mercredi 28 septembre 2011

Epilogue

La musique lui parvenait au loin. Elle se contemplait une dernière fois dans le miroir.
-Trop petite, pas assez jolie, qu'est ce qu'il a bien pu lui trouver... Où avait-il la tête ?

Elle se parlait toute seule dans cette grande chambre somptueuse, détaillant sa coiffure, les plis de sa robe, défroissant son col du plat de la main. Quelqu'un frappa à la porte, l'arrachant ainsi à son auto flagellation. Sans attendre de réponse, Drago rentra. Il était élégant, il avait l'air sûr de lui, même légèrement arrogant. Dans sa robe de sorcier chic il avait l'air d'un jeune sorcier influent du ministère.

-Tu es prête Hermione ?
-Pourquoi tu me poses cette question ? Tu sais bien que non, dit-elle en tripotant le nœud papillon de son fiancé. Bon j'arrête d'essayer d'arranger ton nœuds, il est tout tordu maintenant.
-Pire qu'une veille d'examen. Je t'ai jamais vu aussi stressée.
-Mais c'est un examen Drago, c'est le grand oral, devant un jury d'une centaine de personne, de journalistes, de quelques filles qui aimeraient être à ma place.
-Allez, détends toi, dis-toi que quoi que tu fasses, ils ne t'aimeront pas. Inutile de te mettre la pression.
-C'est tout ce que tu trouves pour me rassurer ?
Drago éclata de rire, ce qui n'effaça pas l'air maussade d'Hermione, elle se replaça face à la coiffeuse. En l'enlaçant il posa sa tête au dessus de son épaule, ils regardaient maintenant tous les deux leur reflet.

-Tu es magnifique dans cette robe, tu sais qu'elle me fait un peu penser à celle que tu portais le soir où Belladone a rencontré César ?
-Mais elle n'a rien à voir, elle est longue, plus vaporeuse, les manches sont aux coudes...
-Non, mais c'était un peu dans ce genre de couleur, rose, mais pas un rose moche, tu vois ce que je veux dire ?
-Pas du tout, elle était rose pastel, celle-ci est saumon.
-Heureusement que tu détestes la mode et le shopping.
-C'est habile de ta part de faire diversion comme ça. Mais ça ne marche pas, je pense toujours à l'armée de requin qui m'attend en bas. Allez, je souffle un grand coup et on y va, dit-elle en inspirant profondément.
-Je t'aime ma chérie. Tu as lu tout ce qui existait sur l'étiquette, tu es sublime ce soir et tu as combattu des monstres bien plus effrayants. Je suis sûr que les journalistes taperont bien plus sur ma famille qui est à Azkaban, que sur la pureté de ton sang... Ce ne serait pas politiquement correcte d'en dire du mal. Les vieilles tantes qui sont là ce soir n'ont pas de carte de journalisme, donc rien à craindre. On y va ?

Drago tendit son bras à Hermione, l'invitant à descendre. Elle s'y accrocha, se redressa et commença à rentrer dans le rôle qu'elle occuperait toute la soirée. Ils sortirent de la chambre, marchèrent jusqu'à l'escalier monumental qui menait à la grande salle. Personne ne les voyait pour le moment, mais dans un instant ils allaient sortir de l'ombre et rentrer dans la lumière. Drago se raidit.
-Dis moi que ce n'est pas vrai, il est venu...
-Qui ?
-Mon père.

Hermione posa son pieds sur la dernière marche. Le silence se fît. Relevant légèrement sa robe de sa main libre, la jeune fille entreprit de descendre, mais quelque chose la retenait. Derrière elle, son fiancé était resté immobile.
-Allez Drago, c'est notre entrée là, souffla-t-elle. Oui, ton père est venu. C'est le jour des fiançailles officielles de son fils unique. Quoi que tu dises il ne te déteste pas et un jour il sera à nouveau fier de toi. Et ça commence maintenant. En route.
-Je déteste quand tu fais ta maman Hermione.
-Et moi quand tu fais ton enfant.

Une rumeur commençait à gonfler dans la salle. Ils se regardèrent, les yeux dans les yeux. Ce fût comme un signal. Drago descendit à la hauteur d'Hermione.

Ils étaient radieux, c'était le couple le plus en vu du moment, le plus mystérieux, le plus emblématique. Certains disaient que c'était une mise en scène, d'autres défendaient la sincérité des deux futurs fiancés. La plume à papotte de Rita Skeeter écrivait frénétiquement.

« Le couple est trop parfait pour être vrai. Miss Granger qui a assurément bénéficié d'un efficace conseiller en image s'avance avec une grâce nouvellement acquise vers la foule d'invités. Nul n'oubliera qu'elle a été tour à tour la petite amie du champion de Quidditch Viktor Krum, de l'élu Harry Potter lors de sa scolarité à Poudlard, puis du non moins célèbre Ron Weasley, lui aussi grand nom du Quidditch. Il semblerait qu'elle se tourne vers un autre type de célébrité désormais.
Quant au jeune Malefoy -qui se laisse malheureusement aller depuis quelques années- il a marqué un temps d'hésitation lors de son entrée. Cela serait-il signe d'un début de regrets ? La mascarade a-t-elle déjà trop durée pour lui ? 
Quoi qu'il en soit, ce couple est trop lisse, trop beau et trop parfait pour être vrai.»




FIN



vendredi 23 septembre 2011

Dimanche

Le soleil était déjà haut dans le ciel et malgré les volets fermés, une large raie de lumière entrait dans leur chambre. Ils s'étaient couchés tout habillés. Les vêtements d'abords trempés de sueur, puis séchés sur la peau, collaient. Hermione se sentait un peu vaseuse et ses yeux la tiraillaient légèrement. Ce rayon de soleil impertinent l'avait réveillée quand sa course s'était arrêtée sur ses paupières closes. Elle s'étira et tenta de se rendormir en se retournant, mais le sommeil l'avait définitivement fuit. Le grincement du lit s'accorda avec le craquement de son dos. Une douleur sourde se logea entre deux vertèbres. Se contorsionnant d'un côté et de l'autre elle tenta de s'en séparer, mais le mal ne la quitta pas. La salle de bain était son refuge. Il fallait se laver de la crasse et de l'engourdissement. L'eau coulait, finissant de la réveiller complètement. Elle entreprit même de laver ses cheveux emmêlés. La magnifique chevelure de naïade avait disparu dans la nuit. Il n'y avait plus que nœuds et transpiration.

Elle sortit toute fraîche et parfumée de sa longue douche. Drago lui était toujours affalé dans leur lit, sur le ventre, la bouche légèrement entre-ouverte. Hermione s'assit près de lui en se frottant les cheveux dans une serviette. Elle avait enfilé un simple tee-shirt blanc mais avait fait l'effort de se maquiller. On était peut être un lendemain de mariage, mais il n'était pas question d'offrir un visage brouillé et une gueule de bois qu'elle n'avait pas aux autres habitants de cette maison.

Dans un grognement Drago se retourna, mais ne sembla pas se réveiller. Ses paupières étaient obstinément fermées. Il avait l'air différent. Ses cheveux en pagaille étaient si fins et si souples qu'ils glissaient sur son visage sans fouillis. C'était tout le contraire d'Hermione. Elle le regardait avec ravissement, à cet instant on aurait pu lui présenter n'importe quelle star sorcière ou moldue, pour elle le plus ravissant des spectacles aurait été celui qui s'offrait à elle : Drago endormi, les cheveux gras et la peau moite. Elle caressa son visage du bout des doigts et dit pour elle même

« Maintenant nous sommes responsables de la réussite ou de l'échec de notre couple. »

Il y avait quelque chose de solennelle pour elle dans la formulation de cette phrase. Plus aucune malédiction ne pesait sur leurs épaules, ils étaient libres de s'aimer, et elle avait coscience que ce serait parfois quelque chose de difficile à vivre au jour le jour. Mais elle se sentait la force de lutter pour ce qu'elle savait être la plus importante décision de sa vie.

Drago grimaça, il n'appréciait pas le contact de ce doigt sur son visage apparemment. C'était une caresse pourtant. Hermione enleva la serviette de ses cheveux et s'approcha de son fiancé. Elle se blottit contre lui.
-Hermione, c'est à toi ces cheveux tout mouillés qui viennent me dégouliner dans le cou ?
-Désolée.
-J'espère bien que tu es désolée, j'étais dans les bras d'une sublime créature quand un truc tout humide m'a sorti de mon rêve. La Hermione de mon rêve avait les cheveux secs elle au moins.
-Mais est-ce que la Hermione de ton rêve était en train de t'embrasser ? Dit-elle en lui déposant un baiser sur les lèvres.
-Si tu savais...

Elle éclata de rire en lui sautant dessus.
-Habile façon de me faire sortir de mes retranchements.
-J'espère que j'ai pas besoin de te mettre en concurrence avec quelqu'un, fusse-t-il avec toi même, pour que tu te montres tendre. Je croyais que ça te rendait furieuse au contraire.
-Oui évite de me refaire le plan de Caroline... Tu sais qu'il est très sexy ton pyjama ? Tu devrais le mettre plus souvent.
-Quoi ? Plus sexy que Drago en slibar, Drago en redingote ? Je suis très déçu... Moi qui croyait que c'était une semaine de vision de mon beau corps musclé qui t'avait rendue folle de moi.
-Allez, trêve de discussion, vas laver ton beau corps musclé qui pue, et ensuite on va bruncher avec les autres.
-Quoi, je pue ? Non mais je ne te permets pas !
-Non bien sûr, j'adore la subtile odeur de mâle qui se dégage de toi, répondit-elle en mimant le chaland qui se rempli les poumons devant la mer. À la réflexion c'est marrant, ça me rappelle notre première nuit ensemble. Du coup c'est pas complètement désagréable.
-Vrai ? Alors je suis plus obligé d'aller me laver ?
-Si ! Dit-elle en le poussant du lit
-Mettons les choses au clair, je suis un gentleman, très à cheval sur l'hygiène, d'ailleurs je...
-Oui oui, c'est ça, acheva Hermione en refermant la porte de la salle de bain.

Elle entendit le verrou magique se fermer.
-Dis, c'est stupide, mais je peux reprendre ma douche avec toi ?
-Non, dit une voix étouffée.



En arrivant dans la salle à manger, Hermione constata que personne n'était encore levé mis à part les mariés. La table était donc encore parfaitement présentée, débordant de mets délicieux. Cet elfe de maison français avait l'air de parfaitement remplir ses fonctions. Hermione pensa avec regret au fait que malgré toutes les évolutions en la matière, aucun elfe de maison ne s'était destiné à autre chose qu'à l'intendance des maisons sorcières pour le moment. C'était une pitié. Elle prit place à côté de Harry. Quand Drago les rejoignit il s'assit à côté d'elle.

-Alors cette nuit ? Reposante ?
-Extrêmement.
-Et Emma ?
-Pas de contraction, répondit-elle joyeusement.
-Est-ce que je dois partir ? Demanda Drago en commençant à faire racler sa chaise sur le sol.
-Non, ne t'inquiète pas, je vais pas faire de consultation sur la table du petit-déjeuné.

La nourriture reposait en abondance sur la table, mais aucun n'avait vraiment faim. Ils évoquaient tous les délices dont ils avaient profités la veille et qui expliquaient leur manque d'appétit. Un léger malaise planait et tant que personne d'autre n'était arrivé, ils prirent soin de ne jamais laisser le silence s'installer. Ginny fît son entrée, ce qui porta leur nombre à cinq et enfin Hermione ne fût pas celle qui cristallisait toutes les attentions. Les invités arrivaient au compte goutte et quand la discussion se transforma en joyeux bruit désordonné, Hermione s'éclipsa et alla s'effondrer dans le canapé du salon.

