mardi 13 septembre 2011

Samedi

Hermione regarda autour d'elle. La nuit les enveloppait, mais malgré l'obscurité elle reconnut instantanément l'endroit où ils se trouvaient. La petite rue pavée, les boutiques et surtout Poudlard qui s'élevait, majestueuse, au dessus de la ville.

-Pré-au-lard...

Elle se retourna et contempla la petite maison anglaise de la boutique de Dervish et Bang. Oui, c'était bien là que tout avait commencé, le jour où elle avait acheté le miroir sans savoir à quoi il servait. Comme elle s'approchait et contemplait l'intérieur du magasin, Drago la tira en arrière. Il la regardait intensément et ses yeux bleu-gris avaient pris un éclat particulier. Il sortit quelque chose de sa poche, mit un genoux à terre et reposa la même question qu'il avait formulé le matin même.
-Hermione Jane Granger, veux-tu m'épouser ?
Il avait ouvert une petite boîte. Dans la pénombre Hermione ne distinguait pas la bague qui était dedans, mais elle n'avait aucun doute sur sa provenance. Ça avait l'air vieux, complètement démodé. Ce n'était pas un de ces diamants clinquants sertis sans aucune finesse sur un simple anneau d'or. Ce n'était pas le deux-mois-de-salaire qui était de mise dans la tradition britannique moldue et sorcière. Et ça avait un délicieux goût de vieille aristocratie.

-... Je ne doute pas qu'un jour je dise oui, mais là, l'idée me panique complètement. Et si ça ne marchait pas ?
-Les fiançailles sont une période de réflexion qui commence par un projet commun, celui de se marier. Dis-moi combien de temps tu veux que ça dure ? J'attendrai le temps qu'il faudra.
-Je dis oui maintenant et on rentre dans une période d'essai ?
-C'est ça.
-Drago, tu te rends compte que c'est complètement précipité ?
-Il va falloir argumenter ferme, n'est-ce pas ?
-...
-Je sais ce que je veux. C'est toi que je veux. J'ai été capable de me priver de ta présence alors que tu représentais tout ce pour quoi j'existais. Comme tu le vois, je suis capable de décisions rationnelles même quand mes sentiments sont en jeu. Aujourd'hui je m'engage dans ce choix, je te demande ta main et je sais ce que je fais. Tu décides ce que tu veux. J'attendrai.
-Et ta mère ? Ta famille ? Que diront-ils ? Je dois bien être le pire parti que la terre ait portée. Je ne parle même pas de mon appartenance passée à l'Ordre du phénix.
-Je crois que je suis devenu assez grand pour me passer de leur avis pour un aspect aussi important de ma vie.
-C'est de la folie. On est juste cinglés.

Hermione regarda la boutique, puis regarda Drago. Elle se mordait les lèvres et on pouvait deviner qu'un débat intense avait lieu à l'instant même.

-Ne me le fais jamais regretter, dit-elle d'un ton sévère.
-Et bien, ça commence bien, soupira Drago avant d'éclater de rire. Il se releva et tendit le petit écrin. Hermione sauta au coup de Drago.
-Tu sais que tu vas en baver ?
-Oui.
-Que je suis insupportable.
-Parfaitement.
-Que je suis une femme rebelle et indépendante qui te fera honte dans la haute société.
-Qui t'a dit ça ?
-Ma mère... Il parait que je suis comme elle.
-Je prend note. Cela dit tu parles comme si tu t’apprêtais à dire oui à un ange. J'ai peut-être un peu changé depuis Poudlard, mais le fond reste le même.
-Je suis parfaitement au courant des détails de la marchandise. À moins qu'il y ait des vices cachés, j'achète. Avec une période d'essai de un an. Dans trois-cent-soixante-cinq jours je dis oui ou non.
-Marché conclu ? Dit Drago en lui tendant la main.
-Marché conclu, répondit-elle en la lui serrant dignement. Tu es officiellement mon petit ami et fiancé pour une durée d'un an non renouvelable. On est sensé faire quoi maintenant ? Tu me met la bague en me regardant amoureusement ?
-Quelque chose comme ça.

