jeudi 8 septembre 2011

Vendredi (2e partie)

Hermione se réveilla de bonne heure ce matin-là. La nuit avait été trop courte mais délicieuse sur la fin. Elle sentait à présent un souffle chaud dans son cou, celui de Drago. Il chuchotait une chanson de sa voix grave et encore un peu enrouée en baladant ses doigts sur sa peau.

-Debout petite marmotte.
-Non, je veux rester ici, j'ai pas assez dormi.

La jeune fille poussa un petit grognement et rabattit la couverture sur sa tête. Elle aurait voulu rester ici indéfiniment. Dans un froissement de tissu, son voisin la rejoignit dans sa tanière improvisée. Il se glissa au dessus d'elle.
-Telle Nut, dont le corps offert en voûte céleste, supporte les étoiles, récita Hermione.
-C'est pas une fille cette Nut ? Demanda outré Drago.
-Si, mais elle est très jolie.
-Merci de me dire que je suis la plus belle d'entre toute.
-Alors tel Atlas, qui supporte le monde sur son dos fort et musclé.
-Ah, je préfère. Alors belle dame, prête pour une nouvelle journée de dur labeur ?

Drago entreprit de couvrir Hermione de baisers. Ils étaient simples, légers et ils volaient d'un endroit à l'autre. Hermione se contorsionna pour coller ses lèvres sur celles de Drago . Celui-ci releva la couverture d'un mouvement, tout en continuant de l'embrasser.

-On étouffe la dessous. Allez plus que trois étapes et tu es debout.
-Pourquoi tu tiens tant à me sortir du lit ?
-Parce que tu dois encore sauver le monde aujourd'hui, dit-il en rigolant.

Ils restèrent encore un moment à se prélasser, puis Hermione se décida enfin à aller prendre une douche. L'eau chaude courait sur sa peau, et la vapeur s'enveloppait dans un manteau humide. Elle aurait aimé être avec Drago à cet instant, mais il ne l'avait pas suivie et l'attendait dans la chambre à coucher. En sortant de la salle de bain elle proposa à Drago de se retrouver au petit déjeuner. Elle devait avant toutes choses passer voir Emma.

La jeune femme attendait devant la porte de la chambre du couple. Elle n'avait pas envie de reparler à Harry, mais elle devait bien le croiser pour voir sa fiancée. Elle avait tapé quelques coups pour introduire sa visite. Aucune réponse n'était venue. Malgré l'appréhension elle fini par entrebâiller la porte.
-Bonjour, je suis venue faire un premier check-up, chuchota-t-elle.
-Oh, c'est toi Hermione ? Rentre, répondit la voix ensommeillée d'Emma qui commençait à s'étirer.

Le premier bilan ne donna rien , il était trop tôt pour dire quoi que ce soit. Hermione avait fuit le regard d'Harry toute la consultation durant et s'était concentrée sur la patiente puis s'était empressée de descendre manger. Sandra Parkinson s'activait déjà autour de la grande table, disposant d'un coup de baguette toute la vaisselle et la nourriture que l'elfe de maison avait déjà emmené. C'était la première fois qu'elle apercevait le domestique du logis. Il était tout petit et avait de grands yeux bleus humides. Il se tenait près de sa maîtresse. Hermione eût l'impression de se trouver devant un grand bébé ridée. Elle ne trouva pas le temps d’approfondir son jugement qu'il disparaissait déjà. Elle avait trouvé étrange qu'il ne porte pas de taie d'oreiller mais un petit gilet noir sur une longue chemise trop grande pour lui. Drago lui n'était pas encore là. Il devait être en train de finir sa douche.