Elle ferma les yeux, espérant se reposer un peu de sa soirée. Elle sombrait lentement dans un demi sommeil quand elle sentit le fauteuil s'affaisser à côté d'elle.
-Alors, c'est l'amour fou ?
Hermione ouvrit un œil, elle avait reconnu la voix de Pansy.
-Moui... Et toi ?
Toujours relancer l'interlocuteur sur un sujet qui le concernait. Ça permettait de ne pas avoir à se soucier de ses propres réponses.
-De quoi tu parles ? Demanda-t-elle innocemment
Il fallait la lancer en plus... Elle soupira mentalement.
-Son nom commence par Ru et finit par per...
Hermione se retourna vers son interlocutrice. Pansy fît une moue boudeuse.
-Je sais pas... C'est pas... C'est pas comme je m'y attendais.
-Allez, raconte moi. Tu te rends compte qu'on est en train de discuter comme des collégiennes, toi et moi, Hermione Granger et Pansy Parkinson ? Je suis désolée, mais ça me semble toujours étrange.
-Moui, moi aussi je trouve ça un peu étrange. On a bien changé quand même... A l'époque on t’appelait Hermony l'abrutie...
-Charmant.
-Pour en revenir à Ruppert, j'ai sauté le pas jeudi comme tu le sais... En l'embrassant dans le château de sable. Il avait l'air... partant.
-Alors où est le problème ?
-En fait à part s'embrasser, on a rien en commun. Je suis plus à Poudlard, et franchement je n'envisage aucune relation sérieuse avec lui. Les rendez-vous « embrasse-moi on parlera moins », non merci. Je ne te dis même pas l'évolution adulte de ce genre de relation.
Hermione leva les yeux au ciel.
-Ouaiii, dit-elle d'un air absent.
-Tu as raison, je crois qu'il y a une partie de moi qui apprécie cette situation un peu superficielle, et l'autre qui trouve ça pas serieux.
-Ah...
-Je crois que je vais suivre ton conseil. Je dois me décider, maintenant. Qu'est ce que tu en penses ?
-Oh, moi tu sais...
-Oui, il faut pas que je laisse ça traîner. Comment crois tu que je puisse m'y prendre ?
-Pansy, je ne vois pas comment t'aider. Je crois que j'ai donné pour les petites histoires de cœur version adolescent cette semaine.
Elle se releva du canapé non sans peine, posa ses mains sur les épaules de son ancienne ennemie.
-Je te suis très reconnaissante pour ton aide, tu as certainement contribué à ma prise de conscience avec Drago. C'était vraiment une situation compliquée. Si je peux faire quoi que ce soit.
-Non, rien de particulier. Tu as été une oreille attentive, et tu as donné d'excellents conseils. Merci Hermony...
-l'abrutie, je sais. Allez, je te laisse, je dois faire mes valises, on va les laisser un peu profiter l'un de l'autre. Il est pas question qu'on monopolise le jeune couple.

Hermione remonta dans sa chambre. Elle avait quelques coups de baguette à donner. Quand Drago rentra, il la trouva assise en tailleur sur le lit, les deux miroirs en main.
-Hermione, ça va ?
-Oui... Je me demandais ce qu'on allait en faire.
Elle retournait les deux objets dans ses mains. L'un avait l'air beaucoup plus vieux que l'autre. La couleur rouge du cuir était plus délavé, un point de couture des bordure avait lâché, la surface du miroir était un peu tacheté. Il y avait une page à tourner et elle ne savait pas si elle détestait ou aimait ces artefacts. Quelque part ils les avaient unis, ils avaient permis une rencontre qui aurait été impossible sans eux, à une époque où ils se détestaient cordialement. Mais elle n'éprouvait pas le besoin de les garder près d'elle. C'était conserver un doute sur une possible influence extérieur. Et c'était exactement ce qu'elle détestait. Elle voulait avoir le contrôle sur sa vie. Elle n'acceptait ni de rejeter injustement la faute sur une cause externe, ni de subir une force contre laquelle elle ne pouvait rien.

-Alors soit on les jette, soit on les garde sous verre, soit on les cache, soit on les mange en salade, soit on les fume avec du paprika, soit on...
-Oui, je vois que tu as déjà étudié tous les possibles.
Drago grimpa sur le lit pour se trouver au niveau d'Hermione.
-On en fait ce que tu veux mon amour. Je n'ai plus aucun attachement pour eux. Ça a été longtemps le symbole de mon incapacité à te garder. Je crois que je ne considère même plus qu'ils sont les mêmes objets qui nous ont fait nous rencontrer à Poudlard.
Elle baissa la tête. Une mèche qui avait légèrement bouclé en séchant lui tomba devant les yeux. Drago lui remis derrière l'oreille.

-Tu sais que tu ressemblais à une fée hier ?
-Et aujourd'hui ?
-À une sorcière de moldu, dit-il en riant avant de l'embrasser.

Ils s'allongèrent tous deux sur le dos et restèrent un long moment l'un avec l'autre.
-Drago, tu détestes vraiment Harry ?
-Je le hais.
-Est-ce que tu verrai un inconvénient à ce qu'on offre la paire en guise de cadeau de mariage ?
-Dans la mesure où ça l'aidera à ne pas te tourner autour, pourquoi pas.
-Tu exagères, dit-elle en lui mettant un petit coup de poing dans les côtes. Bon, je prends ça pour un oui.



Hermione et Drago s'apprêtaient à transplaner vers Londres, ils avaient embrassé tout le monde. Elle avait quant à elle promis à tout le monde de rester en contact, s'en était suivi une émouvante scène avec Ginny, avec accolades, larmes en coin, recommandations pour l'avenir. Drago quant à lui avait fait un adieu assez cordiale à Caroline. Il y avait eu une certaine tension quand il s'était penché pour l'embrasser sur la joue comme de bons amis. Les seules trois personnes à ne pas être gênées étant bien entendu Hermione, Drago et Caroline elle-même. Drago ne se donna pas la peine de venir dire au revoir à Harry, mais n'oublia pas de saluer son épouse.

-Emma, j'espère que tout se passera bien pour toi. Tiens moi au courant et surtout envoyez moi le faire-part, chuchota-t-elle.
-Je n'y manquerai pas. Merci, du fond du cœur.
-Drago et moi on a un cadeau un peu particulier à vous faire. C'est quelque chose qui représente beaucoup pour nous.
-Ça vient d'Amérique latine ? Demanda Harry goguenard.
-Non, pas vraiment. Tu verras... Prenez un moment où vous êtes ensemble pour l'ouvrir. C'est très important. Ne laissez personne d'autre que vous deux utiliser, ou même toucher ces objets.
-Tu commences à me faire peur, l'interrompit Emma avec un petit rire.
-Allez, profitez bien de vos vacances, dit Hermione en prenant les deux mariés dans ses bras.

Elle et Drago transplanèrent. Ils venaient de quitter la France laissant derrière eux l'ami de l'un, l'ennemi de l'autre.



-Que crois-tu que ce soit ? Demanda Emma en ouvrant délicatement le papier qui enveloppait leur cadeau.
La nuit était tombée, le dernier invité était enfin parti et ils étaient seuls, dans leur chambre à coucher.
-Je ne sais pas... Rien de dangereux j'espère, répondit Harry, laissant son imagination vagabonder.
-Par la barbe de Merlin, ce sont les miroirs. Je n'y crois pas !
-Quels miroirs Emma ?

Une feuille tomba du paquet, d'une voix assurée et scolaire Emma entreprit la lecture à voix haute.

« Ces objets nous ont autant détruits que construits. Ne soyez toujours que vous deux à les utiliser, et ne les cédez qu'en vous en détachant complètement. Ils ne peuvent fonctionner qu'à deux et accessoirement il servent à communiquer. Ne croyez pas qu'un est positif et l'autre est négatif. Le plus vieux est le miroir de la malédiction. Son rôle est d'unir les couples maudits envers et contre tout. Le plus jeune est le miroir de l'absolution. Son rôle est de mettre fin à ce qui sépare.

Le miroir de la malédiction maudit certes, mais il unit également. Le miroir de l'absolution bénit certes, mais ne rassemble pas. Comprenez bien que lui seul n'est d'aucune utilité : quand bien même il n'y aurait aucun obstacle à votre amour, cela ne serait pas suffisant pour que vous vous aimiez.

Êtes vous prêts à passer par le feu et les larmes ? Êtes vous prêts à subir ce qui forgera votre âme ?

Tous nos vœux de bonheur.

Sincèrement,

Drago et Hermione »

-Que risque-t-on après tout ? À par un amour éternel ? Demanda Harry.
-Oui, que risque-t-on à part le feu et les larmes ? Répondit Emma en souriant.
-Allez, donne moi mon cadeau. Alors quel sera le mien ? La malédiction ou l'absolution ?



vendredi 16 septembre 2011

Samedi (2e partie)

Narcissa se tenait sur le pas de la porte. Aucun sourire sur ses lèvres, aucune joie de revoir son fils, seulement le reproche de trouver un intrus chez elle. Hermione se décala sur la droite, sortant ainsi totalement de l'ombre de Drago. Oui cette femme l'impressionnait, non elle ne le montrerait pas.

-Bonjour Lady Malefoy.
-Ne serait-ce pas là miss Granger ? Je ne pensais pas vous voir un jour à nouveau chez moi, enfin pas en ces circonstances, dit Narcissa d'une voix blanche.
Elle semblait extrêmement surprise. Hermione se rappela qu'elle tenait Drago par la taille quand sa mère était arrivée.

-Je vois que les présentations ne sont pas à faire. Nous devons repartir mère, le mariage d'Emma n'est pas fini.
-Transmets mes amitiés à Georges et à sa femme, dit-t-elle en faisant mine de partir.
-Attendez, avant de m'en aller je devais vous faire part de nos fiançailles.

Narcissa réapparut dans l'encadrement de la porte.
-Je te demande pardon !
-Hermione et moi sommes fiancés depuis hier.
-Et depuis quand les fiançailles ont lieu sans les parents ?
-Si ce n'est que ça, je suis sûr qu'une réception avec tous les membres de nos familles saurait réparer cet affront. Ça va être marrant.
Drago rit en disant ces mots. Il baissa la tête et se passa une main sur la nuque. Il chuchota presque « Ça va être marrant, ça c'est clair ! »

Narcissa ouvrait de grands yeux. Hermione quant à elle s'était dotée d'un sourire un peu crispé et regardait alternativement la mère et le fils.
-Je ne suis pas sûre que ton père apprécie. Cela va même très certainement le chagriner.
-Je croyais que tu ne prononçais plus son nom en ma présence. De toute façon il ne viendra pas. Je le connais. Ni lui, ni moi n'avons envie de nous croiser pour ce genre de réjouissance.
-Quand je pense que le mariage de la petite Parkinson et de l'élu était un signe de réconciliation d'après guerre pour les sorciers... Et encore, Sandra et Georges se sont très rapidement positionnés contre le seigneur noir. Qu'est-ce que ça va être : Un Malefoy et une...
-Granger, mon nom est Granger, dit Hermione avant que Narcissa ne puisse prononcer les mots « sang de bourbe ».
-Je connais votre nom, répondit-elle sèchement.
-Bien, je vous laisse organiser ce que vous voulez. J'ai été ravi de vous revoir. J'imagine que si nous nous attardons trop, père en aura assez de faire semblant de ne pas avoir vu que son fils passait à la maison.
-J'aurais préféré que tu m'annonces cela de façon un peu moins brutale... Hier par exemple, quand tu es passé sans même venir me voir. Qu'importe, tu es grand mon fils.

Narcissa secoua la tête d'un air affligé.
-Vous avez défendu que votre famille agissait sous la contrainte. Aujourd'hui chacun sait le rôle que vous avez joué en affirmant qu'Harry était mort alors qu'il n'en était rien. Mais quelque part je m'attendais à ce que vous n'accueilliez pas une née moldue pour autant, dit Hermione, décidée à ne pas se montrer trop effacée.
-Ce n'est pas une question de sang, c'est une question d'éducation. Je peux accepter de m'être trompée sur la suprématie du sang pur, mais je maintiens que mon fils a besoin de quelqu'un qui lui ressemble, qui vient du même milieu. La vie de couple est suffisamment compliquée pour qu'on ne la tente pas avec quelqu'un qui n'a pas la même culture... Et tôt ou tard il ne supportera pas la culpabilité quotidienne de vivre avec une femme qu'il a abaissé plus bas que terre.

Narcissa s'approcha et attrapa chacun de leurs bras, les levant vers elle. La manche de Drago glissa. Son tatouage apparaissait légèrement, le maquillage ne camouflait pas complètement la marque qui restait un peu visible pour qui regardait avec attention. Elle posa son regard sur le bras de sa future bru. Les mots « Sang de Bourbe » avaient cicatrisés en laissant une écriture en fines boursouflures blanchâtres.

Drago s'arracha de la prise de sa mère et attrapa la main d'Hermione. Il la salua, s’apprêtant à tansplaner.
-Au revoir mère.


Ils réapparurent au milieu des festivités. Les gens bavardaient avec enthousiasme, mais un poids était apparu dans la poitrine d'Hermione.
-Regarde moi ! Dit Drago, en la saisissant par le menton.
Il avait un regard dur, les mots de sa mère l'avaient plus affecté qu'il ne le pensait.
-Que vois-tu ? Un assassin repenti ? Un faible qui n'a pas su prendre clairement position contre les forces de Lord Voldemort ?
-Je ne vois rien de tout ça Drago. Et je déteste ce que tu es en train de faire. Lâche moi, dit-elle en se dégageant.

