix qui l’éloigne de nous.
Drago ne comprenait pas, il n'avait jamais vu cette Andromeda. Il avait donc une autre tante ? Elle devait certainement être plus gentille que tante Bellatrix qui avait toujours l'air si sévère.
Son père continua sur le même ton.
-Il faut tout d’abord que tu saches quelque chose. Notre magie vient de notre sang. Ton père est sorcier, ton grand père l’était et ainsi de suite. Cette magie vit en nous et nous la transmettons à nos enfants. Tu sais que les Moldus ne savent pas pratiquer la magie. Que se passe-t-il quand un sorcier et un Moldu ont un enfant ensemble ?
Un sorcier et un Moldu ? Drago s’imagina deux hommes s’embrassant. Il eu une grimace de dégoût gêné par la vision de cette union qu’il trouvait inhabituelle.
-Berk ! C’est dégoûtant.
Lucius continua, amusé par la réaction de son fils.
-Le sang magique est compensé par le sang Moldu. Le sang magique est souillé.
-Ahh, ça ! Dit Drago qui comprenait enfin de quoi son père parlait.
Il savait très bien de quoi il s’agissait, il avait déjà entendu des enfants utiliser l’expression « Sang de Bourbe ». Mais son père avait décidé d’enfoncer le clou et continua donc sa leçon.
-Le sang que tu as dans les veines, mon sang, celui de ta mère, est pur. C’est le cadeau que nous t’avons fait. Ne trahis jamais cet héritage Drago. Ne permets jamais à quiconque d’y mêler du sang impur Moldu et de l’affaiblir.
-Est-ce qu’on peut salir son sang en touchant un Moldu ? Demanda Drago inquiet.
-Non, ce serait inquiétant si on ne pouvait en molester un sans prendre le risque de se souiller, répondit son père en riant. Non, on peut souiller son sang en fondant une famille, continua-t-il en reprenant son sérieux. Chacun de nous, enfin la plupart, a le pouvoir de donner la vie. Ta mère et moi t’avons donné la vie. Ce pouvoir est sacré et il faut le protéger. Et le seul moyen de protéger la valeur de notre sang est de réserver ce pouvoir à la personne que nous épousons. Nous ne pouvons nous permettre de nous souiller avec une personne qui n’est pas notre épouse. Et quand le jour viendra, tu choisiras une épouse, et elle sera digne de toi et de ton héritage. Ta tante n’a pas fait ce choix. Elle a choisi de se salir avec un sorcier au sang impur. Voilà pourquoi elle ne fait plus partie de notre famille. Voilà pourquoi ta mère pleure.
Drago regardait son père avec de grands yeux. La tante dont il venait de découvrir l'existence, mariée avec un sorcier sale ?
-Je n’ai plus très faim père.
-Bien, tu peux sortir de table. Et sois sage avec ta mère, elle est vraiment triste en ce moment.
Lucius reprit son repas, laissant son fils monter jouer dans sa chambre.

Drago se rappelait de la seule discussion ayant un rapport avec la sexualité qu’il ait eu avec son père. Ce pouvoir sacré, celui de transmettre son sang, il devait le protéger en n’épousant qu’une sorcière digne elle aussi d’un tel héritage et en ne se souillant pas avec une femme qu'il n'avait pas épousé. Que le sort était injuste. Si Hermione Granger était bien Belladone cela signifiait que son sang affaiblirait le sien. L'idée était insupportable. Les ténèbres submergèrent Drago, et dans une telle pénombre lui revint en tête sa mission. Il fallait qu'il aille voir ce réparateur à Pré-au-lard. Il penserait moins à Belladone, il penserait moins à Hermione. On était vendredi, demain il s'y rendrait et peut être qu'une chose dans sa vie ne foirerait pas.

Drago venait d'entrer dans la boutique de Dervish et Bang. C'était une boutique d'objets quotidiens sans grand intérêt. Rien de puissant, rien qui n'ait du prix ou du cachet. Juste ces gadgets et ces fournitures de première nécessité. Mais il n'était pas venu pour acheter. La porte se referma derrière lui grâce à son sortilège de groom. Un petit sorcier s'avança vers lui. Drago était venu tôt. Il n'y avait pas grand monde dans les ruelles de Pré-au-lard. Il n'avait croisé dans la rue principale qu'une petite sorcière qui se rendait d'un pas rapide à l'épicerie. Drago serrait sa baguette dans sa main.
« Expeliarmo » dit-il d'une voix calme. La baguette du vieux vendeur sauta de ses mains. Son expression changea. On pouvait maintenant lire la peur sur son visage.
« Nous allons aller dans votre atelier, j'ai des questions à vous poser. »
La voix de Drago était froide et sans émotions. Il avait déjà en tête une idée de comment cela allait se passer. Ce serait rapide, il lui fallait agir avant que le prochain client n'arrive. Il avait une petite demie-heure. Au delà, il pouvait raisonnablement penser qu'il aurait des ennuis. Le sorcier l'invita à le suivre. Il y avait derrière le comptoir une porte avec un écriteau « accès privé ». Le propriétaire était vraiment un homme créatif, les lettres bougeaient mollement, mais quand Drago passa lui aussi la porte, elles s'étirèrent pour former deux rangées de dents et une bouche qui aboyait et grondait. C'était un enchantement fait main et plutôt réussi, mais sans grande efficacité. L'atelier était lumineux, des étagères couvertes d'objets tous différents couvraient toutes les surfaces disponibles. Il y avait même des petites boîtes suspendues au plafond. Ici c'était le royaume des étiquettes. Chaque produit en portait une qu'on devinait contenir des indications ou une référence. On pouvait voir danser dans la lumière des grains de poussière. Drago ferma la porte derrière eux. Il n'avait même pas pris la peine de ramasser la baguette qui était toujours dans la boutique.