Drago saisit la main de sa fiancée et lui enfila l'anneau sans soucis : il était beaucoup trop grand pour son annulaire. D'un coup de reducto, Hermione ajusta le bijoux. Elle s'approcha d'un réverbère pour contempler son cadeau. C'était un anneau d'or très fin qui portait une grosse pierre laiteuse ronde et lisse. D'une couleur rose pâle, le gemme semblait contenir une sorte de fumée, elle était sertie grâce à de fines arabesques de métal qui l'entouraient étroitement.
-C'est ma marraine qui me l'a donnée quand j'avais quatorze ans. Elle m'a dit que ce serait pour ma fiancée. À l'époque ça m'a surpris... J'ai fait un saut au manoir avant le dîner pour la récupérer.
-Tu ne crois pas que cette marraine regrettera de te l'avoir donnée quand elle apprendra quel genre de fille la porte.
-Elle est morte. Mais je crois au contraire qu'elle aurait apprécié. Si mon mariage avait été arrangé, c'est un bijoux venant de la famille de ma mère qui aurait servi. Je crois que le message qu'elle voulait me donner c'était que je pouvais choisir de ne pas faire un mariage de convenance. Elle aurait certainement un peu rechigné à cause de ton ascendance, mais au final elle aurait approuvé.
-Rentrons, proposa Hermione.

Ils transplanèrent tous les deux et dans la nuit on n'entendit plus que le crissement des insectes et le ululement des oiseaux nocturnes.


La maison s'éveillait, on entendait le bruit des canalisations qui se remplissaient d'eau, des pas dans les escaliers, des discussions étouffées qui avaient lieu au rez-de-chaussé. Hermione ouvrit un œil, puis l'autre. Le jour était déjà levé. Elle embrassa Drago sur le nez et lui dit :
-Je file voir Emma, on déjeune et on remonte mettre nos plus beaux habits. On doit tous être prêts à neuf heure et demie.
Elle tenta de sortir du lit mais Drago l'attrapa par la taille, la forçant à venir contre lui.
-Je t'aime.
-Oui, tu me l'as déjà dit.
-Je te le dirai tous les jours.
-Moi aussi je t'aime César.
-Tiens, ça faisait longtemps.
-J'aime bien, ça fait nom de code, allez, je file, j'en ai vraiment pour pas longtemps. J'espère que tout va bien pour Emma. Pourvu que tout ait tenu !
Elle sauta du lit, enfila une robe légère et des sandales et sortit de la chambre sans même se coiffer. Emma l'attendait, sagement assise dans son lit.

-Alors combien ?
-Une seule contraction.
Hermione s'assit sur le lit en poussant un soupir.
-Merci Merlin ! C'est encourageant. On va pas crier victoire tout de suite et tu devras de toute façon consulter rapidement ton médico-mage. Allez, on jette un coup d’œil.

Hermione fit apparaître les entrailles de sa patiente et évalua la situation. À la vue du pantalon de pyjama que portait Emma, la jeune praticienne devina que l'épilation n'avait pas fait long feux. D'autant que la jeune fille s'était faite avoir deux fois avant de décider de vider en douce le tube de lotion pour le remplir de crème hydratante. Sandra était déterminée à choyer sa fille jusqu'au dernier instant. Hermione imaginait très bien l'infortunée effectuer son énième épilation de la journée avant de baisser les bras. Fort heureusement, le milieu dans lequel évoluait la famille Parkinson n'était pas de ceux où l'on retrouve la tradition de la jarretière. C'était bien trop vulgaire pour les personnes de son rang.