Elle lui tourna le dos et partit en direction de la maison des Parkinson. Drago lui attrapa le bras et l'attira contre lui.
-Je te fais peur ? Tu crois que je vais fouiller dans tes pensés ? Que crains-tu que je trouve ?
Ses mots se faisaient durs, son débit rapide et agressif. Hermione se retourna complètement. Elle lui ferait face. D'un pas elle le repoussa en arrière. Ses deux mains s'appuyèrent sur son torse et le firent reculer une fois encore.

-Écoute moi bien Drago Malefoy. Pour commencer, tu ne me fais pas peur. Si tu veux que j'aille dans ce sens je te rappellerai que j'ai affronté ce à quoi tu t'es soumis. Ensuite ce que tu viens de faire est méprisable. Tu m'as posé une question et tu as cherché à en connaître la réponse avant que je ne te la donne de mon plein grès.

Hermione continuait d'avancer, Drago reculait. Elle était arrivée si proche de lui, ses yeux furieux étaient à quelques centimètres des siens. Il lui attrapa le visage et l'embrassa.
-Pardon, pardon, pardon. J'implore ta clémence, dit-il en ponctuant ses mots de baisers. J'étais en colère. Ce qu'a dit ma mère, c'est la vérité. Tous les matins je camoufle cette marque. C'est un geste quotidien. Il n'y a aucun moyen de l'enlever. Et il est vrai que nous portons tous les deux sur le bras le signe indélébile de ma culpabilité.
-Arrête. Je t'en supplie. Tu as changé Drago. C'est ça le vrai repentir, pas le remord éternel. Je te parle de ce que tu es maintenant. Ne fais plus jamais ça sans ma permission.
-Je suis désolé. C'était un réflexe, dit-il d'une voix monocorde.
-J'ai une question à te poser. Si un jour je te suis infidèle, qu'est ce que tu feras ?

Drago s'éloigna d'elle. D'une main il tenait l'arrête de son nez, les yeux froncés. Elle le regardait, bras croisés.
-Tu n'as rien d'autre à me demander ? Je veux dire, tu n'as pas d'autres questions que celle de savoir quelle réaction j'aurais si tu t'engageais à la légère ? Si tu m'humiliais publiquement ? Si tu me brisais le cœur ?
-Est-ce que tu essaieras de savoir où j'étais si j'arrive avec dix minutes de retard ? Est-ce que tu retrouveras tes vieilles habitudes si mes réponses ne te conviennent pas ?
-Qu'est-ce que tu essayes de savoir Hermione ?
-Je veux savoir si tu seras un mari violent, jaloux et possessif.
-Mais pourquoi est ce qu'on se donne la peine de chercher ces miroirs ? Laisse tomber. Tu as raison. Je suis un homme colérique. Ça, ça n'a pas changé.

Hermione se rapprocha de lui. Il avait l'air hors de lui.
-Je ne dis pas que tu te trouveras en présence de telles situations. Mais je ne peux pas m'engager sans t'informer que si tu venais à adopter un tel comportement, je me barrerai. Tu es au courant maintenant.

Sa voix était douce. Elle le prit dans ses bras et posa sa tête sur sa poitrine.
-Tu as eu peur Drago, de ce qu'a dit ta mère. Je ne cacherai pas ma cicatrice. Elle fait partie de mon histoire. Puisses-tu la regarder comme la preuve de mon amour. Je t'aime, malgré ça, je t'aime plus fort que tout ce qui pourrait entraver ce sentiment. Je t'ai pardonné. Entends-le et admets-le.
Il ne répondit rien et se contenta de la serrer un peu plus fort dans ses bras.

« Viens, allons changer notre destin maintenant. » Dit Hermione en repartant vers la maison. Un peu plus loin se trouvait Emma en grande conversation avec Caroline. Elle avait l'air détendue et riait même avec sa meilleure amie.
-Emma, je peux te demander un service. Nous avons besoin d'un elfe de maison, pourrais-tu demander à celui que vous employez d'accepter une mission ?
-Mais pour quoi faire ?
-C'est top secret. Enfin si tu veux tout savoir nous avons besoin qu'il amène un objet à Poudlard de toute urgence. Si la directrice pouvait ne pas être au courant ce serait mieux.
-Un secret ? J'adore les secrets ! Dis-moi Hermione ! J'ai vraiment envie de savoir.
-Caroline, je te l'emprunte deux secondes, mais je te l'échange avec Drago, dit Hermione en emmenant Emma un peu à part.
Une fois qu'elles furent à l'abri des oreilles indiscrètes, elle reprit son explication.
-Emma, nous t'avons menti. Ainsi qu'à beaucoup d'autres personnes. Drago et moi ne nous sommes pas rencontrés en Amérique Latine.
-Bon, je crois qu'on va devoir arrêter les intrigues, ça commence à faire beaucoup. J'avais honte de moi et de mes manigances pour garder Harry, mais je vois que toute cette maison est remplie de mensonges. Tu vas m'apprendre quoi ? Que finalement Drago et toi n'êtes même pas ensembles ? Et ça a quoi comme rapport avec Arnulf ?
-Arnulf ?
-Notre elfe de maison ! Et puis dis moi ce que tu veux. Tu ne récupéreras pas Harry. Il a été honnête avec moi et il a reconnu qu'il était encore attaché à toi, qu'il avait fait des erreurs, mais qu'il voulait s'engager et qu'il serait intègre dans ses décisions.
-Nous avons donc enfin le fin mot de cette histoire. Y en a qui payeraient cher pour savoir ce qui s'est passé ce matin. Je suis heureuse pour toi Emma, parce qu'il tiendra parole. Mais tu te trompes quand tu dis que Drago et moi ne sommes pas ensembles. Nous sommes fiancés depuis hier.
-Je ne comprend plus rien. Tu n'aimes pas Harry ?
-Non.
-Mais tu as menti en prétendant être avec Drago, et maintenant tu es fiancée.

Hermione entreprit de lui résumer leur histoire. Quand enfin elle eut fini son récit Emma savait tout de ce qui s'était passé cette semaine.
-Comment peux-tu être sûre qu'il n'a pas inventé tout ça ?
-Je n'ai jamais parlé à personne de César et il avait le miroir. Non, il n'y a pas de doute, tout correspond.
-Je sais pas si je dois te détester d'avoir essayé de ruiner mon mariage, ou si je dois te remercier d'avoir remis Harry à sa place... Allez, mon histoire se finit bien, je prend l'option de la reconnaissance. Bien sûr ça fait mal d'entendre tout ça sans détour. Mais je me suis fait une raison.
-Si tu m'aides à mettre fin à ma malédiction on sera quitte.
-Arnulf est à toi pour une heure. J'espère que ton idée va marcher Hermione.
-Désolée encore de tout ramener à moi alors que c'est le jour de ton mariage.

Arnulf avait écouté attentivement les instructions. La jeune demoiselle anglaise avait tout expliqué, répété deux fois le vœu à formuler et il l'avait bien mémorisé. Transplaner dans Poudlard n'avait pas été difficile. Il était un elfe ! Mais maintenant il était perdu dans les couloirs vides de cette école sans vie. Il trottinait dans les couloirs du septième étage, scrutant les murs à la recherche de la tapisserie décrite par l'amie de sa jeune maîtresse. Il avait l'impression d'avoir fait trois fois le tour du château. Il n'y avait pas la moindre représentation de Barnabas le Follet.
« Stupide Arnulf » dit-il en se pinçant les oreilles.
Cela faisait des années qu'il n'avait pas commis la moindre erreur au service des Parkinson. Il maîtrisait même maintenant parfaitement l'anglais. Il avait gardé un petit accent français pour faire plaisir à dame Sandra qui trouvait cela charmant. Il ne pouvait tout simplement pas revenir sans avoir fait ce qu'on lui avait demandé.

-Que fais-tu en ces lieux Elfe de maison étrangère ?
Une elfe extrêmement séduisante venait d’apparaître. De magnifiques touffes de poil lui sortait des oreilles. Et quelles oreilles ! Son nez avait une délicieuse couleur rouge et la forme d'une tomate. À son habillage, Arnulf reconnut qu'il ne s'agissait pas d'un elfe libre.
-Je suis envoyé en mission, dit-il fièrement.
-Est-ce une mission qui nuirait à l'école ?
-Non.
-Tant mieux, parce que Winky n'a vraiment pas envie de faire l'effort de te mettre dehors aujourd'hui. Comment t'appelles-tu ?
Arnulf renifla de dégoût. Cette elfe avait vraiment de mauvaises manières. Ne pas avoir envie de défendre les biens de son maître, c'était d'un vulgaire ! Mais il avait son nom maintenant.
-Bonjour Winky, je m'appelle Arnulf, peut être qu'à défaut d'être une bonne elfe, tu pourrais m'indiquer où se trouve la tapisserie de Barnabas le follet. C'est une grande représentation, avec des trolls...
-...qui dansent. Oui, Winky s'en souvient, elle a été retirée il y a quelques années. Et tous les tableaux ont été réorganisés aussi.

Arnulf pâlit. Il s'attrapa les oreilles et tout en les tirants frénétiquement vers le sol il s'exclama :
-La mission a faillit ! Pauvre jeune demoiselle, je ne suis qu'un incapable, un bon à rien, une immonde petite vermine. Aïe Aïe Aïe !
Winky soupira, ses grands yeux marrons roulaient dans leurs orbites.
-Et ça porte des vêtements. Ridicule ! Allez viens, je vais t'emmener à l'endroit que tu cherches.

Plein d'espoir Arnulf suivit l'elfe à la démarche sautillante. Ils finirent par arriver devant un mur vide. Une série de petits tableaux représentant des mandragores couvraient le mur à côté d'un portrait de vieille dame.
-Winky parie que tu vas faire des allés-retours maintenant.
-Oui, comment Winky sait-elle ? Arnulf n'a rien dit de sa mission !
-C'est pour éviter que tout le monde ne vienne que la tapisserie a été enlevée, c'est une salle secrète, et depuis un moment elle ne l'était plus. Le jour où on a surpris tout un trafic d'herbe à Jobarbille basé sur cette salle, madame la directrice a décidé d'enlever les éléments trop connus et a aussi administré quelques oubliettes. Mais pour nous qui nettoyons les sols, on voit toujours que le plancher est légèrement plus usé ici qu'ailleurs. Alors si c'est la salle des va-et-viens qu'Arnulf cherche, Arnulf est au bon endroit. Si tu veux une bière-au-beurre, viens retrouver Winky au sous-sol dans les cuisines.
Winky fît un clin d’œil aguicheur et partit. Elle était d'une beauté vulgaire, et Arnulf se sentit tout d'un coup terriblement attiré par l'interdit. C'était un comble, lui l'elfe poli et cultivé, et français !


***
L'elfe apparut enfin, cela faisait plus d'une heure qu'il avait disparut. Il tenait entre ses mains les miroirs enveloppés dans du papier-soie. Une légère odeur de bière-au-beurre flottait autour de lui et il affichait un grand sourire.

-Mission accomplie ! Dit-il en tendant les objets à Hermione.
-Mille mercis Arnulf ! J'avais craint un instant qu'il n'y ait un problème.
-Rien que ne puisse surmonter un elfe de maison. Ou plusieurs elfes de maisons !

Hermione n'attendit pas plus et se précipita dehors, les miroirs en main. Drago discutait avec le ministre des transports. D'un raclement de gorge elle se manifesta. Drago s'excusa et la suivit immédiatement. Elle était fébrile. Cela allait-il marcher ? Elle lui tendit son exemplaire. Il ouvrit le papier qui l'entourait, le froissant légèrement, elle fît de même. En jetant un coup d’œil à son reflet il sursauta. C'était le visage d'Hermione qui apparaissait.
-Je croyais qu'ils ne fonctionnait pas, dit-elle.
-Non, ça c'est juste parce que je l'utilisais toujours face cachée.
Elle haussa un sourcil.
-Sale petit fourbe manipulateur.
-Tu sens un changement ?
-Non, aucun...
-C'est derrière nous maintenant. Viens danser avec moi.

Les Bizar Sisters avaient pris place pour un concert privée. Leur premier morceau était leur célèbre tube « You're my Veela », une chanson d'amour un peu trash et pas franchement politiquement correcte qui détournait toutes les expressions romantiques toutes faites en remplaçant les mots trop explicites par d'éloquents silences. Le rythme était endiablé et cela rappela à Hermione l'album des Rolling Stone que sa mère écoutait le dimanche après-midi quand elle était petite. Elle entreprit d'apprendre des passes de rock à Drago qui suivait tant bien que mal. Il était plutôt doué, et dansait même assez bien.