-On va y aller calmement. Je pose les questions, vous me répondez. On commence : Sauriez réparer un sortilège altéré créé il y a quatre siècles ?
-Oui, je crois, enfin cela dépend de la zone géographique, s'il s'agit d'un objet vaudou je dirais que non, en revanche si cela vient d'Europe ou d'Asie du nord, je saurais...
-Bon, je vous décris l'objet en détail, vous allez me dire comment je dois m'y prendre pour le réparer.
-Mais enfin jeune homme, amenez moi votre objet et je vous ferai un devis. Il n'y a pas besoin de me séquestrer, le coupa le petit homme.
-Tu vas te taire, tu réponds à mes questions, hurla Drago.
Il leva sa baguette et le sorcier se souleva dans les airs brusquement, heurtant le plafond. Quelques petites boîtes tombèrent autour de lui, répandant leur contenu sur le sol.
-Allez-y, décrivez, je vous écoute, implora l'homme.
Drago le laissa tomber. Il reprit d'une voix à nouveau calme.
-Armoire à transporter, conception entre 1500 et 1600 en Espagne.
-Par quoi a-t-elle été cassée : un sort ou une altération physique ?
-Une altération physique.
-Cela simplifie les choses alors. Il y a deux possibilités : soi la personne qui l'a créée a pris une structure en mille-feuille, soi en cercle infini. Je pencherais pour un mille-feuille si il a été fait en Espagne. Ils aimaient la complexité dans le sud de l'Europe.

Le vieil homme continua, expliquant à Drago comment comprendre la structure fine et l'architecture du sort, comment extraire et réparer tout en maintenant l'ensemble pour ne pas briser une partie du sortilège. Il avait eu manifestement de la chance que la fêlure découle d'une altération de l'enveloppe physique. Si elle avait été du fait de la magie, ça n'aurait pas été une réparation mais une reconstruction qu'il aurait dû faire. Drago essayait de se souvenir de tout ce que lui enseignait sa victime. La demie-heure passa très vite, Il avait à peine le niveau pour suivre les explications, mais il s'accrochait. Quand le temps qu'il s'était donné pour obtenir les renseignements fut écoulé, il ordonna au vendeur de retourner dans la boutique. Il ramassa la baguette et jeta un coup d’œil dehors, certains élèves se promenaient un peu plus haut dans la rue mais ne semblaient pas venir vers là. Il avait un peu de temps.
-Couchez vous par terre !
-Vous allez me tuer ?
Drago ne répondit pas, lui faisant un signe impatient de la main. L'homme s'allongea, fermant les yeux. Des larmes perlaient sur ses cils.
-Une dernière question : Quel article est en rupture de stock ?
-Comment ? Demanda le sorcier surpris avant de répondre devant le regard courroucé de Drago : Je n'ai plus de crème hydratante au Philas.
Drago pointa sa baguette et dit d'une trait « Oubliette ». Il lâcha la baguette de sa victime qui rebondit sur le sol près de son propriétaire.


Drago regagnait l'école à grand pas. Il avait rapidement aidé le vieux Bang à se relever, jouant à merveille le rôle du gentil petit boy scout. L'homme s'était rapidement remis de son « malaise » et avait aussitôt regretté de ne pouvoir honorer la demande du jeune élève, promettant que le stock de crème hydratante au Philas serait bientôt reconstitué. Drago s'était senti un peu mal à l'aise quand le vendeur lui avait confié qu'il était le premier garçon à lui en demander, mais que c'était toujours bien d'élargir la palette de consommateur. 
   
   Chapitre : Je te trouverai, écrit le 07/08/2011
Hermione n'avait plus mal. Elle ne souffrait plus de voir Ron et Lavande accrochés l'un à l'autre partout où ils allaient. Il avait le droit de sortir avec qui il voulait, mais elle ne voulait plus lui parler. Ce n'était plus une douleur sourde mais un tiraillement. Ron l'agaçait prodigieusement. Comme elle ne passait plus de temps avec lui et que Harry était maintenant en « garde alternée », il lui arrivait fréquemment d'arriver en avance pour le premier cours du matin. Manger seule prend moins de temps. Le nez plongé dans son bouquin, adossée au mur elle n'avait pas vu McLaggen arriver.
« Salut Hermione, tu es encore en avance ce matin ? »
Hermione leva la tête. Il ne lui parlait jamais d'habitude. Elle savait qu'il avait explicitement demandé à Ron de les présenter, mais apparemment il préférait l'absence totale de romantisme d'un « coup arrangé » au courage de l'aborder simplement et de faire connaissance. Ce qui en disait long sur ses intentions. Peut être que voyant le temps passer sans que le travail ne lui soit mâché il avait décidé de se jeter à l'eau. Il se tenait donc devant elle, négligemment appuyé contre le mur, lui offrant un sourire de dragueur de première catégorie. Hermione s’apprêtait à l'envoyer gentiment balader quand elle aperçut Ron arriver. Il tenait la main de Lavande qui gambadait presque. C'était l'amour fou. Oui, elle ne souffrait plus trop de les voir ensemble. Mais elle ne résista pas à l'envie de lui montrer qu'elle n'avait plus du tout envie de lui plaire.
-Cormac ! Je ne t'avais pas vu arriver. Tiens, tant que tu es là, ça fait un moment que je voulais te demander si tu allais déjà avec quelqu'un à la soirée de Slughorn pour Noël, dit Hermione à voix très haute.
McLaggen était surpris que ça se passe aussi bien.
-Je n'y avais pas encore pensé. Tu as un cavalier ?
-Justement, j'avais envie d'y aller avec toi.
Ron et Lavande étaient trop occupés à minauder à coté pour entendre la conversation.
-Pas de problème poupée. Ce sera avec plaisir, dit McLaggen en lui lançant un clin d’œil.
« Dans quoi je viens de me fourrer ?» se dit Hermione en essayant de garder un air naturel devant ce que venait de lui dire Cormac. Poupée ? Clin d’œil ? Misère… Et Ron n'avait même pas sourciller. Avait-il seulement entendu quelque chose ? C'était vraiment l'idée la plus stupide qu'elle ait eue. Elle espérait bien avoir eu le courage de parler à César entre temps, et avait du coup envisagé d'aller à la fête de Noël avec lui. Ça aurait fait d'une pierre deux coups. Un bon moment passé avec celui qui occupait ses pensées maintenant, de plus sortir avec un Serpentard aurait à coup sur fait enrager Ron. Peut-être bien plus qu'avec McLaggen. Mais elle avait succombé à la tentation de lui faire tourner la tête de sa Lavande maintenant, tout de suite. Et le pire c'est que ça avait échoué, assez lamentablement d'ailleurs.