-Tout a très bien réagi. Finite Incantatum, voilà, on regarde ce soir et je te ferai une lettre pour mon collègue. Je sais que ça va vraiment être terrible, mais aujourd'hui interdiction de courir, tu peux danser mais fait vraiment attention, à la moindre sensation de fatigue tu stoppes tout. Et... et désolée pour votre nuit de noce, mais ce soir c'est ceinture. Même si tu n'as plus de contraction aujourd'hui, ça veut dire qu'on aura arrêté le processus, pas qu'on sera revenu en arrière. Ce sera au médico-mage qui te suivra de décider de changer la prescription. Je n'ai pas assez de recul pour le faire maintenant. On doit être dans les un pour-cent de cas où le sexe est à proscrire. Je suis vraiment désolée que ça soit tombé à ce moment.
-Je m'étais faite à l'idée que mon mariage ne serait pas parfait, mais j'avais plus pensé à une décoration manquante ou un léger retard des témoins. Allez Harry, on va manger, vas-y, je te rejoint.

Sans protester, Harry qui avait déjà enfilé un jean sortit de la pièce.
-Entre nous soit dit, étant donné mon petit problème de fourrure, ton interdiction tombe à pic, glissa-t-elle.

Hermione fut ravie de voir qu'Emma le prenait si bien. Elles descendirent prendre le petit déjeuner. Une fois celui-ci pris, les filles se retrouvèrent dans la chambre d'Emma et les garçons furent envoyés dans la chambre de Ruppert qui était la plus grande après celle du couple. L'ambiance était électrique. On n'entendait plus que des « et comme ça tu crois que ça va ? », « Qui a vu ma boucle d'oreille, je l'avais posée à côté de sa jumelle sur ce meuble » et des « tout simplement ma-gni-fique ! » Les robes étaient enfilées, on se marchait sur les pieds, on s'empruntait les pinceaux, on rectifiait le maquillage à coup de baguette magique. Assise devant une coiffeuse, Emma se laissait faire par sa mère. Elles avaient passé une semaine au mois de juin à mettre au point la coiffure. Une feuille couverte d'inscriptions récapitulait la liste de sorts à faire.

Sandra se concentrait sur le schéma qu'elles avaient réalisé pour la métamorphose finale. Les cheveux s'enroulaient, ondulaient, se plaquaient. Le chignon parfait fut enfin fait. C'était une sorte de boucle figée très bas sur la tête, sur une coiffure lisse et tirée en arrière. Emma avait l'air d'une photo de magazine féminin. Pendant ce temps les autres filles avaient fini de refaire leurs fameuses extravagances capillaires. Caroline n'était pas en reste, elle était désespérément superbe, comme d'habitude. Il était l'heure.

Pour un mariage il était de mise que le ministère mette à disposition des portoloins qui menaient directement à la salle de cérémonie. Madame Parkinson avait transplané à la capitale pour récupérer tous les objets quelques mois avant. Ils avaient été disposés dans la région, et un lutin d'accueil était disponible pour chacun d'entre eux pour l'aller comme pour le retour quand tout le monde demanderait à être orienté vers le lieu du vin d'honneur. Bien que curieuse de voir à quoi ressemblait le ministère parisien, Hermione était déçue de ne pas pouvoir utiliser la voie plus conventionnelle qui aurait permis de voir un peu Paris. C'est en pensant avec regret à cette occasion ratée de voir la capitale, qu'elle attrapa le portoloin. Le transfert fut immédiat.

La salle était superbe. Des fresques immenses recouvraient les murs qui s'élevaient sur une dizaine de mètres. Sur un pan entier s'ébattaient des enfants habillés comme des petits princes dans un décor champêtre. Une belle femme bien en chair portant une perruque blanche les regardait tendrement. Ce devait être la mère. Les beaux parquets en bois vernis sentaient le vieux musée. On ne comptait plus les dorures et enluminures qui courraient le long des angles. Et dans ce décorum chargé et baroque, un somptueux lustre étincelant éclairait toute la salle. Le ministère Britannique n'était pas mal non plus, mais dans un tout autre style.

-C'est magnifique, souffla Hermione à l'oreille de Drago.
-Ce sera pas pour nous, ni toi ni moi ne sommes français.
La foule se pressait et rapidement toutes les chaises furent prises. Les gens continuaient de rentrer, s’agglutinant contre les murs. Hermione reconnut plusieurs élèves de Poudlard, des hauts fonctionnaires anglais et le président du ministère Français.