« You're my Veela, beautifull Veela. Your Veela eyes, your Veela hair, I'm found of all, especially your Veela... I have never felt this way, especially when you ... »* articulait Drago en pointant sa partenaire du doigt.

Il la fit tournoyer à droite d'un mouvement de bras, puis la réceptionna, se penchant sur elle jusqu'à ce qu'elle soit à cinquante centimètres du sol. Elle bascula sa tête en arrière de façon très théâtrale. La seconde d'après elle était à nouveau debout, collées à lui.

« My hearth is shaking like a Flutterby Bushes when you ... »** chanta Hermione à tue-tête en plongeant ses yeux rieurs dans ceux de Drago, qui répondit par un très subtil clin d’œil.

Le morceau suivant ressemblait à un genre de boogie. Drago et Hermione dansaient, profitant de la fête. L'heure du repas arriva, et chacun des invités prit place. Les plats se succédaient et entre chacun d'eux un témoin se levait pour faire un discours. La viande était sur le point d'arriver quand Ron se leva.

« Harry, on se connaît depuis notre premier jour à Poudlard. Du coup je crois que je suis la personne qui te côtoie depuis le plus longtemps ici. Bon, si on oublie Hagrid » dit-il en désignant le demi-géant qui salua la foule d'un geste de la main.
« Et Drago aussi, qu'Hermione a eu le bon goût de nous ramener. Bon en fait je viens de dégringoler à la troisième place en deux secondes...
Si je devais faire un discours super cliché, je dirais que tu es le frère que je n'ai jamais eu, mais comme j'en ai déjà une tripoté, je vais éviter. Non, tu es juste mon meilleur ami. J'ai été honoré de faire partie de ce que la presse a appelé le trio d'or. Tu es le premier de nous trois à te marier. Pour moi c'est un peu le signe que la vie reprend ses droits. On devient vieux et sérieux.
Alors que pourrais-je dire sur la mariée, sinon que je l'ai tout de suite adorée, parce que depuis qu'il l'a rencontrée, Harry est devenu nul en Quidditch. Alors même si il va falloir qu'il se remette à penser un peu plus à sa technique sur le terrain, c'est l'instant de gloire pour moi. Bref Emma si tu pouvais continuer à exercer tes charmes jusqu'à décembre, juste pour l'élection du joueur de l'année. Par contre en février prochain on a un match important contre les frappas cognas d'Espagne, donc il faudra qu'il se reprenne.
Je lève mon verre à la plus adorable des mariées et à mon ami fidèle et incroyable. À Emma et Harry ! »

Le repas continua ainsi au rythme des plats et des discours qui se succédaient. Sandra prit la parole pour une émouvante élocution, Caroline se contenta d'un poème en l'honneur des mariés et Hermione offrit une envolée d'oiseaux en papier qu'elle avait ensorcelés, évitant ainsi d'avoir à parler de l'amour des époux, des qualités de son meilleur ami ou encore de trouver des blagues pour faire rire l'assistance. Le bal enfin commença. Tous les invités attendaient autour de la piste de danse. Harry et Emma s'avancèrent sous les applaudissements. La première danse, une valse, commençait et le couple se regardait, on aurait eut facilement l'impression que rien d'autre n'existait pour eux, si la chorégraphie implacable qu'ils offraient ce soir n'était pas aussi complexe et parfaitement exécutée. Harry faisait tourner sa femme, la faisait passer d'une main à l'autre. La robe s'évasait en une large corolle, entourant la taille d'Emma comme une fleur en perpétuel mouvement. En regardant Harry soulever son épouse dans un geste parfaitement maîtriser, Hermione se dit qu'ils formaient effectivement un couple parfait.

-M'offririez vous cette danse ? Demanda Drago en s'inclinant légèrement.
-Avec plaisir.
Drago la mena sur la piste où d'autres couples commençaient à tournoyer eux aussi. La nuit était tombée et une multitude de petite lumières virevoltaient autour des invités.

La fête s'acheva vers cinq heure du matin. La moitié des filles dansaient pied nus, et la moitié des hommes étaient affalés sur des chaises. Mais n'est-ce pas ainsi que finissent tous les mariages ?




*Tu es ma Vélane, ma belle Vélane. Tes yeux de Vélane, tes cheveux de Vélane, je suis fou de tout, particulièrement de tes … de Vélane. Je n'ai jamais eût de tels sentiments, particulièrement quand tu...
** Mon cœur est secoué comme un arbre à pipaillon quand tu ...

mardi 13 septembre 2011

Samedi

Hermione regarda autour d'elle. La nuit les enveloppait, mais malgré l'obscurité elle reconnut instantanément l'endroit où ils se trouvaient. La petite rue pavée, les boutiques et surtout Poudlard qui s'élevait, majestueuse, au dessus de la ville.

-Pré-au-lard...

Elle se retourna et contempla la petite maison anglaise de la boutique de Dervish et Bang. Oui, c'était bien là que tout avait commencé, le jour où elle avait acheté le miroir sans savoir à quoi il servait. Comme elle s'approchait et contemplait l'intérieur du magasin, Drago la tira en arrière. Il la regardait intensément et ses yeux bleu-gris avaient pris un éclat particulier. Il sortit quelque chose de sa poche, mit un genoux à terre et reposa la même question qu'il avait formulé le matin même.
-Hermione Jane Granger, veux-tu m'épouser ?
Il avait ouvert une petite boîte. Dans la pénombre Hermione ne distinguait pas la bague qui était dedans, mais elle n'avait aucun doute sur sa provenance. Ça avait l'air vieux, complètement démodé. Ce n'était pas un de ces diamants clinquants sertis sans aucune finesse sur un simple anneau d'or. Ce n'était pas le deux-mois-de-salaire qui était de mise dans la tradition britannique moldue et sorcière. Et ça avait un délicieux goût de vieille aristocratie.

-... Je ne doute pas qu'un jour je dise oui, mais là, l'idée me panique complètement. Et si ça ne marchait pas ?
-Les fiançailles sont une période de réflexion qui commence par un projet commun, celui de se marier. Dis-moi combien de temps tu veux que ça dure ? J'attendrai le temps qu'il faudra.
-Je dis oui maintenant et on rentre dans une période d'essai ?
-C'est ça.
-Drago, tu te rends compte que c'est complètement précipité ?
-Il va falloir argumenter ferme, n'est-ce pas ?
-...
-Je sais ce que je veux. C'est toi que je veux. J'ai été capable de me priver de ta présence alors que tu représentais tout ce pour quoi j'existais. Comme tu le vois, je suis capable de décisions rationnelles même quand mes sentiments sont en jeu. Aujourd'hui je m'engage dans ce choix, je te demande ta main et je sais ce que je fais. Tu décides ce que tu veux. J'attendrai.
-Et ta mère ? Ta famille ? Que diront-ils ? Je dois bien être le pire parti que la terre ait portée. Je ne parle même pas de mon appartenance passée à l'Ordre du phénix.
-Je crois que je suis devenu assez grand pour me passer de leur avis pour un aspect aussi important de ma vie.
-C'est de la folie. On est juste cinglés.

Hermione regarda la boutique, puis regarda Drago. Elle se mordait les lèvres et on pouvait deviner qu'un débat intense avait lieu à l'instant même.

-Ne me le fais jamais regretter, dit-elle d'un ton sévère.
-Et bien, ça commence bien, soupira Drago avant d'éclater de rire. Il se releva et tendit le petit écrin. Hermione sauta au coup de Drago.
-Tu sais que tu vas en baver ?
-Oui.
-Que je suis insupportable.
-Parfaitement.
-Que je suis une femme rebelle et indépendante qui te fera honte dans la haute société.
-Qui t'a dit ça ?
-Ma mère... Il parait que je suis comme elle.
-Je prend note. Cela dit tu parles comme si tu t’apprêtais à dire oui à un ange. J'ai peut-être un peu changé depuis Poudlard, mais le fond reste le même.
-Je suis parfaitement au courant des détails de la marchandise. À moins qu'il y ait des vices cachés, j'achète. Avec une période d'essai de un an. Dans trois-cent-soixante-cinq jours je dis oui ou non.
-Marché conclu ? Dit Drago en lui tendant la main.
-Marché conclu, répondit-elle en la lui serrant dignement. Tu es officiellement mon petit ami et fiancé pour une durée d'un an non renouvelable. On est sensé faire quoi maintenant ? Tu me met la bague en me regardant amoureusement ?
-Quelque chose comme ça.

Drago saisit la main de sa fiancée et lui enfila l'anneau sans soucis : il était beaucoup trop grand pour son annulaire. D'un coup de reducto, Hermione ajusta le bijoux. Elle s'approcha d'un réverbère pour contempler son cadeau. C'était un anneau d'or très fin qui portait une grosse pierre laiteuse ronde et lisse. D'une couleur rose pâle, le gemme semblait contenir une sorte de fumée, elle était sertie grâce à de fines arabesques de métal qui l'entouraient étroitement.
-C'est ma marraine qui me l'a donnée quand j'avais quatorze ans. Elle m'a dit que ce serait pour ma fiancée. À l'époque ça m'a surpris... J'ai fait un saut au manoir avant le dîner pour la récupérer.
-Tu ne crois pas que cette marraine regrettera de te l'avoir donnée quand elle apprendra quel genre de fille la porte.
-Elle est morte. Mais je crois au contraire qu'elle aurait apprécié. Si mon mariage avait été arrangé, c'est un bijoux venant de la famille de ma mère qui aurait servi. Je crois que le message qu'elle voulait me donner c'était que je pouvais choisir de ne pas faire un mariage de convenance. Elle aurait certainement un peu rechigné à cause de ton ascendance, mais au final elle aurait approuvé.
-Rentrons, proposa Hermione.

Ils transplanèrent tous les deux et dans la nuit on n'entendit plus que le crissement des insectes et le ululement des oiseaux nocturnes.


La maison s'éveillait, on entendait le bruit des canalisations qui se remplissaient d'eau, des pas dans les escaliers, des discussions étouffées qui avaient lieu au rez-de-chaussé. Hermione ouvrit un œil, puis l'autre. Le jour était déjà levé. Elle embrassa Drago sur le nez et lui dit :
-Je file voir Emma, on déjeune et on remonte mettre nos plus beaux habits. On doit tous être prêts à neuf heure et demie.
Elle tenta de sortir du lit mais Drago l'attrapa par la taille, la forçant à venir contre lui.
-Je t'aime.
-Oui, tu me l'as déjà dit.
-Je te le dirai tous les jours.
-Moi aussi je t'aime César.
-Tiens, ça faisait longtemps.
-J'aime bien, ça fait nom de code, allez, je file, j'en ai vraiment pour pas longtemps. J'espère que tout va bien pour Emma. Pourvu que tout ait tenu !
Elle sauta du lit, enfila une robe légère et des sandales et sortit de la chambre sans même se coiffer. Emma l'attendait, sagement assise dans son lit.

-Alors combien ?
-Une seule contraction.
Hermione s'assit sur le lit en poussant un soupir.
-Merci Merlin ! C'est encourageant. On va pas crier victoire tout de suite et tu devras de toute façon consulter rapidement ton médico-mage. Allez, on jette un coup d’œil.

Hermione fit apparaître les entrailles de sa patiente et évalua la situation. À la vue du pantalon de pyjama que portait Emma, la jeune praticienne devina que l'épilation n'avait pas fait long feux. D'autant que la jeune fille s'était faite avoir deux fois avant de décider de vider en douce le tube de lotion pour le remplir de crème hydratante. Sandra était déterminée à choyer sa fille jusqu'au dernier instant. Hermione imaginait très bien l'infortunée effectuer son énième épilation de la journée avant de baisser les bras. Fort heureusement, le milieu dans lequel évoluait la famille Parkinson n'était pas de ceux où l'on retrouve la tradition de la jarretière. C'était bien trop vulgaire pour les personnes de son rang.

-Tout a très bien réagi. Finite Incantatum, voilà, on regarde ce soir et je te ferai une lettre pour mon collègue. Je sais que ça va vraiment être terrible, mais aujourd'hui interdiction de courir, tu peux danser mais fait vraiment attention, à la moindre sensation de fatigue tu stoppes tout. Et... et désolée pour votre nuit de noce, mais ce soir c'est ceinture. Même si tu n'as plus de contraction aujourd'hui, ça veut dire qu'on aura arrêté le processus, pas qu'on sera revenu en arrière. Ce sera au médico-mage qui te suivra de décider de changer la prescription. Je n'ai pas assez de recul pour le faire maintenant. On doit être dans les un pour-cent de cas où le sexe est à proscrire. Je suis vraiment désolée que ça soit tombé à ce moment.
-Je m'étais faite à l'idée que mon mariage ne serait pas parfait, mais j'avais plus pensé à une décoration manquante ou un léger retard des témoins. Allez Harry, on va manger, vas-y, je te rejoint.