Cela faisait plus de deux semaines qu'ils n'avaient pas parlé ensemble. La panique d'Hermione, ce sentiment qui l'envahissait à chaque fois qu'elle s'imaginait même prendre le miroir, l'empêchait de répondre. Et chaque jour qui passait rendait un peu moins possible le retour facile, l'excuse vague. Et chaque soir elle entendait la voix de César qui l’appelait. Des fois il parlait seul, lui racontait sa journée, lui faisait part de ses doutes. Il se demandait si le miroir n'était pas défectueux, riait en disant qu'il parlait certainement dans le vent. Elle l'écoutait mais ne répondait pas. Un soir, elle s'était installée dans l'escalier qui menait au dortoir des filles. Il était tard mais certains chuchotements et gloussements indiquaient que toutes ne dormaient pas. Elle s'était faufilée en cachant le miroir, puis était restée là à attendre que César se manifeste. La pierre était froide et elle était mal installée, mais elle n'avait pas bougé. Il avait fini par parler. Comme il disait au revoir elle avait senti l'urgence de répondre, mais elle avait eu trop peur. Quand le silence s'était fait, elle avait pleuré. Elle se sentait impuissante, se maudissait et jurant que la prochaine fois elle dirait ce qu'elle avait à dire. Mais le lendemain, comme d'habitude, le courage lui avait manqué.
Ça avait trop duré. L'erreur de ce matin avait changé quelque chose en elle, une voix lui intimait l'ordre de surmonter une bonne fois pour toute sa couardise. « Je ne suis pas lâche, j'ai combattu des choses qu'on ne devrait pas avoir à combattre à mon âge. Je suis forte. » Hermione s'était répété ce genre de pensée toute la journée. Ce soir elle lui dirait.

Drago fermait les yeux, allongé dans son lit, les mains derrière la tête il ne pensait qu'à elle. Belladone. Il n'arrivait pas à la nommer Hermione. Ce soir, lors du dîner dans la salle commune il avait vu McLaggen regarder Granger, poussant du coude son abruti de copain, une armoire à glace du même style. Les yeux de Drago s'étaient alors immédiatement posés sur Ron et Lavande qui mangeaient côte à côte. Il n'y avait plus de doute. Il n'avait pas fini son repas et était parti avant le plat de resistance.
« Belladone, ma bien aimée, pourquoi refuses tu de me parler à un tel moment ? » s'était-il dit avant de rejoindre la salle sur demande. Il avait un travail fou maintenant qu'il avait la marche à suivre. C'était long et laborieux. Parfois il se trompait et devait recommencer toutes les étapes de ce qu'il était en train de faire. Maudit Mille-feuille! Il fallait réparer chaque couche et le nom n'était pas une image, il y en avait mille. Aujourd'hui les arithmentiens ne juraient que par le sept, mais à l'époque le mille était la dernière tendance. Pourquoi pas le un, on se le demandait. « C'est bien le un, c'est propre, c'est entier, et puis surtout ça demande neuf cent quatre-vingt-dix neuf manipulations de moins que le mille », avait amèrement pensé Drago. Le travail avançait lentement. Il devait rentrer avant le couvre feux. Le risque d'être coincé par Rusard et d'être collé ne valait pas de rester plus tard. Être collé aurait signifié une perte de temps qu'il ne pouvait pas se permettre. Il aurait dû se mettre à ses devoirs, mais il n'avait pas envie. Se torturer l'esprit avec Belladone la journée, l’armoire pour son temps libre et les devoirs après le couvre feux. Non pour cette fois un des trois allait devoir être sacrifié. Il se serait bien passé de la torture que représentait la pensée d'aimer une femme qu'il ne pourrait jamais effleurer, mais malheureusement ce démon ne le lâcherait pas aussi facilement que ça. Les devoirs avaient cet avantage que si on ne voulait pas s'en occuper, ils nous fichaient la paix. Il avait besoin de ne rien faire. Au lieu de ça il réfléchissait aux possibilités qui s'offraient à lui. D'un coté il réussissait à réparer l'armoire, tuait le vieux cinglé. Le maître gagne la guerre, Hermione meurt. De l'autre il échoue, le maître le tue, fin de l'histoire.
« Si j'échoue, Voldemort trouvera quelqu'un d'autre. Hermione meurt. Encore. Si je réussis, j'aurai peut être l'opportunité de la sauver un jour. » Drago n'avait pas le choix.