-Nous sommes réunis aujourd'hui pour célébrer l'amour. L'amour d'Harry et d'Emma, commença le chancelier préposé au mariage.

Sa voix monocorde et son ton grandiloquent eut vite fait d'endormir toute la salle. Chacun avait pris un air pénétré et tentait de paraître un temps soit peu intéressé par l'ode à l'amour pur et sans tâche que déclamait le chancelier. Il finit par arriver au moment solennel où ceux qui veulent s'opposer à l'union sont priés de se manifester. Hermione connaissait cette expression. Lors de ses nombreuses lectures elle avait appris que le « qu'il le dise maintenant ou se taise à jamais » était d'origine sorcière avant de passer dans la tradition catholique et anglicane moldue. À l'origine chacune des personnes présentes se soumettait à un sortilège empêchant de prononcer une parole contre le couple à cette occasion. Il y avait donc des fuites de vocabulaire entre les deux mondes : c'était également le cas de l'expression « Je m'en tamponne le coquillard » et du mot « Gougnafier » qui désignait à la base un vendeur de Potion à la sauvette.

Le silence se fit. Hermione vit les jumeaux se donner des coups de coude et entendit distinctement Fred dire « Combien tu me donnes si je dis que je m'y oppose ? » C'est alors qu'une voix s'éleva, et ce n'était pas celle de Fred. Il y eut un son mêlant toutes les exclamations de frayeur et d'indignation de l'assistance. Toutes les têtes se retournèrent vers la source de l’impudente phrase. C'était Ruppert.
Le chancelier qui avait certainement prononcé le texte sans se douter que quelqu'un y répondrait eut un instant de flottement.

-Heu... Je vous déclare mari et femme... Non c'est pas ça, veuillez me suivre, les époux, l'accusant et moi-même allons nous entretenir à huis-clos.

Ils sortirent par une petite porte. Une rumeur commença à s'élever, chacun discutant avec son voisin essayant de comprendre qui était ce Ruppert, quelles étaient ses motivations.

« Mais bien sûr que non il ne peut pas aimer la mariée, c'est sa cousine ! » « Peut-être qu'il sait quelque chose sur l'infidélité d'un des deux fiancés ? » « Et si Harry était homosexuel et qu'en réalité Ruppert aimait Harry ? »
Les hypothèses les plus folles étaient avancées. Le chancelier finit par sortir et faire signe à Hermione de le suivre. La honte s'abattit sur elle comme une averse de printemps. Elle pénétra dans la petite salle annexe en essayant d'oublier les milliers d'yeux qui la fixaient tout d'un coup.

-Mon rôle ici est de célébrer une union. Quelqu'un s'y est opposé apportant une information qui pourrait éclairer le choix l'un des époux. Le jeune homme ici présent affirme que le futur époux n'est ici que par convenance et qu'il est épris d'une autre, vous.
-Que dois-je répondre à ça ?
-Avez-vous eu connaissance de ces sentiments mademoiselle...
-...Granger.
-Oui, mademoiselle Granger, ce jeune homme vous a-t-il fait part de ses sentiments ?
-Oui.
-Récemment ?
-Oui
-C'est embêtant. Oui c'est très embêtant. Merci, vous pouvez repartir. À moins que mademoiselle Parkinson n'ai d'autres questions à poser.
Emma qui était restée silencieuse jusque là secoua la tête. Elle avait l'air abattue.
-Bien vous pouvez repartir, vous aussi monsieur. Laissons au couple le temps de discuter de leur choix. Maintenant que les deux parties ont pleine connaissance de la situation, la cérémonie peut continuer ou s'arrêter. Je ne voudrais pas vous presser, prenez votre temps. Le mariage n'est pas quelque chose d'anodin et il doit commencer sur de saines bases.