Sans protester, Harry qui avait déjà enfilé un jean sortit de la pièce.
-Entre nous soit dit, étant donné mon petit problème de fourrure, ton interdiction tombe à pic, glissa-t-elle.

Hermione fut ravie de voir qu'Emma le prenait si bien. Elles descendirent prendre le petit déjeuner. Une fois celui-ci pris, les filles se retrouvèrent dans la chambre d'Emma et les garçons furent envoyés dans la chambre de Ruppert qui était la plus grande après celle du couple. L'ambiance était électrique. On n'entendait plus que des « et comme ça tu crois que ça va ? », « Qui a vu ma boucle d'oreille, je l'avais posée à côté de sa jumelle sur ce meuble » et des « tout simplement ma-gni-fique ! » Les robes étaient enfilées, on se marchait sur les pieds, on s'empruntait les pinceaux, on rectifiait le maquillage à coup de baguette magique. Assise devant une coiffeuse, Emma se laissait faire par sa mère. Elles avaient passé une semaine au mois de juin à mettre au point la coiffure. Une feuille couverte d'inscriptions récapitulait la liste de sorts à faire.

Sandra se concentrait sur le schéma qu'elles avaient réalisé pour la métamorphose finale. Les cheveux s'enroulaient, ondulaient, se plaquaient. Le chignon parfait fut enfin fait. C'était une sorte de boucle figée très bas sur la tête, sur une coiffure lisse et tirée en arrière. Emma avait l'air d'une photo de magazine féminin. Pendant ce temps les autres filles avaient fini de refaire leurs fameuses extravagances capillaires. Caroline n'était pas en reste, elle était désespérément superbe, comme d'habitude. Il était l'heure.

Pour un mariage il était de mise que le ministère mette à disposition des portoloins qui menaient directement à la salle de cérémonie. Madame Parkinson avait transplané à la capitale pour récupérer tous les objets quelques mois avant. Ils avaient été disposés dans la région, et un lutin d'accueil était disponible pour chacun d'entre eux pour l'aller comme pour le retour quand tout le monde demanderait à être orienté vers le lieu du vin d'honneur. Bien que curieuse de voir à quoi ressemblait le ministère parisien, Hermione était déçue de ne pas pouvoir utiliser la voie plus conventionnelle qui aurait permis de voir un peu Paris. C'est en pensant avec regret à cette occasion ratée de voir la capitale, qu'elle attrapa le portoloin. Le transfert fut immédiat.

La salle était superbe. Des fresques immenses recouvraient les murs qui s'élevaient sur une dizaine de mètres. Sur un pan entier s'ébattaient des enfants habillés comme des petits princes dans un décor champêtre. Une belle femme bien en chair portant une perruque blanche les regardait tendrement. Ce devait être la mère. Les beaux parquets en bois vernis sentaient le vieux musée. On ne comptait plus les dorures et enluminures qui courraient le long des angles. Et dans ce décorum chargé et baroque, un somptueux lustre étincelant éclairait toute la salle. Le ministère Britannique n'était pas mal non plus, mais dans un tout autre style.

-C'est magnifique, souffla Hermione à l'oreille de Drago.
-Ce sera pas pour nous, ni toi ni moi ne sommes français.
La foule se pressait et rapidement toutes les chaises furent prises. Les gens continuaient de rentrer, s’agglutinant contre les murs. Hermione reconnut plusieurs élèves de Poudlard, des hauts fonctionnaires anglais et le président du ministère Français.

-Nous sommes réunis aujourd'hui pour célébrer l'amour. L'amour d'Harry et d'Emma, commença le chancelier préposé au mariage.

Sa voix monocorde et son ton grandiloquent eut vite fait d'endormir toute la salle. Chacun avait pris un air pénétré et tentait de paraître un temps soit peu intéressé par l'ode à l'amour pur et sans tâche que déclamait le chancelier. Il finit par arriver au moment solennel où ceux qui veulent s'opposer à l'union sont priés de se manifester. Hermione connaissait cette expression. Lors de ses nombreuses lectures elle avait appris que le « qu'il le dise maintenant ou se taise à jamais » était d'origine sorcière avant de passer dans la tradition catholique et anglicane moldue. À l'origine chacune des personnes présentes se soumettait à un sortilège empêchant de prononcer une parole contre le couple à cette occasion. Il y avait donc des fuites de vocabulaire entre les deux mondes : c'était également le cas de l'expression « Je m'en tamponne le coquillard » et du mot « Gougnafier » qui désignait à la base un vendeur de Potion à la sauvette.

Le silence se fit. Hermione vit les jumeaux se donner des coups de coude et entendit distinctement Fred dire « Combien tu me donnes si je dis que je m'y oppose ? » C'est alors qu'une voix s'éleva, et ce n'était pas celle de Fred. Il y eut un son mêlant toutes les exclamations de frayeur et d'indignation de l'assistance. Toutes les têtes se retournèrent vers la source de l’impudente phrase. C'était Ruppert.
Le chancelier qui avait certainement prononcé le texte sans se douter que quelqu'un y répondrait eut un instant de flottement.

-Heu... Je vous déclare mari et femme... Non c'est pas ça, veuillez me suivre, les époux, l'accusant et moi-même allons nous entretenir à huis-clos.

Ils sortirent par une petite porte. Une rumeur commença à s'élever, chacun discutant avec son voisin essayant de comprendre qui était ce Ruppert, quelles étaient ses motivations.

« Mais bien sûr que non il ne peut pas aimer la mariée, c'est sa cousine ! » « Peut-être qu'il sait quelque chose sur l'infidélité d'un des deux fiancés ? » « Et si Harry était homosexuel et qu'en réalité Ruppert aimait Harry ? »
Les hypothèses les plus folles étaient avancées. Le chancelier finit par sortir et faire signe à Hermione de le suivre. La honte s'abattit sur elle comme une averse de printemps. Elle pénétra dans la petite salle annexe en essayant d'oublier les milliers d'yeux qui la fixaient tout d'un coup.

-Mon rôle ici est de célébrer une union. Quelqu'un s'y est opposé apportant une information qui pourrait éclairer le choix l'un des époux. Le jeune homme ici présent affirme que le futur époux n'est ici que par convenance et qu'il est épris d'une autre, vous.
-Que dois-je répondre à ça ?
-Avez-vous eu connaissance de ces sentiments mademoiselle...
-...Granger.
-Oui, mademoiselle Granger, ce jeune homme vous a-t-il fait part de ses sentiments ?
-Oui.
-Récemment ?
-Oui
-C'est embêtant. Oui c'est très embêtant. Merci, vous pouvez repartir. À moins que mademoiselle Parkinson n'ai d'autres questions à poser.
Emma qui était restée silencieuse jusque là secoua la tête. Elle avait l'air abattue.
-Bien vous pouvez repartir, vous aussi monsieur. Laissons au couple le temps de discuter de leur choix. Maintenant que les deux parties ont pleine connaissance de la situation, la cérémonie peut continuer ou s'arrêter. Je ne voudrais pas vous presser, prenez votre temps. Le mariage n'est pas quelque chose d'anodin et il doit commencer sur de saines bases.

Ils quittèrent le cabinet laissant Harry et Emma seuls. Hermione était rouge comme une pivoine. Elle regagna le rang des demoiselles d'honneur et se rassit le plus dignement possible. Pansy se pencha vers elle.
-Alors, c'est quoi le problème ?
-Si Emma veut t'en parler elle le fera. Ce n'est pas mon rôle.
Dans la foule elle chercha Drago du regard. À deux rangs de là le blond la fixait. Lui savait pourquoi Ruppert avait fait entendre sa voix et Hermione pouvait lire de la colère dans ses yeux. Les rares journalistes qui avaient été autorisés à être là prenaient des notes frénétiquement. La nausée monta, le lendemain son nom serait peut-être en première page pour le scandale du siècle. Le mariage de l'élu était déjà du pain béni pour la press people. Mais là c'était le scoop du siècle. Rita Skeeter s'en mordrait les doigts, elle avait bien évidemment été black-listée, Harry ayant catégoriquement refusé sa présence malgré les gros cachets que proposait la gazette des sorciers.

Le silence se fit quand les deux jeunes gens apparurent. Ils s'installèrent devant le bureau du chancelier et Harry se pencha vers lui. On l'entendit chuchoter « Vous pouvez reprendre où vous en étiez ? »

-Hum, si quelqu'un s'oppose à cette union, qu'il parle maintenant ou se taise à jamais...
-JE M'Y OPPOSE ! Aïe !
-Non, il s'oppose pas du tout, continuez s'il vous plaît, dit une voix féminine autoritaire.

Hermione ne se retourna pas, elle entendit Fred chuchoter « ça fera cinquante Gallions pour l'action d'éclat », puis Molly lui intimer l'ordre de se taire. Le chancelier avait une mine déconfite, il reprit quelque peu perturbé.
-Harry James Potter, voulez vous prendre pour épouse la dénommée Emma Septante Parkinson, l'aimer, la chérir de tout votre cœur et de la protéger de tous les danger ?
Il lui tendit la feuille des vœux et Harry lut à voix haute.
-Oui, moi Harry James Potter, je fais vœux de fidélité et de protection envers la dénommée Emma Septante Parkinson.
-Emma Septante Parkinson, voulez vous prendre pour époux le dénommé Harry James Potter, l'aimer le chérir de tout votre cœur et vous placer sous sa protection ?

Hermione haussa les sourcils se jurant que si le vœux était similaire en Angleterre elle le déformerait. Se placer sous sa protection, et puis quoi encore ? Mais Emma n'était pas une féministe.

-Oui, moi Emma Septante Parkinson, je fais le vœux de fidélité et je me place sous la protection d'Harry James Potter.

-Je vous déclare mari et femme.

Le soulagement était palpable, la foule applaudit les mariés qui s'embrassèrent sous les feux des flash.

Les pelouses des Parkinson étaient piétinées par des centaines de personnes qui discutaient en mangeant des petits fours. Hermione reconnut Antoine Favreau, le célèbre photographe français. Son objectif long comme un bras shootait tout ce qui passait. À l'inverse des photos moldues, il était impossible de fermer les yeux pour un cliché sorcier. On pouvait donc se concentrer sur le style et la composition, et pour l'occasion, Favreau était bien le meilleur. Ses clichés étaient incroyables de sensibilité et de poésie.

-Je vais te chercher à boire ?
-Merci Drago, je prendrais bien du vin blanc.

Il disparut dans la foule, revenant bientôt avec deux verres. Il commençait à faire chaud, il avait donc déposé sa cape. Il avait hésité entre une très solennelle robe de sorcier et un costume moins clinquant mais plus moderne. La mode était aux pantalons, surtout chez les jeunes. Les plus âgés continuaient de trouver insupportable de ne pas bénéficier de la liberté qu'une robe longue procurait. Il ressemblait donc aujourd'hui à un jeune dandy du XIXe siècle. En le voyant revenir, Hermione se dit qu'il ne lui manquait plus qu'une moustache.
-Alors comment as-tu trouvé la cérémonie ? Demanda-t-elle.
-On s'en souviendra longtemps.
-Tu sais j'ai réfléchi à notre histoire de miroir. Si on ne trouve pas rapidement une solution, j'ai peur que nous n'ayons des problèmes.
-Tu as gardé le tiens ?
-Il doit être chez mes parents, dans mes cartons. Et toi ?
-Bien sûr. Il est longtemps resté avec ma fiole de souvenir de la soirée de Noël.

Un serveur passa avec un plateau chargé de mini verrines.
-Merlin ! La gastronomie française est délicieuse... Pour en revenir aux miroirs, je me suis demandée comment on pourrait lever la malédiction. Peut-être qu'en reformulant le vœu de la salle à la demande ça marcherait.
-Non, c'est une magie trop ancienne et trop puissante qui anime la salle sur demande. On ne peut pas réécrire le vœu de Cho, répondit Drago.
-Mais on pourrait compléter le vœu, lui apporter une précision qui retournerait le sens de la malédiction.
-À moins que nos débuts aient été suffisamment chaotiques pour que nous ayons eu notre quota de malédiction.
-Non, il y a une histoire de destin. Ça doit mal se finir. C'est toi même qui l'a dit.