-Bonjour Sandra, il faut que je vous parle de votre fille.
-Bonjour Hermione, avez-vous bien dormi ? Demanda aimablement la mère d'Emma.
-Ma foi, la nuit fut un peu courte, à cause d'un incident dont je dois justement vous parler. Il affectera certainement le reste de la journée.
-Que s'est-il passé ?
-Votre fille est souffrante, et...
Hermione réalisa soudain que la mère n'avait peut être pas eu vent de la grossesse de sa fille. Pouvait-elle se permettre d'évoquer cet état maintenant ?
-Est-ce grave ? De quoi souffre-t-elle ?
-Elle s'est cassée une jambe en tombant de son lit pendant la nuit, elle doit rester une journée entière allongée, inventa Hermione.
-Une journée ? Si l'os est réparé elle n'en a pas besoin.
-Justement, il n'est pas réparé, je n'avais pas la potion adéquat sur moi, donc j'ai dû faire avec les moyens du bord. Ce sera un peu plus long à agir. Excusez-moi, ça me fait penser que j'ai complètement oublié de lui parler de la pommade à appliquer toute les deux heures.
-Je vous accompagne, répondit Sandra avec un sourire bienveillant. J'en ai pour deux minutes, il ne manque plus que le pain, vous m'attendez ?
-Non, non, il faut vraiment que j'y aille immédiatement, elle doit mettre la crème tout de suite, elle est déjà en retard, répondit la brune en remontant les escaliers presque en courant.

-Emma ! Dit-elle en ouvrant la porte à la volée.
Harry était entièrement nu, une serviette sur l'épaule.
-Oh my Gosh ! Je suis désolée.
Elle se retourna en se cachant les yeux, rouge comme une pivoine. Face à la porte, elle en profita pour la refermer.
-Re salut Hermione, laisse moi le temps de m'habiller et je suis à toi, répondit Harry.
-J'ai vraiment pas le temps, ta mère va arriver d'un instant à l'autre Emma. Elle n'est au courant de rien pour la grossesse, n'est-ce pas ?
-Non, je ne lui ai pas encore annoncé, tu ne lui as rien dit j'espère !
-J'ai inventé une histoire de jambe cassée avec immobilité obligatoire pendant vingt-quatre heure.

Le bruit d'un frappement contre la porte indiqua que Sandra était déjà là. Hermione se retourna et eut tout juste le temps de voir Harry complètement paniqué sauter dans un pantalon.

-Bonjour ma chérie. Comment va cette jambe ? Dit madame Parkinson en poussant doucement la porte.
-ça tiraille un peu, mais on ne voit déjà plus rien, dit la jeune fille en grimaçant.
-Alors cette pommade ?
-Quelle pommade ?
-Mais tu sais bien, la pommade que je viens de te donner pour ta jambe, dit Hermione d'un air détaché.
Emma la regardait d'un air affolé. Hermione vit qu' Harry tenait un tube dans ses mains. Elle lui arracha presque.
-Allez, je te laisse et n'oublies pas de bien faire pénétrer avec des massages, dit-elle en lui lançant le tube.
-Ok, j'y penserai, merci.
-Ah non ma chérie, il faut que tu la mette tout de suite, Hermione avait l'air de dire que c'était très urgent. Allez, je vais te l'appliquer.
-Non, non, tout va bien maman.
-Allez, pas de chichi. Demain tu seras mariée, c'est la dernière fois que je peux m'occuper de ma fille comme ça, répondit Sandra en riant.

Elle s'assit sur le lit et prit ce qui s’avéra être une potion de repousse-cheveux.
-Miséricorde, quel étrange remède ! Pourquoi dois-tu te badigeonner de cet onguent, c'est une jambe cassée que tu as, et non une calvitie précoce.
-Oui, comme je vous ai dit, j'ai dû faire avec les moyens du bord, c’était la seule source de crin de sanglier de Cornouailles que j'ai pu trouver. Du coup j'ai dû m'en servir pour préparer le baume rapidement, s'excusa Hermione.
Drago n'aurait pas fait mieux en terme de mensonge sur demande. Harry faisait de grands « non » de la tête dans le dos de sa belle-mère, mais ils durent assister impuissants au tartinage d'Emma. Sandra badigeonnait avec générosité sur tout le tibia de sa fille la lotion capillaire d'Harry, massant vigoureusement pour que le remède fasse effet.