Ils quittèrent le cabinet laissant Harry et Emma seuls. Hermione était rouge comme une pivoine. Elle regagna le rang des demoiselles d'honneur et se rassit le plus dignement possible. Pansy se pencha vers elle.
-Alors, c'est quoi le problème ?
-Si Emma veut t'en parler elle le fera. Ce n'est pas mon rôle.
Dans la foule elle chercha Drago du regard. À deux rangs de là le blond la fixait. Lui savait pourquoi Ruppert avait fait entendre sa voix et Hermione pouvait lire de la colère dans ses yeux. Les rares journalistes qui avaient été autorisés à être là prenaient des notes frénétiquement. La nausée monta, le lendemain son nom serait peut-être en première page pour le scandale du siècle. Le mariage de l'élu était déjà du pain béni pour la press people. Mais là c'était le scoop du siècle. Rita Skeeter s'en mordrait les doigts, elle avait bien évidemment été black-listée, Harry ayant catégoriquement refusé sa présence malgré les gros cachets que proposait la gazette des sorciers.

Le silence se fit quand les deux jeunes gens apparurent. Ils s'installèrent devant le bureau du chancelier et Harry se pencha vers lui. On l'entendit chuchoter « Vous pouvez reprendre où vous en étiez ? »

-Hum, si quelqu'un s'oppose à cette union, qu'il parle maintenant ou se taise à jamais...
-JE M'Y OPPOSE ! Aïe !
-Non, il s'oppose pas du tout, continuez s'il vous plaît, dit une voix féminine autoritaire.

Hermione ne se retourna pas, elle entendit Fred chuchoter « ça fera cinquante Gallions pour l'action d'éclat », puis Molly lui intimer l'ordre de se taire. Le chancelier avait une mine déconfite, il reprit quelque peu perturbé.
-Harry James Potter, voulez vous prendre pour épouse la dénommée Emma Septante Parkinson, l'aimer, la chérir de tout votre cœur et de la protéger de tous les danger ?
Il lui tendit la feuille des vœux et Harry lut à voix haute.
-Oui, moi Harry James Potter, je fais vœux de fidélité et de protection envers la dénommée Emma Septante Parkinson.
-Emma Septante Parkinson, voulez vous prendre pour époux le dénommé Harry James Potter, l'aimer le chérir de tout votre cœur et vous placer sous sa protection ?

Hermione haussa les sourcils se jurant que si le vœux était similaire en Angleterre elle le déformerait. Se placer sous sa protection, et puis quoi encore ? Mais Emma n'était pas une féministe.

-Oui, moi Emma Septante Parkinson, je fais le vœux de fidélité et je me place sous la protection d'Harry James Potter.

-Je vous déclare mari et femme.

Le soulagement était palpable, la foule applaudit les mariés qui s'embrassèrent sous les feux des flash.

Les pelouses des Parkinson étaient piétinées par des centaines de personnes qui discutaient en mangeant des petits fours. Hermione reconnut Antoine Favreau, le célèbre photographe français. Son objectif long comme un bras shootait tout ce qui passait. À l'inverse des photos moldues, il était impossible de fermer les yeux pour un cliché sorcier. On pouvait donc se concentrer sur le style et la composition, et pour l'occasion, Favreau était bien le meilleur. Ses clichés étaient incroyables de sensibilité et de poésie.

-Je vais te chercher à boire ?
-Merci Drago, je prendrais bien du vin blanc.

Il disparut dans la foule, revenant bientôt avec deux verres. Il commençait à faire chaud, il avait donc déposé sa cape. Il avait hésité entre une très solennelle robe de sorcier et un costume moins clinquant mais plus moderne. La mode était aux pantalons, surtout chez les jeunes. Les plus âgés continuaient de trouver insupportable de ne pas bénéficier de la liberté qu'une robe longue procurait. Il ressemblait donc aujourd'hui à un jeune dandy du XIXe siècle. En le voyant revenir, Hermione se dit qu'il ne lui manquait plus qu'une moustache.
-Alors comment as-tu trouvé la cérémonie ? Demanda-t-elle.
-On s'en souviendra longtemps.
-Tu sais j'ai réfléchi à notre histoire de miroir. Si on ne trouve pas rapidement une solution, j'ai peur que nous n'ayons des problèmes.
-Tu as gardé le tiens ?
-Il doit être chez mes parents, dans mes cartons. Et toi ?
-Bien sûr. Il est longtemps resté avec ma fiole de souvenir de la soirée de Noël.