En marchant, ils étaient arrivés en haut de la falaise qui surplombait la petite plage privée des Parkinson. Hermione s'assit, les yeux rivés sur l'horizon. Drago la rejoignit et elle posa sa tête contre son épaule. Tout d'un coup elle sursauta. Elle tenait la solution. Il y avait un détail, une faille à exploiter.

-Mais Drago, seul ton miroir est maudit, pas le mien. Viens avec moi !

Elle lui passa les bras autour du cou et l'embrassa avant de l'emmener dans un lieu où nul bruit ne résonnait. Quand Drago prit conscience d'où il avait atterri Hermione était déjà loin. La maison était un peu sombre, il reconnut clairement le style anglais du petit salon dans lequel il se trouvait. Aux murs étaient accrochés des photos de famille. En s'approchant il se rendit compte qu'il s'agissait de celle de sa fiancée. La mère avait un visage assez doux et l'air déterminé qu'elle avait manifestement transmis à sa fille. Le père était grand, plutôt charismatique. Il avait les mêmes yeux que sa fille.
-Hermione ? C'est toi ? Tu aurais pu t'annoncer ! Dit une voix qui devait appartenir à sa mère.
La femme de la photo apparut dans encadrement de la porte. En voyant Drago elle sursauta.
-Qui êtes-vous ?
-Votre fille vient de filer à l'étage. Je suis vraiment désolé que nous ne nous soyons pas fait annoncer. Bonjour madame Granger, mon nom est Drago Malfoy.
-Avec un nom et une entrée pareille vous devez être sorcier, répondit la femme qui souriait maintenant qu'elle savait qui était l'intrus dans son salon. Vous êtes un collègue de travail ?
-Pas du tout, je suis journaliste. J'ai rencontré votre fille pendant mes études à Poudlard. Mais nous n'étions pas amis à l'époque.
Hermione descendit les escaliers à ce moment de la discussion. Le petit miroir rond cerclé de cuir rouge était entre ses mains.
-Bonjour maman, désolée de passer en coup de vent sans sonner, j'avais besoin d'un objet que je vous avait laissé au grenier. Je te présente Drago, mon fiancé.

Madame Granger parut surprise mais ne se départit pas de son sourire.
-Je vois que vous êtes un couple moderne. Les fiançailles sont l'occasion de rencontrer les parents normalement, mais je suis sûre que nous aurons l'occasion de faire plus ample connaissance par la suite. Je le dis à ton père, ou tu préfères qu'il l'apprenne de toi ?
-Tu peux le lui dire. On trouvera bien un dimanche après-midi pour manger ensemble d'ici quelques semaines. Je suis vraiment désolée, je te raconterai tout ça une autre fois. Comme je te l'ai dit on doit repartir tout de suite. Le mariage d'Harry n'est pas fini.
-J'espère que tu lui a transmis tous nos vœux. Au fait tu es très élégante, et j'aime beaucoup ta coiffure.
-Merci. Bien sûr maman. Je lui dirai que je viens de te revoir et que tu as renouvelé ta demande que je lui dise à quel point vous êtes contents pour lui.

Hermione embrassa sa mère et repartit avec Drago qui eut à peine de le temps de faire un baise-main à sa future belle-mère.

-Elle n'a pas trop l'habitude de ce genre de civilité. Ça fait un peu vieux jeu le baise-main chez les moldus, s'amusa-t-elle quand ils eurent rejoint la fête.
-Et maintenant tu comptes faire quoi ? On ne peut pas transplaner à Poudlard. D'ailleurs McGonagal est ici si tu veux lui demander l'autorisation, mais l'école n'est pas un moulin... On n'y rentre pas comme ça.
-Ça va peut être te surprendre, mais je n'ai pas l'intention de passer par la directrice de l'école.
-Bon tu m'expliques, j'en ai un peu assez de me faire traîner à droite, à gauche sans rien comprendre. Tu comptes emmener ton miroir dans la salle sur demande, demander un endroit où ranger l'objet jusqu'à ce qu'il puisse unir les couples maudits mais pas tellement que ça, puis le récupérer. J'ai juste.
-Oui.
-Tu comptes y aller comment ?
-Je ne vais pas y aller, je vais demander au charmant elfe de maison de cette demeure.
-Effectivement. Mais comment comptes tu récupérer le miroir ? Il faut rajouter une close. J'ai une idée : si il fallait se présenter avec le second miroir pour que la salle soit accessible, ça devrait marcher. Tu viens avec moi ?
-Non, non, non. Je n'ai aucune envie de rencontrer ta mère.
-Chacun son tour, dit Drago en attrapant les mains d'Hermione alors qu'elle reculait.
Les invités sursautèrent quand ils entendirent la petite détonation. Le couple qui venait d’apparaître avait à nouveau disparu.

-Tu étais obligé de m'emmener avec toi ? Demanda Hermione quand le monde autour d'elle cessa d'être un tourbillon instable et suffocant.
-J'en ai pour deux minutes.
-Je t'accompagne.
-Il faudrait savoir à la fin.

Drago lui attrapa la main et ils se dirigèrent tous deux vers un grand escalier de marbre. Hermione reconnut la salle à manger dans laquelle elle avait été torturée par Bellatrix quand ils passèrent devant. C'était encore plus froid et plus sombre que dans ses souvenirs. Plus pompeux aussi, de nombreuses tapisseries avaient été rajoutées et le portrait de Lucius trônait à côté de ceux de ses ancêtres.
Ils montèrent et après une série de portes, Drago s'arrêta enfin devant une grande ouverture ouvragée. La chambre était plus grande que l'appartement londonien d'Hermione. La pièce semblait prête à accueillir quelqu'un, le bureau était encore couvert de papier, mais il n'y avait pas un grain de poussière et le lit était fait. Il se dirigea vers une grosse armoire en bois massif. Du dernier compartiment il sortit une boîte en carton, fouilla rapidement dedans et ne tarda pas à sortir ce qu'il cherchait.

-Tu vois, je l'ai toujours gardé.
-C'est ta chambre ici ?
-Oui, depuis que je suis enfant.

Dans un coin de la salle une table dans laquelle était incrustée un damier était couvert de pièces d'échec magique qui semblaient s'ennuyer à mourir. Drago s'en approcha.

-Je jouais beaucoup avec mon père étant adolescent. Les jouets et les revues ont été jetées, mais j'ai gardé cet échiquier.

Hermione se rapprocha de lui et l'enserra par la taille.

-J'imagine que je t'aurais détesté quand tu étais enfant aussi. Mais c'est bizarre d'être dans un endroit où tu as grandi.
-Bonjour Drago. Tu aurais pu me prévenir que tu passais, et accompagné de surcroît, dit la voix qu'Hermione avait redoutée depuis son arrivée au manoir.
Elle se retourna lâchant précipitamment Drago.
-Bonjour mère, dit celui-ci.

jeudi 8 septembre 2011

Vendredi (2e partie)

Hermione se réveilla de bonne heure ce matin-là. La nuit avait été trop courte mais délicieuse sur la fin. Elle sentait à présent un souffle chaud dans son cou, celui de Drago. Il chuchotait une chanson de sa voix grave et encore un peu enrouée en baladant ses doigts sur sa peau.

-Debout petite marmotte.
-Non, je veux rester ici, j'ai pas assez dormi.

La jeune fille poussa un petit grognement et rabattit la couverture sur sa tête. Elle aurait voulu rester ici indéfiniment. Dans un froissement de tissu, son voisin la rejoignit dans sa tanière improvisée. Il se glissa au dessus d'elle.
-Telle Nut, dont le corps offert en voûte céleste, supporte les étoiles, récita Hermione.
-C'est pas une fille cette Nut ? Demanda outré Drago.
-Si, mais elle est très jolie.
-Merci de me dire que je suis la plus belle d'entre toute.
-Alors tel Atlas, qui supporte le monde sur son dos fort et musclé.
-Ah, je préfère. Alors belle dame, prête pour une nouvelle journée de dur labeur ?

Drago entreprit de couvrir Hermione de baisers. Ils étaient simples, légers et ils volaient d'un endroit à l'autre. Hermione se contorsionna pour coller ses lèvres sur celles de Drago . Celui-ci releva la couverture d'un mouvement, tout en continuant de l'embrasser.

-On étouffe la dessous. Allez plus que trois étapes et tu es debout.
-Pourquoi tu tiens tant à me sortir du lit ?
-Parce que tu dois encore sauver le monde aujourd'hui, dit-il en rigolant.

Ils restèrent encore un moment à se prélasser, puis Hermione se décida enfin à aller prendre une douche. L'eau chaude courait sur sa peau, et la vapeur s'enveloppait dans un manteau humide. Elle aurait aimé être avec Drago à cet instant, mais il ne l'avait pas suivie et l'attendait dans la chambre à coucher. En sortant de la salle de bain elle proposa à Drago de se retrouver au petit déjeuner. Elle devait avant toutes choses passer voir Emma.

La jeune femme attendait devant la porte de la chambre du couple. Elle n'avait pas envie de reparler à Harry, mais elle devait bien le croiser pour voir sa fiancée. Elle avait tapé quelques coups pour introduire sa visite. Aucune réponse n'était venue. Malgré l'appréhension elle fini par entrebâiller la porte.
-Bonjour, je suis venue faire un premier check-up, chuchota-t-elle.
-Oh, c'est toi Hermione ? Rentre, répondit la voix ensommeillée d'Emma qui commençait à s'étirer.

Le premier bilan ne donna rien , il était trop tôt pour dire quoi que ce soit. Hermione avait fuit le regard d'Harry toute la consultation durant et s'était concentrée sur la patiente puis s'était empressée de descendre manger. Sandra Parkinson s'activait déjà autour de la grande table, disposant d'un coup de baguette toute la vaisselle et la nourriture que l'elfe de maison avait déjà emmené. C'était la première fois qu'elle apercevait le domestique du logis. Il était tout petit et avait de grands yeux bleus humides. Il se tenait près de sa maîtresse. Hermione eût l'impression de se trouver devant un grand bébé ridée. Elle ne trouva pas le temps d’approfondir son jugement qu'il disparaissait déjà. Elle avait trouvé étrange qu'il ne porte pas de taie d'oreiller mais un petit gilet noir sur une longue chemise trop grande pour lui. Drago lui n'était pas encore là. Il devait être en train de finir sa douche.

-Bonjour Sandra, il faut que je vous parle de votre fille.
-Bonjour Hermione, avez-vous bien dormi ? Demanda aimablement la mère d'Emma.
-Ma foi, la nuit fut un peu courte, à cause d'un incident dont je dois justement vous parler. Il affectera certainement le reste de la journée.
-Que s'est-il passé ?
-Votre fille est souffrante, et...
Hermione réalisa soudain que la mère n'avait peut être pas eu vent de la grossesse de sa fille. Pouvait-elle se permettre d'évoquer cet état maintenant ?
-Est-ce grave ? De quoi souffre-t-elle ?
-Elle s'est cassée une jambe en tombant de son lit pendant la nuit, elle doit rester une journée entière allongée, inventa Hermione.
-Une journée ? Si l'os est réparé elle n'en a pas besoin.
-Justement, il n'est pas réparé, je n'avais pas la potion adéquat sur moi, donc j'ai dû faire avec les moyens du bord. Ce sera un peu plus long à agir. Excusez-moi, ça me fait penser que j'ai complètement oublié de lui parler de la pommade à appliquer toute les deux heures.
-Je vous accompagne, répondit Sandra avec un sourire bienveillant. J'en ai pour deux minutes, il ne manque plus que le pain, vous m'attendez ?
-Non, non, il faut vraiment que j'y aille immédiatement, elle doit mettre la crème tout de suite, elle est déjà en retard, répondit la brune en remontant les escaliers presque en courant.

-Emma ! Dit-elle en ouvrant la porte à la volée.
Harry était entièrement nu, une serviette sur l'épaule.
-Oh my Gosh ! Je suis désolée.
Elle se retourna en se cachant les yeux, rouge comme une pivoine. Face à la porte, elle en profita pour la refermer.
-Re salut Hermione, laisse moi le temps de m'habiller et je suis à toi, répondit Harry.
-J'ai vraiment pas le temps, ta mère va arriver d'un instant à l'autre Emma. Elle n'est au courant de rien pour la grossesse, n'est-ce pas ?
-Non, je ne lui ai pas encore annoncé, tu ne lui as rien dit j'espère !
-J'ai inventé une histoire de jambe cassée avec immobilité obligatoire pendant vingt-quatre heure.

Le bruit d'un frappement contre la porte indiqua que Sandra était déjà là. Hermione se retourna et eut tout juste le temps de voir Harry complètement paniqué sauter dans un pantalon.