Hermione jugea qu'elle pourrait les laisser désormais, elle partit en précisant qu'elle repasserait avant midi pour voir l'état de la jambe. Les jumeaux et Molly mangeaient en bas accompagnés de Maggie et Drago. Elle s'assit à coté de lui, savourant l'idée que Drago était désormais non seulement son petit ami officiel, mais également son petit ami officieux. Les gens agissaient dans une toute autre chronologie d'ordinaire. Bientôt tout le monde fut descendu. Ne manquait plus que Sandra et Harry. Ils arrivèrent enfin après un bon quart d'heure.

-Bonjour tout le monde, j'espère que vous avez tous passé une bonne nuit et que vous êtes en forme parce que j'aurai besoin de quelques bras pour m'aider aujourd'hui. Nous avons un petit soucis. Emma s'est cassé la jambe dans la nuit pendant une crise de somnambulisme. Rien de grave, j'ai moi même regardé, on ne voit même plus la blessure. Mais elle est assigné à résidence jusqu'à demain matin, donc je vais me charger de superviser ce qui reste à faire. J'aurai besoin de personnes pour installer les tentes dans le jardin et monter les tables et pour accrocher toutes les décorations. Tout a été acheté et est classé avec un plan détaillé donc il suffira juste de fixer tout avec un coup de baguette, mais ce sera long et fastidieux. Et bien sûr il faudra également dresser les sorts de protection de la loi sur la sécurité anti-moldue. Il me faudra également que quelqu'un se rende à tout les points de rendez-vous des invités pour placer les lutins d’accueil.

Rapidement chacun décida d'une affectation. La quasi intégralité de la famille Weasley s'occupait de fixer les décorations. Pansy et Ruppert avaient bien sûr trouvé le moyen de se mettre ensemble pour la tournée des lutins. Hermione et Drago étaient de montage de tente.

Hermione maintenait la toile en l'air en la faisant léviter pendant que Drago posait les portants. C'était la quatrième et ils avaient enfin trouvé le coup de main.
-Hermione, Emma m'a demandé de venir te chercher, dit Caroline qui venait d'arriver.
Elle avait tenu compagnie à son amie pendant qu'Harry était parti aider à établir le sort de protection avec Ron.
-Bien sûr, tu prends ma place ? Si je lâche le tissu maintenant on devra tout recommencer du début pour celle-là.
Le discours était courtois, mais Hermione ne pouvait s'abstenir de détester la blonde, tout en sachant que c'était parfaitement puéril et injustifié.

Hermione partit rejoindre Emma. Avait-elle senti une évolution ?
-Te voilà, je sais, ça va te paraître ridicule, mais je me demandais si tu pouvais m'aider à régler ce petit problème, commença la jeune fille en écartant la couverture.
Le drap laissa apparaître une jambe aussi velue que celle d'un loup-garou. La jeune médico-mage ne put s'empêcher d'exploser de rire.
-Je suis désolée, c'est nerveux, c'était tellement inattendu.
-C'est pas drôle du tout. Je me marie demain, est ce que tu imagines ! Dit la jeune fille indignée. Ma mère est allée se laver les mains de suite après, mais j'ai dû attendre qu'elle reparte pour essayer de nettoyer un maximum. C'était déjà trop tard apparemment.
-Emma, crois moi, je suis absolument désolée, c'était la première chose qui pouvait ressembler à une pommade qui me tombait sous la main. Si j'avais pu imaginer que ça aurait cet effet... Je peux essayer de trouver un antidote, mais ça me prendra du temps.
-Combien ?
-Un jour ou deux peut-être.
-Bon, je n'ai pas d'autre choix que d'essayer de m'épiler, dit tristement la jeune fille. J'espère que ça repoussera pas trop vite.
-Et sinon, comment te sens tu par rapport à hier ?
-Je ne sais pas. Je ne me sens pas vraiment mal. Toutes les contractions se sont arrêtées bien évidemment, mais ça ne veut pas dire qu'elles ne reprendront pas une fois l'effet de ton sortilège arrêté.
-Et Harry, comment réagit-il ? Demanda Hermione. Elle était curieuse d'entendre la version d'Emma.
La jeune femme lui raconta en détail la discussion qu'ils avaient eue sur le sujet, la panique d'Harry quand elle lui avait annoncé en pleurs qu'elle perdait du sang. Hermione ne savait que penser. Jouait-il un double jeux ? Non, ça ne ressemblait définitivement pas à son meilleur ami.