C'est à ce moment qu'une voix se fît entendre.
-César, je dois te parler.
Drago se redressa d'un coup. Belladone s'était enfin décidée à répondre. Il la revoyait encore manger, perdue dans ses pensées. Belladone, ma Belladone.
-Bonjour, excuse moi d'être surpris. Je ne savais pas si le miroir marchait même encore.
-Je suis désolée. Voilà, j'ai quelque chose à te dire, et j'avais peur de le faire. Je n'osais pas, dit-elle.
Sa voix tremblait. Qu'il était doux pour Drago de l'entendre. Deux semaines, c'était une éternité si on comptait chaque seconde.
-Je t'écoute.
-Je ne t'ai pas dit ce que Cho avait choisi, parce que ça change beaucoup de choses. En fait quand je l'ai appris ça a mis en lumière certains trucs...
Hermione hésitait.
-Bon, je vais te dire simplement le vœu que Cho a formulé. Tu devineras assez facilement quelles ont été mes conclusions. Voici le vœu : Je veux un endroit où le miroir sera rangé en attendant de pouvoir remplir son rôle : réunir les couples maudits envers et contre tout, et ce pour toujours.
Hermione avait cessé de parler. Drago savait trop bien ce que cela signifiait. Il n'avait pas besoin de Belladone pour savoir qu'ils formaient un couple maudit.
-Et toi, qu'est ce que tu en penses ? Demanda Drago.
-J'ai toujours eu peur d'affronter mes sentiments. Ça fait deux semaines que je ne peux plus ignorer qu'en te trouvant, le miroir fait de nous un couple. Et il a fallu que je l’apprenne pour enfin comprendre que je m'étais plus attachée à toi que je ne voulais l'admettre. César, prends le comme tu veux, mais je t'aime.
Drago se mit à pleurer. Les larmes coulaient silencieusement sur son visage froid et pâle.
-Et c'est maintenant que tu me dis ça, maintenant où je me trouve si loin de toi que je ne peux même pas te prendre dans mes bras ?
Une douleur insupportable lui déchirait les entrailles, lui prenait la gorge. Elle ignorait à quel point tout les séparaient. Ce n'était pas seulement quelques centaines de mètre. Il avait envie de l’enlacer. Il voulait sentir l'odeur de ses cheveux, plonger ses yeux dans les siens. Et au lieux de ça il n'avait que sa voix, sa petite voix innocente qui n'avait saisi que le mot couple dans l'expression « couple maudit ».
-Je suis désolée César, je ne pouvais plus porter ça. Plus j'essayais d'enfouir ça et plus le mensonge que je me construisais s'effondrait. Je voulais te le dire et qu'on aille ensemble à cette stupide fête de noël. Mais ce matin j'ai croisé McLaggen, et l'autre était dans les parages. Je l'ai invité, c'était stupide.
-S'il te plaît arrête de parler de Weasley, dit Drago.
Hermione s'arrêta net.
-Comment... Comment tu sais ?
-Ça fait deux semaines et trois jours pour être exact que je parle seul avec un miroir. Crois moi, j'ai eu le temps de retourner toutes les possibilités dans ma tête.
-Je veux te voir. Je ne sais même pas qui tu es, répondit Hermione.
-Je ne peux pas. En ce moment j'ai quelque chose d'important à finir. Mais crois-moi, moi aussi je meurs d'envie de te voir. Et je ne pourrai plus te parler le soir non plus, dit Drago en réalisant à quel point ce serait difficile. Vis ta vie, continua-t-il. Quand j'aurai fini, je te trouverai.
-Tu ne peux pas me faire ça maintenant ! Dit Hermione. Je me torture pendant tout ce temps, et quand je te dis enfin ce que je ressens, tu m'annonces qu'on ne se parlera plus, qu'on ne se verra pas ? Ces semaines ont été les pires de ma vie. Je t'ai écouté tous les jours, me maudissant de ne pas avoir la force de te dire que je t'aimais.
-Je n'ai pas le choix. Si tu savais comme je t'aime. S'il te plaît, ne cherche pas à me retrouver avant que j'ai fini, sinon je ne pourrai pas résister. Et je dois vraiment finir cette chose.
-Combien de temps cela va-t-il durer ? Demanda Hermione.
-Je ne sais pas, des semaines, des mois ? Belladone, mes pensées seront tournées vers toi chaque minutes. Mon énergie toute entière sera consacrée à te retrouver plus vite. Je t'aime Belladone. Ne m'attends pas. Dis-toi que tous les jours nous foulerons le même sol, que mes pas accompagneront les tiens.
-Je t'aime César.

Belladone, ma Belladone, ton poison emplit mon cœur. 


Chapitre : Viendras-tu ?, écrit le 08/08/2011

Chaque jour Drago se rendait dans la salle sur demande. Il avait décidé de mettre toutes les chances de son coté. Crabe et Goyle l'accompagnaient à chaque fois que c'était possible pour faire le guet. Ils ne s'étaient pas montrés très coopératifs au début mais dès qu'il avait révélé la marque et expliqué que c'était une mission pour le Seigneur des ténèbres ils avaient fait tout ce qu'ils pouvaient pour l'aider. C'est exactement le genre de pouvoir qu'il pensait obtenir en devenant mangemort.

Drago se rappelait avec effroi et orgueil le jour où on lui avait confié cette mission : Tuer Dumbledore et ouvrir la voie aux autres mangemorts pour une attaque de Poudlard. C’était lui que Voldemort avait choisi. Lui, Drago Malefoy. Il était un des plus jeunes à qui une mission de cette envergure avait été confiée. Il n’avait que seize ans mais il avait déjà l’étoffe d’un mangemort de premier plan. Il revoyait l’événement, se remémorant chaque détail. Dans le salon du manoir, tous les habitués qui n’étaient pas en mission étaient là. Ici ils ne portaient pas de robe noire, pas de masque. Mais tout était cependant solennelle. Pour Drago qui avait grandi dans cette maison, l’atmosphère des lieux avait pris une note plus dramatique. Les pierres nues et noires des murs n’avaient jamais fait un décors si sombre. La grande cheminée, l’immense table en bois massif qui se tenait au milieu, tout était à l’image de la grandeur du maître. Les tableaux accrochés aux murs et les armes de la famille donnaient à l’ensemble un certain raffinement qui faisait honneur au mage noir. Sa tante Bellatrix l’avait poussé vers le sorcier quand il l’avait appelé. Voldemort avait exposé son plan. Il fallait qu’une partie d’entre eux pénètre dans l’école. Qui serait envoyé pour préparer la voie ?
-Je te laisse le choix de la méthode. Trouve comment détourner les protections de l’école pour que nous puissions chercher ceux qui s’y terrent.
-Je ne vous décevrai pas, avait-il dit.
-Tu n’as pas le choix. Personne ne me déçoit sans en payer le prix. Mais devant tant de courage, je te donne ce privilège : c’est également à toi que je confies la tâche de tuer Dumbledore. Il est le plus sérieux obstacle entre nous et Potter.
Le nettoyage de cette magie décadente se ferait dans le sang et les larmes, et seul un maître comme Voldemort avait l'étoffe pour mener cette guerre.