Un serveur passa avec un plateau chargé de mini verrines.
-Merlin ! La gastronomie française est délicieuse... Pour en revenir aux miroirs, je me suis demandée comment on pourrait lever la malédiction. Peut-être qu'en reformulant le vœu de la salle à la demande ça marcherait.
-Non, c'est une magie trop ancienne et trop puissante qui anime la salle sur demande. On ne peut pas réécrire le vœu de Cho, répondit Drago.
-Mais on pourrait compléter le vœu, lui apporter une précision qui retournerait le sens de la malédiction.
-À moins que nos débuts aient été suffisamment chaotiques pour que nous ayons eu notre quota de malédiction.
-Non, il y a une histoire de destin. Ça doit mal se finir. C'est toi même qui l'a dit.

En marchant, ils étaient arrivés en haut de la falaise qui surplombait la petite plage privée des Parkinson. Hermione s'assit, les yeux rivés sur l'horizon. Drago la rejoignit et elle posa sa tête contre son épaule. Tout d'un coup elle sursauta. Elle tenait la solution. Il y avait un détail, une faille à exploiter.

-Mais Drago, seul ton miroir est maudit, pas le mien. Viens avec moi !

Elle lui passa les bras autour du cou et l'embrassa avant de l'emmener dans un lieu où nul bruit ne résonnait. Quand Drago prit conscience d'où il avait atterri Hermione était déjà loin. La maison était un peu sombre, il reconnut clairement le style anglais du petit salon dans lequel il se trouvait. Aux murs étaient accrochés des photos de famille. En s'approchant il se rendit compte qu'il s'agissait de celle de sa fiancée. La mère avait un visage assez doux et l'air déterminé qu'elle avait manifestement transmis à sa fille. Le père était grand, plutôt charismatique. Il avait les mêmes yeux que sa fille.
-Hermione ? C'est toi ? Tu aurais pu t'annoncer ! Dit une voix qui devait appartenir à sa mère.
La femme de la photo apparut dans encadrement de la porte. En voyant Drago elle sursauta.
-Qui êtes-vous ?
-Votre fille vient de filer à l'étage. Je suis vraiment désolé que nous ne nous soyons pas fait annoncer. Bonjour madame Granger, mon nom est Drago Malfoy.
-Avec un nom et une entrée pareille vous devez être sorcier, répondit la femme qui souriait maintenant qu'elle savait qui était l'intrus dans son salon. Vous êtes un collègue de travail ?
-Pas du tout, je suis journaliste. J'ai rencontré votre fille pendant mes études à Poudlard. Mais nous n'étions pas amis à l'époque.
Hermione descendit les escaliers à ce moment de la discussion. Le petit miroir rond cerclé de cuir rouge était entre ses mains.
-Bonjour maman, désolée de passer en coup de vent sans sonner, j'avais besoin d'un objet que je vous avait laissé au grenier. Je te présente Drago, mon fiancé.

Madame Granger parut surprise mais ne se départit pas de son sourire.
-Je vois que vous êtes un couple moderne. Les fiançailles sont l'occasion de rencontrer les parents normalement, mais je suis sûre que nous aurons l'occasion de faire plus ample connaissance par la suite. Je le dis à ton père, ou tu préfères qu'il l'apprenne de toi ?
-Tu peux le lui dire. On trouvera bien un dimanche après-midi pour manger ensemble d'ici quelques semaines. Je suis vraiment désolée, je te raconterai tout ça une autre fois. Comme je te l'ai dit on doit repartir tout de suite. Le mariage d'Harry n'est pas fini.
-J'espère que tu lui a transmis tous nos vœux. Au fait tu es très élégante, et j'aime beaucoup ta coiffure.
-Merci. Bien sûr maman. Je lui dirai que je viens de te revoir et que tu as renouvelé ta demande que je lui dise à quel point vous êtes contents pour lui.