En arrivant au rez de chaussé elle put constater que quasiment tout le monde avait fini sa tâche de la matinée et était revenu pour le repas du midi. Le salon était rempli. Elle aperçu Ginny qui discutait avec sa belle sœur sur un canapé spacieux dans l'angle. Drago devait bientôt avoir fini et ne tarderait pas à les rejoindre.

-Alors, toutes les décorations ont été fixées ? Dit Hermione en s'installant à coté de son amie.
-Presque ! Et toi, dis-nous tout, on vous a vu pas trop fâchés ce matin avec ton fiancé...
-La pause est finie, répondit-elle radieuse.
-Qu'est ce qui t'as décidé ?
-Et bien, comme tu le sais il a beaucoup d'argent...
Maggie continuait de sourire mais un léger haussement de sourcil trahissait sa surprise. Ginny elle éclata franchement de rire.
-Allez, c'est quoi la véritable histoire ?
-Vous promettez de ne le dire à personne ?
Les deux filles hochèrent la tête. Dans le bruit des conversations alentours, le chuchotement d'Hermione se fit encore plus discret.
-Nous nous sommes aimés il y a très longtemps, mais comme c'était à l'époque de Poudlard cela m'aurait mise en danger, il a été contraint de me voler mes souvenirs et de s'éloigner de moi. Quand tout est remonté à la surface, je crois que ça a eut un impact décisif sur ma décision.
-Je ne comprends pas, pourquoi ça te mettait en danger ? Demanda Maggie.
-Drago était un mangemort à l'époque, répondit Ginny à la place d'Hermione.
La jeune fille ouvrit grand ses yeux ne pouvant cette fois pas cacher sa stupéfaction.
-Je te demande pardon, Ron m'avait dit que c'était un sale type, un abruti arrogant et cruel et je croyais à une bête histoire de rivalités à Poudlard. Mais ça ? Enfin j'avais toujours cru que seul le père de la famille Malefoy avait eu des activités répréhensibles.
-On a tous fait des erreurs dans sa vie, répondit Ginny.
-Je ne veux pas gâcher le récit de sa romance, mais quand on parle d'avoir fait des erreurs on parle généralement d'un petit vol à l'étalage, d'un gros mensonge ou d'un style vestimentaire particulier. Pas d'avoir tué des gens.
-C'est une partie de son histoire que j'ai acceptée, répondit simplement Hermione.
-Tu ne peux pas juste fermer les yeux.
-Bon, écoute Maggie, tu peux refuser de croire que les gens changent. Mais en ce qui concerne Hermione, sache qu' à l'époque elle a été torturée par une mangemort devant lui et qu'il n'est pas intervenu. Alors elle ne ferme pas les yeux, elle connaît parfaitement les tenants et aboutissants du problème.
-Je... Je ne savais pas. Je suis désolée.
-T'étais pas obligée de rappeler cet épisode, dit Hermione en fusillant son amie du regard.
Drago venait de rentrer, accompagnée de Caroline. Elle riait. Bien qu'elle soit convaincue de la sincérité des deux ex-amants, Hermione éprouva le besoin d'être seule. La discussion avec Ginny et Maggie avait jeté un froid, elle se leva donc et quitta la salle. Elle croisa Sandra qui s'apprêtait à retourner voir sa fille.