-Bonjour ma chérie. Comment va cette jambe ? Dit madame Parkinson en poussant doucement la porte.
-ça tiraille un peu, mais on ne voit déjà plus rien, dit la jeune fille en grimaçant.
-Alors cette pommade ?
-Quelle pommade ?
-Mais tu sais bien, la pommade que je viens de te donner pour ta jambe, dit Hermione d'un air détaché.
Emma la regardait d'un air affolé. Hermione vit qu' Harry tenait un tube dans ses mains. Elle lui arracha presque.
-Allez, je te laisse et n'oublies pas de bien faire pénétrer avec des massages, dit-elle en lui lançant le tube.
-Ok, j'y penserai, merci.
-Ah non ma chérie, il faut que tu la mette tout de suite, Hermione avait l'air de dire que c'était très urgent. Allez, je vais te l'appliquer.
-Non, non, tout va bien maman.
-Allez, pas de chichi. Demain tu seras mariée, c'est la dernière fois que je peux m'occuper de ma fille comme ça, répondit Sandra en riant.

Elle s'assit sur le lit et prit ce qui s’avéra être une potion de repousse-cheveux.
-Miséricorde, quel étrange remède ! Pourquoi dois-tu te badigeonner de cet onguent, c'est une jambe cassée que tu as, et non une calvitie précoce.
-Oui, comme je vous ai dit, j'ai dû faire avec les moyens du bord, c’était la seule source de crin de sanglier de Cornouailles que j'ai pu trouver. Du coup j'ai dû m'en servir pour préparer le baume rapidement, s'excusa Hermione.
Drago n'aurait pas fait mieux en terme de mensonge sur demande. Harry faisait de grands « non » de la tête dans le dos de sa belle-mère, mais ils durent assister impuissants au tartinage d'Emma. Sandra badigeonnait avec générosité sur tout le tibia de sa fille la lotion capillaire d'Harry, massant vigoureusement pour que le remède fasse effet.

Hermione jugea qu'elle pourrait les laisser désormais, elle partit en précisant qu'elle repasserait avant midi pour voir l'état de la jambe. Les jumeaux et Molly mangeaient en bas accompagnés de Maggie et Drago. Elle s'assit à coté de lui, savourant l'idée que Drago était désormais non seulement son petit ami officiel, mais également son petit ami officieux. Les gens agissaient dans une toute autre chronologie d'ordinaire. Bientôt tout le monde fut descendu. Ne manquait plus que Sandra et Harry. Ils arrivèrent enfin après un bon quart d'heure.

-Bonjour tout le monde, j'espère que vous avez tous passé une bonne nuit et que vous êtes en forme parce que j'aurai besoin de quelques bras pour m'aider aujourd'hui. Nous avons un petit soucis. Emma s'est cassé la jambe dans la nuit pendant une crise de somnambulisme. Rien de grave, j'ai moi même regardé, on ne voit même plus la blessure. Mais elle est assigné à résidence jusqu'à demain matin, donc je vais me charger de superviser ce qui reste à faire. J'aurai besoin de personnes pour installer les tentes dans le jardin et monter les tables et pour accrocher toutes les décorations. Tout a été acheté et est classé avec un plan détaillé donc il suffira juste de fixer tout avec un coup de baguette, mais ce sera long et fastidieux. Et bien sûr il faudra également dresser les sorts de protection de la loi sur la sécurité anti-moldue. Il me faudra également que quelqu'un se rende à tout les points de rendez-vous des invités pour placer les lutins d’accueil.

Rapidement chacun décida d'une affectation. La quasi intégralité de la famille Weasley s'occupait de fixer les décorations. Pansy et Ruppert avaient bien sûr trouvé le moyen de se mettre ensemble pour la tournée des lutins. Hermione et Drago étaient de montage de tente.

Hermione maintenait la toile en l'air en la faisant léviter pendant que Drago posait les portants. C'était la quatrième et ils avaient enfin trouvé le coup de main.
-Hermione, Emma m'a demandé de venir te chercher, dit Caroline qui venait d'arriver.
Elle avait tenu compagnie à son amie pendant qu'Harry était parti aider à établir le sort de protection avec Ron.
-Bien sûr, tu prends ma place ? Si je lâche le tissu maintenant on devra tout recommencer du début pour celle-là.
Le discours était courtois, mais Hermione ne pouvait s'abstenir de détester la blonde, tout en sachant que c'était parfaitement puéril et injustifié.

Hermione partit rejoindre Emma. Avait-elle senti une évolution ?
-Te voilà, je sais, ça va te paraître ridicule, mais je me demandais si tu pouvais m'aider à régler ce petit problème, commença la jeune fille en écartant la couverture.
Le drap laissa apparaître une jambe aussi velue que celle d'un loup-garou. La jeune médico-mage ne put s'empêcher d'exploser de rire.
-Je suis désolée, c'est nerveux, c'était tellement inattendu.
-C'est pas drôle du tout. Je me marie demain, est ce que tu imagines ! Dit la jeune fille indignée. Ma mère est allée se laver les mains de suite après, mais j'ai dû attendre qu'elle reparte pour essayer de nettoyer un maximum. C'était déjà trop tard apparemment.
-Emma, crois moi, je suis absolument désolée, c'était la première chose qui pouvait ressembler à une pommade qui me tombait sous la main. Si j'avais pu imaginer que ça aurait cet effet... Je peux essayer de trouver un antidote, mais ça me prendra du temps.
-Combien ?
-Un jour ou deux peut-être.
-Bon, je n'ai pas d'autre choix que d'essayer de m'épiler, dit tristement la jeune fille. J'espère que ça repoussera pas trop vite.
-Et sinon, comment te sens tu par rapport à hier ?
-Je ne sais pas. Je ne me sens pas vraiment mal. Toutes les contractions se sont arrêtées bien évidemment, mais ça ne veut pas dire qu'elles ne reprendront pas une fois l'effet de ton sortilège arrêté.
-Et Harry, comment réagit-il ? Demanda Hermione. Elle était curieuse d'entendre la version d'Emma.
La jeune femme lui raconta en détail la discussion qu'ils avaient eue sur le sujet, la panique d'Harry quand elle lui avait annoncé en pleurs qu'elle perdait du sang. Hermione ne savait que penser. Jouait-il un double jeux ? Non, ça ne ressemblait définitivement pas à son meilleur ami.

En arrivant au rez de chaussé elle put constater que quasiment tout le monde avait fini sa tâche de la matinée et était revenu pour le repas du midi. Le salon était rempli. Elle aperçu Ginny qui discutait avec sa belle sœur sur un canapé spacieux dans l'angle. Drago devait bientôt avoir fini et ne tarderait pas à les rejoindre.

-Alors, toutes les décorations ont été fixées ? Dit Hermione en s'installant à coté de son amie.
-Presque ! Et toi, dis-nous tout, on vous a vu pas trop fâchés ce matin avec ton fiancé...
-La pause est finie, répondit-elle radieuse.
-Qu'est ce qui t'as décidé ?
-Et bien, comme tu le sais il a beaucoup d'argent...
Maggie continuait de sourire mais un léger haussement de sourcil trahissait sa surprise. Ginny elle éclata franchement de rire.
-Allez, c'est quoi la véritable histoire ?
-Vous promettez de ne le dire à personne ?
Les deux filles hochèrent la tête. Dans le bruit des conversations alentours, le chuchotement d'Hermione se fit encore plus discret.
-Nous nous sommes aimés il y a très longtemps, mais comme c'était à l'époque de Poudlard cela m'aurait mise en danger, il a été contraint de me voler mes souvenirs et de s'éloigner de moi. Quand tout est remonté à la surface, je crois que ça a eut un impact décisif sur ma décision.
-Je ne comprends pas, pourquoi ça te mettait en danger ? Demanda Maggie.
-Drago était un mangemort à l'époque, répondit Ginny à la place d'Hermione.
La jeune fille ouvrit grand ses yeux ne pouvant cette fois pas cacher sa stupéfaction.
-Je te demande pardon, Ron m'avait dit que c'était un sale type, un abruti arrogant et cruel et je croyais à une bête histoire de rivalités à Poudlard. Mais ça ? Enfin j'avais toujours cru que seul le père de la famille Malefoy avait eu des activités répréhensibles.
-On a tous fait des erreurs dans sa vie, répondit Ginny.
-Je ne veux pas gâcher le récit de sa romance, mais quand on parle d'avoir fait des erreurs on parle généralement d'un petit vol à l'étalage, d'un gros mensonge ou d'un style vestimentaire particulier. Pas d'avoir tué des gens.
-C'est une partie de son histoire que j'ai acceptée, répondit simplement Hermione.
-Tu ne peux pas juste fermer les yeux.
-Bon, écoute Maggie, tu peux refuser de croire que les gens changent. Mais en ce qui concerne Hermione, sache qu' à l'époque elle a été torturée par une mangemort devant lui et qu'il n'est pas intervenu. Alors elle ne ferme pas les yeux, elle connaît parfaitement les tenants et aboutissants du problème.
-Je... Je ne savais pas. Je suis désolée.
-T'étais pas obligée de rappeler cet épisode, dit Hermione en fusillant son amie du regard.
Drago venait de rentrer, accompagnée de Caroline. Elle riait. Bien qu'elle soit convaincue de la sincérité des deux ex-amants, Hermione éprouva le besoin d'être seule. La discussion avec Ginny et Maggie avait jeté un froid, elle se leva donc et quitta la salle. Elle croisa Sandra qui s'apprêtait à retourner voir sa fille.

-Puis-je vous aider ? Reste-t-il des choses à préparer pour le repas ?
-Non, non, notre elfe a déjà tout fait, nous n'avons plus qu'à nous installer, les plats ne vont pas tarder à apparaître.
-En parlant d'elfe, pourquoi ces vêtements ?
-Parce qu'il est français. Quand nous l'avons embauché il venait de quitter une famille parisienne. Nous apprécions beaucoup ses manières... À tout à l'heure pour le repas, dit-elle en la dépassant pour rejoindre les escaliers.

Hermione se trouva seule dans le couloir qui menait à la cuisine. Elle s’apprêtait à revenir sur ses pas quand Drago apparut à l'angle. Comme si c'était la suite logique de son action, sans une hésitation, il attrapa Hermione, la colla contre le mur et lui planta ses lèvres sur les siennes. L'expression de surprise de la jeune fille mourut à l'instant, étouffée par le baiser de Drago. Hermione se concentrait sur la bouche délicieusement chaude qui caressait la sienne. Les bras ballants, elle resta ainsi quelques secondes, profondément ancrée dans un présent intensément temporel. « Je suis en train d'embrasser Drago Malefoy, là, maintenant » pensa la jeune fille en s'apercevant que c'était déjà l'instant d'avant. Le temps passait trop vite, chaque seconde de cette étreinte filait à toute vitesse. Tout d'un coup, Drago se décolla, et dans un mouvement aussi fluide que celui qui l'avait amené d'une courbe parfaite de l'angle du couloir à Hermione, il fit demi tour et disparut à l'angle.

Hermione souriait. Bêtement d'ailleurs. Elle se ressaisit et retourna dans le salon qu'elle devait traverser pour rejoindre la salle à manger. Certains avaient déjà choisi leur place pour le repas du midi. Elle croisa Drago qui discutait avec le père d'Emma. Aucun regard, pas un clin d'oeil, rien. Elle passa l'air de rien devant lui et alla s'asseoir avec les autres.

La journée continua, les préparatifs occupant tout ce petit monde et à quatre heure de l'après-midi, tout était prêt. L'ambiance était joyeuse, les jumeaux avaient ensorcelé un ruban rose qui essayait de s'attacher dans tous les cheveux qu'il croisait, pour les filles comme pour les garçons. Chacun tentait donc d'éviter le petit ruban flottant qui poursuivait tous les humains qu'il croisait. Hermione était allée voir Emma plusieurs fois pour s'assurer que le moral allait bien, mais il n'y avait strictement rien d'autre à faire. Le temps était beau, aussi on amena la convalescente sur la terrasse. Fred et Georges avaient déjà enfilé leurs maillots et on commençait à envisager de se reposer de la journée de travail dans la piscine.