Hermione embrassa sa mère et repartit avec Drago qui eut à peine de le temps de faire un baise-main à sa future belle-mère.

-Elle n'a pas trop l'habitude de ce genre de civilité. Ça fait un peu vieux jeu le baise-main chez les moldus, s'amusa-t-elle quand ils eurent rejoint la fête.
-Et maintenant tu comptes faire quoi ? On ne peut pas transplaner à Poudlard. D'ailleurs McGonagal est ici si tu veux lui demander l'autorisation, mais l'école n'est pas un moulin... On n'y rentre pas comme ça.
-Ça va peut être te surprendre, mais je n'ai pas l'intention de passer par la directrice de l'école.
-Bon tu m'expliques, j'en ai un peu assez de me faire traîner à droite, à gauche sans rien comprendre. Tu comptes emmener ton miroir dans la salle sur demande, demander un endroit où ranger l'objet jusqu'à ce qu'il puisse unir les couples maudits mais pas tellement que ça, puis le récupérer. J'ai juste.
-Oui.
-Tu comptes y aller comment ?
-Je ne vais pas y aller, je vais demander au charmant elfe de maison de cette demeure.
-Effectivement. Mais comment comptes tu récupérer le miroir ? Il faut rajouter une close. J'ai une idée : si il fallait se présenter avec le second miroir pour que la salle soit accessible, ça devrait marcher. Tu viens avec moi ?
-Non, non, non. Je n'ai aucune envie de rencontrer ta mère.
-Chacun son tour, dit Drago en attrapant les mains d'Hermione alors qu'elle reculait.
Les invités sursautèrent quand ils entendirent la petite détonation. Le couple qui venait d’apparaître avait à nouveau disparu.

-Tu étais obligé de m'emmener avec toi ? Demanda Hermione quand le monde autour d'elle cessa d'être un tourbillon instable et suffocant.
-J'en ai pour deux minutes.
-Je t'accompagne.
-Il faudrait savoir à la fin.

Drago lui attrapa la main et ils se dirigèrent tous deux vers un grand escalier de marbre. Hermione reconnut la salle à manger dans laquelle elle avait été torturée par Bellatrix quand ils passèrent devant. C'était encore plus froid et plus sombre que dans ses souvenirs. Plus pompeux aussi, de nombreuses tapisseries avaient été rajoutées et le portrait de Lucius trônait à côté de ceux de ses ancêtres.
Ils montèrent et après une série de portes, Drago s'arrêta enfin devant une grande ouverture ouvragée. La chambre était plus grande que l'appartement londonien d'Hermione. La pièce semblait prête à accueillir quelqu'un, le bureau était encore couvert de papier, mais il n'y avait pas un grain de poussière et le lit était fait. Il se dirigea vers une grosse armoire en bois massif. Du dernier compartiment il sortit une boîte en carton, fouilla rapidement dedans et ne tarda pas à sortir ce qu'il cherchait.

-Tu vois, je l'ai toujours gardé.
-C'est ta chambre ici ?
-Oui, depuis que je suis enfant.

Dans un coin de la salle une table dans laquelle était incrustée un damier était couvert de pièces d'échec magique qui semblaient s'ennuyer à mourir. Drago s'en approcha.

-Je jouais beaucoup avec mon père étant adolescent. Les jouets et les revues ont été jetées, mais j'ai gardé cet échiquier.

Hermione se rapprocha de lui et l'enserra par la taille.

-J'imagine que je t'aurais détesté quand tu étais enfant aussi. Mais c'est bizarre d'être dans un endroit où tu as grandi.
-Bonjour Drago. Tu aurais pu me prévenir que tu passais, et accompagné de surcroît, dit la voix qu'Hermione avait redoutée depuis son arrivée au manoir.
Elle se retourna lâchant précipitamment Drago.
-Bonjour mère, dit celui-ci.

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