C'est ce que s'était dit Drago à l'époque. Mais plus le temps passait, et plus il voyait se dessiner la vérité à la lueur de l'amour qu'il avait pour Belladone. Voldemort ne cherchait que le pouvoir. C'était un être malfaisant qui lui faisait peur. Et plus cette idée prenait de l'épaisseur, plus le choix qu'il avait fait le dégoûtait. Mais il était enchaîné dans les chaînes de la mort. Toute sa famille avait cru en la suprématie d'une magie plus pure. C'était un choix collectif, il ne pouvait se retirer du jeu sans que chaque pion n'en subisse les conséquences. Et surtout il avait fait le choix de vivre, et d'aider Belladone, même si elle le détesterait certainement quand elle saurait qui il était. Pour cela il devait réussir sa mission. Et c'est ainsi qu'il continua ses efforts, progressant de jour en jour, ne se relâchant pas. Le soir la tentation était forte de prendre le miroir et de parler à celle qui était en tout temps dans ses pensées. Mais il résistait. Plus forte était la tentation de lui parler quand il la croisait dans l'école. Mais tous ses plans échoueraient si quelqu'un s'apercevait de son lien avec elle. Comment devenir quelqu'un d'influent dans l'entourage du maître si on était suspecté d'avoir des sentiments pour une sang-de-bourbe.

La dernière couche. Il était enfin arrivé à la dernière couche. Drago exultait. Se pouvait-il qu'il y soit arrivé, enfin. Tel un bœuf sous le joug, avançant tête baissée et ne voyant que les quelques centimètres qui le précédaient, Drago avait travaillé d'arrache-pied. Il colmatait maintenant la dernière fêlure. Avant de se jeter dans l’armoire comme le premier des cracmols, il se remémora les conseils de son père. D'abord l'inanimé, ensuite l'animal, et seulement après le sorcier.
Il fît apparaître l'aura verte qui lui indiquerait si le sort était entier. Elle était lumineuse, sans discontinuité. Il pouvait la tester. Il sortit de sa poche la pomme qu'il avait mise de coté pour manger ce soir car il voulait finir ce travail maintenant, et ne comptait pas passer à table. D'autant que c'était la soirée de Slughorn, il ne verrait donc pas Hermione. Drago regarda la pomme, elle était belle et ronde. Il la posa dans l'armoire et ferma la porte. L’excitation montait en lui. C'était une vague de tension qui le parcourrait. Il allait franchir la première étape.

Il ouvrit la porte. La pomme n'était plus là. Il la referma. Faites que cela fonctionne, se dit-il. Il rouvrit la porte. Son cœur frappait d'un battement sourd dans sa poitrine. Le sang cognait dans ses tympans. Et tout s'arrêta. La pomme n'était pas intacte. Qu'est ce qui n'allait pas ? Drago essayait de comprendre. Il n'en pouvait plus. Il ne voulait plus rien faire ce soir. Seulement voir Belladone. Il était peut être encore temps. Il sorti précipitamment de la salle sur demande.
« Désolé les gars, je ne peux pas rentrer avec vous, j'ai un truc très urgent à faire », dit-il en partant en courant. Goyle lui demanda si ça avait avancé, il répondit sans se retourner que c'était comme d'habitude.

Drago courrait dans les couloirs vides de Poudlard. Il voulait la voir. Maintenant. Il n'en pouvait plus. Il ne supportait plus de ne pas l'entendre. Il ne supportait plus que le moment où il la verrait soit repoussé une nouvelle fois. Le bruit de ses pas retentissait sur son passage, heurtant les murs dans un léger écho. Belladone attends moi. Belladone ne parts pas. Encore quelques minutes.
Drago s'engouffra dans la salle commune des serpentards, franchît la porte du dortoir, se jeta sur le miroir. « Belladone ».

Hermione s'était préparée pour la soirée de Slughorn. La mort dans l'âme elle avait enfilé la superbe robe qu'elle avait achetée pour l'occasion. Rose pâle, courte aux genoux. Plutôt élégante, mais pas provocante. Elle avait pensé à César en l'achetant. Mais il ne s'était toujours pas manifesté. Elle se regarda une dernière fois dans le miroir puis partit.

Drago avait appelé en vain. Pourquoi fallait-il que tout soit aussi compliqué. Elle était déjà partie. Drago jura. Ce fût le juron le plus long et le plus grossier qu’il n’ai jamais prononcé. Il se ressaisit rapidement. Il pouvait aller directement à la fête de Slughorn et trouver un moyen de lui parler. Mais comment faire ? Il fallait que César se montre, mais pas Drago. Rentrer serait une autre question puisqu’il n’avait jamais été question qu’il soit invité. Si son père n’avait pas eu tous ces ennuis, il n’aurait même pas à se poser la question, il serait actuellement à parler chaudron avec quelques célébrités triées sur le volet. Il fallait qu’il trouve Hermione, sans quoi il ne savait pas quand il pourrait à nouveau lui parler. Il se dépêcha de rejoindre l’aile où le professeur de potion avait élu domicile. Il trouva un endroit un peu en retrait pour attendre. Il vît passer plusieurs couples qui se rendaient à la réception. Il fallait qu’il attende que tout le monde soit rentré. Soudain la voix de Belladone lui parvînt. Elle était bien entendu en compagnie de McLaggen. Leurs pas se rapprochaient. Il ne bougea pas. Le couple le dépassa sans le voir. Il aurait fallu qu’ils se retournent pour cela. Drago avait quelques secondes pour agir. C’était une chance inespérée, il ne pourrait dire que quelques mots. Il pointa sa baguette sur McLaggen et chuchota «Confundo ». Celui-ci s’immobilisa tandis ce qu’Hermione se retournait brusquement.
-Toi !
-Belladone dis moi où te retrouver ?
L’expression outrée d’Hermione se mua en stupeur. Elle bredouilla :
-Si tu vas à gauche, j’ai remarqué qu’il y a une fenêtre à barreau qui donne sur le couloir. Attends moi, je t’y rejoindrai.
Drago lui fit signe d’y retourner. McLaggen commençait à redevenir lucide.
-Où en étions nous, ah oui, la dernière manœuvre de Ginny à l’entrainement. D’ailleurs tu devrais venir plus souvent nous voir jouer. Les entrainements sont vraiment cool.
-Harry me l’a déjà proposé plusieurs fois, mais tu sais moi les entrainements c’est pas mon truc.
-Y a pas eu un bruit là ?
-Non, non. Répondit Hermione qui faisait tout ce qu’elle pouvait pour ne pas paraitre bouleversée.
-Bon tant pis, dit McLaggen en reprenant : si tu t’ennuis aux entrainements c’est parce que tu es jamais venue quand je jouais…
Hermione se retourna discrètement profitant du monologue de son cavalier. Drago était toujours là. Comment se pouvait-il qu’il soit César ? Comment avait-elle fait pour ne pas reconnaître sa voix ? Mais surtout, comment pouvait-il continuer à l’aimer alors qu’il savait qui elle était ?
Hermione et Cormac rentrèrent dans la salle où se tenait la réception. Cormac ralentit avant de franchir la porte.
-Hermione, je ne te l’ai pas dit quand je t’ai vue tellement ta beauté m’a foudroyée sur place. Mais tu es magnifique ce soir. J’en tremble presque comme un arbre à Pipaillon.
-Et bien merci. Dit Hermione en passant le pas de la porte.
Un arbre à Pipaillon et puis quoi encore ? La phrase romantico-cretino qu’elle avait entendue déjà trente fois dans les couloirs de l’école. McLaggen lui faisait déjà du rentre-dedans. Le soirée promettait d’être merveilleuse. Et c’était maintenant que César débarquait.