-Attends ! Dit Harry alors qu'Hermione remontait à l'étage pour chercher une serviette et un maillot.
Elle se raidit. L'idée d'avoir une discussion similaire à celle qui s'était produite le matin même ne lui plaisait pas du tout. Elle continua son ascension.
-Je sais que tu m'en veux pour ce matin.
-Oui !
-Je suis venu pour m'excuser.
-Il y a de quoi.
Harry avait rejoint Hermione devant sa chambre.
-Je voulais te dire que j'avais décidé d'arrêter de m'engager à moitié, de regretter, d’hésiter... Je veux être intègre. Tu es ma meilleure amie. Et demain Emma sera ma femme. Je veux que ça reste comme ça. Je veux que tu le saches. Dis moi que je n'ai pas perdu une amie.
-Non Harry, bien sûr que non. Tu as dépassé les bornes ce matin, j'étais en colère. Mais tu étais là pour moi quand j'ai mis les voiles. J'aurais dû l'être aussi quand tu en avais besoin. C'était simplement plus dur parce que j'avais pas juste le rôle de l'amie.
Harry prit Hermione dans ses bras.
-Dis-moi, je me suis pas trompé ce matin, c'est vraiment pour Malefoy que tu m'as dit non ?
-Tu es incorrigible. On en parlera quand tout sera plus posé. Mais pour répondre à ta question, oui je me sens bien avec Drago. Pourquoi ? Tu es jaloux ?
-A en crever, dit Harry en resserrant un peu plus son étreinte.

-Tu dégages de là Potter !
Harry fut projeté à cinq mètres d'Hermione. Drago venait d'arriver et pointait une baguette menaçante sur Harry.
-Purée, mais on faisait rien de mal Malefoy. Tu arrêtes ton délire, dit Harry en se relevant.
Il tenait maintenant sa baguette prêt à riposter à une autre attaque.
-T'es vraiment le type le plus con que j'ai jamais vu. La veille de son propre mariage, dans la maison de ses futurs beaux parents, essayer de se taper la copine de quelqu'un qui peut pas le supporter depuis plus de dix ans...
-De la part de celui qui ne résiste pas deux secondes à son ex c'est ultra crédible la leçon de morale. Mais non, je n'essayais pas de me « taper » Hermione. C'était un hug fraternel. Mais ça j'imagine que tu peux pas le comprendre.
-Ça suffit vous deux, dit Hermione. Je me fiche que vous ne pouviez pas vous encadrer. Là, présentement, je suis la meilleure amie d'Harry et en couple avec Drago. Vous l'intégrez tous les deux et ça marchera très bien.
Harry passa devant Drago et redescendit voir sa fiancée. Avant de disparaître il lança.
-Il a une confiance à l'épreuve des balles ton mec, Hermione.

Elle leva les yeux au ciel. Drago avait parfaitement entendu la discussion du matin. Sa réaction était peut être démesurée mais légitime.
-Qu'est ce que tu as cru Drago ? Que je te disais « je t'aime ce matin », et que je tombais dans les bras d'Harry l'après-midi.
-Laisse tomber...
- Non, je ne laisse pas tomber. Tu avais l'air fou de rage.
- Et c'est normal. C'est exactement pour ce genre de démonstration que j'ai pas voulu venir avec Pansy au début. Et je pensais même pas que ça faisait si mal à l'époque.
- Je sais que c'est ambigu. Mais bon sang je t'ai choisi toi à la seconde où Harry m'était offert sur un plateau d'argent. Je suis désolée que tu ais pu douter de moi.
-Ne retourne pas la situation, n'importe qui aurait réagit de la même manière. Tu n'as pas idée de ce que j'aurais pu faire. Je ne sais même pas comment j'ai réussi à me retenir.
-Tu parles de tes stupides aptitudes apprises pendant ton engagement aux côtés des mangemorts ? Tu aurais été prêt à replonger dans la magie noire sur un coup de tête ?
-Mais tu ne te rends pas compte Hermione. Pendant un an et demie je me suis tenu éloigné de toi en espérant te protéger. Sans succès. Tes hurlements résonnent encore dans ma tête... Et pendant les années qui ont suivi je n'ai ouvert mon cœur à personne, convaincu que j'échouerai à nouveau, me punissant de t'avoir perdu. Et au moment où je crois t'avoir retrouvée, où j'accepte de me donner une chance, je te vois dans les bras de cet imbécile. Alors oui ça a demandé un effort surhumain de ne pas l'écarteler en un mouvement de baguette.
-Je suis désolée. Je te jure que ce n'était rien de plus qu'une réconciliation entre amis.
-Je te crois.
Drago rentra prendre le maillot qu'il était venu chercher et repartit. Il lui faudrait apprendre la confiance. Hermione eut conscience que ce ne serait pas chose aisée.

Emma allait bien et Hermione tenta d'atténuer le traitement jusqu'au lendemain. Elle avait laissé pour consigne de compter les contractions qui arriverait. À ce stade, si il y en avait plus de deux ou trois il y aurait de fortes chances que tout redémarre une fois le sortilège levé. Hermione était maintenant presque aussi angoissée qu'Emma était calme. Le soir était venu sans se presser et Drago et Hermione ne s'étaient pas reparlés depuis la dispute, le jeune homme avait même complètement disparu juste avant le souper. Il devait probablement errer sur la plage comme à son habitude. Il était d'ailleurs revenu et n'avait pas manqué le repas. Toutes les filles voulaient un teint frais pour le mariage, aussi à neuf heure et demie ne restait-il plus que les garçons qui papotaient autour d'une bière-au-beurre dans le salon. Hermione avait fait comme ses amies, même si son teint l'importait beaucoup moins que les coups d’œil courroucés que se lançaient Harry et Drago depuis un moment. Ça ne faisait pas cinq minutes qu'elle était habillée pour dormir que Drago rentra dans leur chambre.

-Je suis désolé pour tout à l'heure. J'ai dû te paraître violent.
-Non, on n'en parle plus. Je ne peux pas comprendre ce que tu ressens, pour moi César n'a jamais eu de visage. C'est perturbant mais je m'y ferai.
-J'ai laissé ce souvenir dans un flacon pendant des mois pour que le seigneur des ténèbres ne puisse pas le voir. Après l'épisode de votre capture je l'ai récupéré pour toujours me rappeler de ce que j'avais perdu. C'était moins obsédant de le refouler que de savoir une bribe de son passé dans une fiole à pensine.
-Raconte moi. Comment ça s'est passé ?
Hermione s'était rapprochée de Drago et l'implorait du regard.
-Bon d'accord... C'était la soirée de Slughorn à Noël. Je savais que tu y serais et j'avais pris la décision de te voir une fois puis de t'oublier. J'ai eu la chance de te croiser dans un couloir. Tu y allais avec un abruti dont je ne me souviens plus le nom. J'ai quand même réussi à te donner rendez-vous. Comme je t'avais appelée Belladone tu avais accepté. Tu aurais vu ta tête. En une seconde tu étais passée du mépris et des insultes à la stupeur et l’effarement. On a eu rapidement le temps de fixer un autre rendez-vous dans un endroit plus calme, parce que la seule chose que tu avais trouvé c'était une fenêtre de la salle où se trouvait la fête. D'ailleurs je me suis fait pincer juste après par Russard. Ça par contre tu dois t'en souvenir. Après quelques détours j'ai fini par rejoindre la salle sur demande pour t'attendre. Elle n'était pas très grande.

Drago décrivit la superficie en marchant sur les lignes d'un carré imaginaire tout en continuant.

-Elle n'était pas très belle non plus. Un genre de cagibi miteux, bas de plafond, papier peint défraîchi... J'avais pas besoin de plus pour t'attendre apparemment. Il n'y avait quasiment pas de meuble, une table, un buffet, des chaises. Et pas de lit, tu vois mes intentions étaient pures, dit-il en riant doucement. Tu es arrivée. Et moi qui avait peur que tu refuses de venir en sachant qui j'étais... Je me souviens encore. J'étais là et toi ici, dit-il en la prenant pas la main et en la plaçant dans la salle imaginaire. Tu as dit à quel point c'était étrange de penser que j'étais César. Et tu m'as demandé de t'embrasser.
-J'ai fait ça ?
-Ça t'étonne ?
-Oui. Mais ne t'arrête pas, continu.
-Je t'ai embrassé, sur la joue, dit-il en exécutant le geste qu'il avait fait des années avant. Et je t'ai dit quelque chose à propos du fait que notre histoire se finirait mal. Je crois qu'après on s'est embrassé.
Drago s'excecuta.
-Non, c'était plus doux que ça au début. C'était la première fois que j'embrassais une fille, c'était timide, presque immobile pour moi. Et je me souviens encore de ce que j'ai ressenti. J'ai eu l'impression que tu essayais de me manger. Pas avec les dents, mais ta bouche revenait toujours, comme une caresse.
-Comme ça ? Demanda Hermione avant d'essayer de coller à la description de Drago.

C'était effectivement bien plus sage que ce qu'ils avaient échangé dans le couloir le matin même. Mais à mesure que les secondes passaient, cela devenait de plus en plus brûlant, de plus en plus intense. Il attrapa les mains d'Hermione et les fit passer sous sa chemise.
-Tu as commencé à mettre tes mains dans mon dos. C'était étrange, tes doigts m'ont parus si fins, si froids, si présents.
Tout en disant ces mots il commença à caresser les cheveux de celle qu'il aimait, et recommença à l'embrasser. Vînt le moment où Hermione passa à la vitesse supérieur comme l'attendait Drago. Sa langue franchit la limite de ses lèvres, il sourit avant de s'écarter doucement.
-Et c'est à ce moment précis que j'ai dit non, je l'ai d'abord crié dans ma tête avant de faire un bond en arrière et de le dire tout haut. Oui, c'est à ce moment que je t'ai annoncé que nous ne nous verrions plus jamais, que j'étais fou de désir pour toi et que je ne voulais pas que notre unique rendez-vous se transforme en partie de jambes-en-l'air.
-Comment j'ai réagi ?
-Mal. Je t'ai montré ma marque, tu as pleuré. On a décidé de passer la nuit sur place. Il n'y avait rien pour dormir, on s'est assis par terre, j'étais adossé contre le mur et tu étais contre moi. Et j'ai profité des dernières heures que je passais avec toi. C'était délicieux de te sentir respirer, d'avoir tes cheveux contre ma peau... Le matin s'est levé, on a mangé et je t'ai volé tes souvenirs.
-Je me suis défendue ?
-Oui, tu m'as désarmé d'abord, ensuite tu m'as fait un grand discours sur le bien et le mal, le repentir et tout ce en quoi je ne croyais pas. Je t'ai crié dessus, t'ai dit que nous ne pourrions jamais être heureux ensembles. Je ne sais plus si je t'ai fait part de mon plan pour devenir un mangemort de premier plan afin de te protéger de l’intérieur. Quoi qu'il en soit dans notre dispute je t'avais pris ta baguette et je l'ai utilisée pour re écrire ta soirée. Sans moi. Je peux te dire qu'après avoir vu les dernière douze heures à travers tes yeux, j'étais encore plus convaincu que tu m'aimais sincèrement. Ce que j'ai fait cette après-midi, c'est ce que j'ai fantasmé pendant les mois qui ont suivi. Et tu sais à quel point les adolescents sont bourrés d'hormone. C'était insupportable.
-Si seulement j'avais su te convaincre.
-Je ne sais pas. Je crois que je serais mort à l'heure qu'il est. Et peut-être toi aussi. Par contre, le jour où je suis tombé amoureux de toi ça a sauvé ma vie. Je veux parler de toi, Hermione Granger, pas de Belladone. Ça a été le début de mes premiers regrets. C'est ce qui m'a permis de ne jamais être complètement satisfait de l'idéal que me proposait les mangemorts. C'est ce qui fait qu'aujourd'hui je suis ici et pas à Azkaban. Tu parlais de la magie noire cette après-midi. Tu peux pas savoir comme c'est séduisant, c'est absolument malsain mais fascinant. Si j'ai pu décrocher, je dirais avec le recul que c'est grâce à ces quelques mois où j'ai désespérément aimé une « Sang de Bourbe ».
-Le miroir, tu dirais qu'il était maudit.
-Je te remémore la règle à laquelle il obéissait ? Unir les couples maudits...
-... Envers et contre tout et ce pour toujours. On est un couple maudit, mais le miroir uni, il ne sépare pas. Il faudrait voir la définition d'un couple maudit.
-Ça se fini toujours mal, c'est ça le principe non ?
-Il faut qu'on trouve comment détourner ça. Je ne veux pas de l'étiquette « couple maudit ».
-Hermione, habilles toi, dit-il en lui tendant une tunique qui traînait sur une chaise.
-Mais je m’apprêtais juste à aller me coucher... Bon allez, tu m'explique pourquoi ?
-Quand tu l'auras enfilée.
Hermione passa la tête et les mains dans la longue robe en maugréant.
-Alors, tu me dis où on va ? On va sur la terrasse au clair de lune, c'est ça ?
Drago ne répondit pas, l'attrapa par la taille et l'embrassa brièvement.
-On va là où tout a commencé.

Il transplana, l'emportant avec lui.