McLaggen était insupportable, il enchainait compliments et vantardise sans aucune transition. Hermione savait que derrière la fenêtre Drago attendait. Elle n’avait qu’à se glisser derrière le rideau qui cachait l’ouverture pour lui parler. Mais son cavalier était aussi collant qu’un Bubobulle et presque aussi séduisant. Elle lui demanda de lui ramener un de ces gâteaux bizarres qui couvraient la table du buffet et en profita pour filer.

-César ? Chuchota-t-elle.
Elle ne le voyait pas.
-Belladone, désolé si je ne me montre pas, je suis plutôt persona non grata ici.
Après tout, parler à quelqu’un qu’elle ne voyait pas ne l’avait pas dérangé au début. Ils continuèrent donc, séparés par un mur, se tenant près de l’ouverture.
-Tu as réglé ton problème ?
-Je t’expliquerai plus tard, j’imagine qu’on n’a pas beaucoup de temps. Il faut vraiment qu’on se parle. Mais je ne veux plus utiliser le miroir.
-Moi non plus. Je n’arrive pas à faire le liens entre le Drago que je connais et César, gémit Hermione. Pourtant j’ai l’impression de connaitre César par cœur.
-Tu sais autant que moi où se trouve la salle sur demande puisqu’on s’y est croisés grâce à Ombrage.
Le souvenir de l’arrestation des membres de l’AD revint à la mémoire d’Hermione.
-Oui, je m’en souviens.
-Rejoints moi là-bas après la fête. Demandes une salle où me trouver. Si je demande une salle où t’attendre ça devrait suffire. Viendras tu ? Je veux dire maintenant que tu sais qui je suis ? Demanda Drago inquiet.
-Oui, qui que tu sois, ça ne change rien. J’aime César. Je l’aime plus fort que tout.
Drago n’eût pas le temps de répondre, Harry venait de passer derrière le rideau. En entendant la voix de celui qu’il ne supportait pas, il comprit qu’il ne pourrait pas en dire plus à Hermione pour le moment. Il devrait faire preuve de patiente. Encore. Il rebroussa chemin.

-Hey toi, tu crois que je ne t’ai pas vu ? Tu crois que tu peux t’introduire comme ça à la fête sans autorisation ?
C’était la voix grinçante de Rusard. Drago ne pouvait pas faire demi-tour sans passer devant la fenêtre, et Potter y était peut être encore. Alors humiliation pour humiliation, autant qu’elle ait lieu avec le gardien plutôt qu’avec Harry et le tout devant Hermione.
-Oui bon OK, j’ai pas le droit d’être dans cette aile à cette heure-ci, dit-il avec tout le mépris qu’il avait pour les cracmols.
-Tu vas pas t’en tirer comme ça. Allez viens, on va directement en parler au professeur concerné, je sens qu’il va adorer, siffla Rusard.
« Et mince » pensa Drago. Rusard l’avait pris par la col et le trainait vers la porte d’entrée. Inutile de se débattre. Drago avait déjà toutes les peines du monde à rester digne. Dans cette position ce n’était pas la chose la plus facile.
 

Chapitre : Le plus mauvais choix de ma vie, écrit le 08/08/2011
Que les minutes qui avaient suivies avaient été humiliantes. Rogue était là et l’avait sorti de cette situation délicate. Mais s’en était suivi une longue conversation. Rogue voulait l’aider. Mais il devait s’en sortir tout seul, sans l’aide d’aucun autre mangemort, fusse-t-il Rogue lui-même. La gloire ne devait revenir qu’à lui. Ce professeur avait été d’une aide inestimable au cours de sa scolarité, mais être confronté à lui avait révélé un point important auquel il n’avait pas pensé dans l’élaboration de son plan. Il pouvait remplir ses missions avec autant de brio qu’il le voulait, il ne pourrait en revanche jamais cacher les causes de son obéissance à Voldemort. Le Seigneur des ténèbres pouvait percer à jour tous les mensonges. Oui il avait résisté à Rogue. Il l’avait fait de toutes ses forces pour protéger Hermione. Il était même surpris d’avoir réussit à ne pas plier devant les talents de légimentie de son mentor. Mais devant Voldemort en personne ce serait une autre affaire. L’entretiens s’était fini de façon houleuse. Rogue lui reprochait de ne pas se rendre à ses convocations. La vérité était qu’il n’avait ni le temps, ni l’envie et les avaient systématiquement oubliées. Le professeur avait également évoqué les soupçons qui pesaient sur lui pour la tentative ratée du collier d’Opale. Il avait avoué à sa mère cet échec, mais il ne l’avouerait certainement pas à Sévérus Rogue. Drago était en colère. Le fait que son professeur essaye de lire dans ses pensées, s’apprêtant à découvrir le changement qui s’était opéré en lui, l’avait mis hors de lui.

C’est donc furieux qu’il rejoint la salle sur demande. Avec tout le temps qu’il avait passé avec Rogue, il n’aurait pas été surpris de voir Hermione très bientôt. Au moins il n’aurait pas à attendre des heures.
Une salle pour attendre Belladone.
Une salle pour attendre Belladone.
Une salle pour attendre Belladone.
La salle était là. Une petite porte en bois, barrées d’arabesque métalliques. Drago entra. Il n’y avait rien s’extraordinaire dans cette pièce. Elle n’était pas très grande, les murs étaient couverts d’un papier peint défraichit dans les tons pastels. Au centre se trouvait une table en bois assez grossière. Drago fût surpris de voir qu’un repas avait été servi. Il n’avait pas eu besoin de penser qu’il avait envie de manger. La salle était pleine de ce sont il avait vraiment besoin. Et il avait faim. Il s’assit et commença à manger. Ce n’était pas délicieux, mais c’était nourrissant. Rien que ce dont il avait besoin, la salle ne faisait pas de zèle. Drago finit son assiette et attendit. Il fini par sursauter en entendant un bruit. Elle était là. La porte s’ouvrit et Hermione apparue, vêtue de sa robe de soirée. Elle était belle comme un matin de printemps. Drago dans son costume sombre contrastait fortement. Maintenant qu’elle était en face de lui, il ne savait plus quoi faire. Qu’allait-elle penser de lui ? Que devait-il dire? Il n’avait pas d’expérience dans ce domaine. Et puis zut, pensa-t-il. Il n’avait pas l’intention de la mettre dans son lit, ne craignait pas les rumeurs, n’avait jamais été passionné par les discussions sur « ce qui rend folle les filles ». Drago était à cent lieux de se préoccuper du classement des meilleurs embrasseurs de l’école. Non, vraiment.
-Tu es venu.
-Oui, je n’aurais raté ça pour rien au monde.
Hermione s’approcha de lui et posa sa main sur son visage.
-Comme il est étrange de penser que tu es César.
Ses doigts caressaient ses joues, puis son menton, passa sur l’arrête de son nez. Elle continua.
-Je ne pensais pas qu’un jour en te regardant je puisse ressentir ça.
-J’ai eu tout le temps quant à moi de te regarder, tout le temps de me faire à l’idée que c’était toi que j’aimais. C’était dur de te voir sans pouvoir te parler.
Hermione s’approchait dangereusement.
-Embrasse moi.
Drago se pencha légèrement et posa sa bouche sur sa joue. Puis lui chuchota à l’oreille.
-Il n’y aura pas de fin heureuse Belladone.
Hermione prit son visage dans ses mains et l’embrassa. Sa bouche était collée sur les siennes. Elle semblait prête à le dévorer, l'embrassant encore et encore. C’était comme une caresse, comme une morsure. C’était exaltant autant que gênant. Drago ressentait comme une douleur sourde logée au creux de son ventre. Il enfouit ses doigts dans ses cheveux et en retira toutes les épingles. Il sentit les mains d’Hermione l’étreindre, sortir sa chemise de son pantalon pour passer les mains dans son dos. Elles étaient froides. Drago fut parcouru d’un frisson. Il sentit la langue d’Hermione commencer à caresser ses lèvres. Il ne maîtrisait plus rien. Il s’écarta d’un bon en criant presque « Non ! »
Devant l’air inquiet et surpris d’Hermione il refit un pas en avant et la prit dans ses bras.
-Je suis désolé, je ne peux pas. Tu as peut être seulement envie de m’embrasser, mais si tu franchis cette limite, j’aurai envie d’autre chose. Enfin non pour être honnête j’ai déjà envie d’autre chose. C’est la seule fois que nous nous voyons, je ne veux pas que ça se passe comme ça.
Hermione eut un mouvement de recul.
-Comment ça, c’est la seule fois que nous nous verrons ?
Drago recula et sans un mot déboutonna sa chemise. Il l’enleva complètement laissant apparaître la marque des ténèbres tatouée sur son bras.
Hermione heurta le mur en reculant. Elle contemplait le symbole de l’allégeance au Seigneur Voldemort. L’horrible serpent qui sortait de la bouche de la tête de mort semblait la narguer.
-Non, dis moi que c’est faux, dit-elle des larmes dans la voix.
Elle se laissa tomber, glissant contre le mur jusqu’au sol.
-Pourquoi, pourquoi tu as fais ça ?
-Je pourrais te dire que je n’avais pas le choix, que la pression familiale était là, mais ce serait faux, dit-il en s’asseyant à coté d’elle. Je n’ai regretté ce geste que quand je me suis rendu compte qu’il nous séparerait. Mais j’étais trop stupide à l'époque pour m'apercevoir que par lui je vendais mon âme.
Hermione posa sa tête sur sa poitrine, elle était secouée de sanglots.
-Tu pourrais changer de camps, tu pourrais chercher la protection de Dumbledore.
Drago lui caressait les cheveux, il regardait droit devant lui, subissant de plein fouet les conséquences de ses actes.
-Toi qui est l’amie de Potter, tu sais comme moi pourquoi il est célèbre. Il est celui qui a survécu. Je peux te garantir que son titre vaut largement la renommée qu’il a. Personne n’échappe au Seigneur des ténèbres. Tôt ou tard il vous rattrape et votre fin est alors terrible. Mais il ne sera pas dit que ma servitude était vaine, dit Drago en baissant la voix
On n’entendait plus que les sanglots d’Hermione.

-Si nous sortons maintenant et que je me fais coincer par Rusard à nouveau, je suis mort, dit Drago.
-Restons là si tu le veux. Je trouverai bien un sort demain matin pour rendre mes vêtements un peu plus passe-partout, proposa Hermione en essuyant ses yeux.
-Si j'avais été McLaggen j'aurais fait la demande explicite d'un lit et nous aurions pu dormir plus confortablement, dit Drago en riant brièvement.
-Ne me parle plus de lui, j'ai mis un temps fou à m'en débarrasser. Rappelle moi de ne plus jamais avoir d'idée aussi stupide.
Hermione s'installa contre Drago, assise entre ses jambes et ne tarda pas à s'endormir. Lui ne s'endormit pas. Les bras autour d'elle il profitait de chaque seconde passée en sa compagnie. Il goûtait à la joie d'avoir ses cheveux en bataille contre son torse et d'entendre sa respiration lente et profonde. Le matin arriva plus rapidement qu'il l'aurait pensé.

-Drago ? Tu dors ? Demanda Hermione en ouvrant les yeux.
-Comment dormir ? je ne voulais pas perdre ce temps précieux, dit il en caressant ses cheveux.
Elle se tourna comme elle le pouvait.
-Sérieusement, tu n'as pas dormi ? Demanda-t-elle.
Pour toute réponse il l'embrassa. Elle se leva et s'étira. Drago détendit ses jambes et les fit bouger. Il se déplia complètement. La nuit avait été agréable mais ses membres étaient maintenant un peu douloureux.
-Alors, voyons si cette salle fournit vraiment ce dont on a besoin, dit-il en parcourant le petit espace du regard. Il y avait un placard qu'il n'avait pas fouillé de l'autre coté de la table. Il l'ouvrit et trouva un plateau avec un petit déjeuner.

Drago s'installa et commença à manger avec Hermione. Il la dévorait des yeux. Quand ils eurent fini leur repas Hermione commença à s’intéresser à son apparence. Avec quelques sorts elle réussit à rendre sa robe un peu plus quelconque. Les chaussures quant à elles et passèrent d'élégants escarpins à chaussures fermées sans talons. Drago la regardait se transformer. Il avait renfilé sa chemise. Il était temps. Il pointa sa baguette.
-Oubli...
-Expeliarmus riposta aussitôt Hermione.
La baguette de Drago vola dans les airs.
-Qu'est ce que tu avais l'intention de faire ? Demanda Hermione en colère.
-Je dois le faire. Il n'y a pas d'autres solutions. Tu sais trop de choses sur moi, et si nous continuons à nous voir le Seigneur des ténèbres n'aura aucun mal à lire en moi. Tu dois devenir un souvenir lointain. Je ne dois plus souffrir en pensant à toi, sinon ce sera la première chose qu'il verra en moi.
-On a toujours le choix Drago, répondit-elle d'une voix froide. Si tu avais du courage...
-Parle moi de courage Hermione, la coupa-t-il. Tu me demandes de quitter les mangemorts pour toi, mais est ce que tu serais prête à t'allier aux ténèbres pour moi ? Hurla Drago.
-Non, parce ce qu'ils font est mal. Tu sais comme moi faire la différence entre le bien et le mal.
-En les quittant je ne pourrais pas faire le bien. Un mort ne fait pas le bien, il ne fait rien.
Drago avait plaqué Hermione contre le mur en disant ces mots.
-Tu crois qu'on pourra être ensemble et heureux si je quitte les ténèbres ? Tu te trompes. Nous ne pourrons jamais être ensemble. Jamais. Et je souffre à cette idée à chaque fois que je te vois. Tu mange, je souffre, tu ris, je souffre, tu me dépasse sans me voir, je souffre.
Drago avait arraché sa baguette des mains en lui disant ces mots. Il la tenait toujours plaquée contre le mur.
-Je ne veux pas te perdre. Je ne veux pas te croiser et te regarder avec dédain comme je l'ai toujours fait, répondit Hermione.
-Tu oublieras César, et tu regarderas Drago avec dédain. Et c'est ce qui sauvera ma vie et ta vie. Belladone, je t'aime.
Il l'embrassa une dernière fois. Ce fut un long baisé intense et profond. Certainement pas le mieux sur la liste des performances des embrasseurs de Poudlard. Mais le plus sincère et le plus désespéré.
-César, je t'en supplies. Gémit Hermione.
Drago pointa la baguette d'Hermione sur elle et prononça les mots qui tueraient César. Finalement il utilisait un sort bien plus complexe qu'oubliette. Un sort où il pouvait avec ses faibles connaissances en Légimencie détricoter toute la soirée. Il enlevait tous les souvenirs qui avaient trait à lui, toutes les angoisses. Il revécu la soirée au travers des yeux d'Hermione. Oh par Merlin, la prochaine fois qu'il croiserait McLaggen, il trouverait une excuse pour lui casser la figure. Il arriva à leur rencontre dans la salle sur demande. Bien sur il se reconnaissait, mais dans le regard d'Hermione il paraissait anormalement beau comme un ange avec son visage pâle, ses cheveux presque blancs. Il continuait d'enlever tous les souvenirs, un par un jusqu'à l'instant présent. Puis il lui jeta un sort de confusion, ouvrit la porte et la poussa gentiment dehors. Elle marchait comme un être sans âme. Il lui rendit sa baguette, lui embrassa le front et rentra dans la salle sur demande en refermant la porte derrière lui. Il y avait une clé sur celle-ci, par mesure de précaution il la tourna. Il entendit Hermione parler tout haut. Il l'entendit s'interroger sur un éventuel somnambulisme, puis partir. Seul dans la salle, Drago pleura.



Épilogue :
Ils t'ont amenée Belladone, toi ainsi que Weasley et Potter affreusement défiguré. J'ai dit que je ne le reconnaissais pas. Mais ça n'a pas suffi mon aimée. J'ai assisté impuissant à ta torture. Cela fait si longtemps que je joue ce jeux. Mes yeux étaient secs mais mon cœur pleurait. Je ne faisais tout simplement pas le poids devant ma malade de tante. Il fallait endurer, t'entendre hurler. Je savais que je pourrai vous aider à vous enfuir si on vous laissait un peu de répit. Et puis c'est arrivé. J'ai reconnu Dobby, notre ancien elfe de maison. Et Weasley et Potter ont fait ce que je n'avais pas eu le courage de faire. Belladone, tout cela a été vain. J'ai été le plus piètre des protecteurs, incapable de te défendre quand il le fallait. C'était le moment, j'ai fait semblant de résister, me battant avec hargne aux cotés de mon père mais manquant toujours ma cible. Et c'est tout ce que j'ai fait pour toi. Vous êtes partis. Je me suis senti minable. Je t'ai perdu au moment où j'ai suivi mon père. Je t'ai perdu à nouveau à chaque fois que j'ai manqué de courage. Ce Weasley est peut être le dernier des abrutis, mais il te mérite plus que moi. Ma Belladone, mon aimée, pardon.