-Puis-je vous aider ? Reste-t-il des choses à préparer pour le repas ?
-Non, non, notre elfe a déjà tout fait, nous n'avons plus qu'à nous installer, les plats ne vont pas tarder à apparaître.
-En parlant d'elfe, pourquoi ces vêtements ?
-Parce qu'il est français. Quand nous l'avons embauché il venait de quitter une famille parisienne. Nous apprécions beaucoup ses manières... À tout à l'heure pour le repas, dit-elle en la dépassant pour rejoindre les escaliers.

Hermione se trouva seule dans le couloir qui menait à la cuisine. Elle s’apprêtait à revenir sur ses pas quand Drago apparut à l'angle. Comme si c'était la suite logique de son action, sans une hésitation, il attrapa Hermione, la colla contre le mur et lui planta ses lèvres sur les siennes. L'expression de surprise de la jeune fille mourut à l'instant, étouffée par le baiser de Drago. Hermione se concentrait sur la bouche délicieusement chaude qui caressait la sienne. Les bras ballants, elle resta ainsi quelques secondes, profondément ancrée dans un présent intensément temporel. « Je suis en train d'embrasser Drago Malefoy, là, maintenant » pensa la jeune fille en s'apercevant que c'était déjà l'instant d'avant. Le temps passait trop vite, chaque seconde de cette étreinte filait à toute vitesse. Tout d'un coup, Drago se décolla, et dans un mouvement aussi fluide que celui qui l'avait amené d'une courbe parfaite de l'angle du couloir à Hermione, il fit demi tour et disparut à l'angle.

Hermione souriait. Bêtement d'ailleurs. Elle se ressaisit et retourna dans le salon qu'elle devait traverser pour rejoindre la salle à manger. Certains avaient déjà choisi leur place pour le repas du midi. Elle croisa Drago qui discutait avec le père d'Emma. Aucun regard, pas un clin d'oeil, rien. Elle passa l'air de rien devant lui et alla s'asseoir avec les autres.

La journée continua, les préparatifs occupant tout ce petit monde et à quatre heure de l'après-midi, tout était prêt. L'ambiance était joyeuse, les jumeaux avaient ensorcelé un ruban rose qui essayait de s'attacher dans tous les cheveux qu'il croisait, pour les filles comme pour les garçons. Chacun tentait donc d'éviter le petit ruban flottant qui poursuivait tous les humains qu'il croisait. Hermione était allée voir Emma plusieurs fois pour s'assurer que le moral allait bien, mais il n'y avait strictement rien d'autre à faire. Le temps était beau, aussi on amena la convalescente sur la terrasse. Fred et Georges avaient déjà enfilé leurs maillots et on commençait à envisager de se reposer de la journée de travail dans la piscine.

-Attends ! Dit Harry alors qu'Hermione remontait à l'étage pour chercher une serviette et un maillot.
Elle se raidit. L'idée d'avoir une discussion similaire à celle qui s'était produite le matin même ne lui plaisait pas du tout. Elle continua son ascension.
-Je sais que tu m'en veux pour ce matin.
-Oui !
-Je suis venu pour m'excuser.
-Il y a de quoi.
Harry avait rejoint Hermione devant sa chambre.
-Je voulais te dire que j'avais décidé d'arrêter de m'engager à moitié, de regretter, d’hésiter... Je veux être intègre. Tu es ma meilleure amie. Et demain Emma sera ma femme. Je veux que ça reste comme ça. Je veux que tu le saches. Dis moi que je n'ai pas perdu une amie.
-Non Harry, bien sûr que non. Tu as dépassé les bornes ce matin, j'étais en colère. Mais tu étais là pour moi quand j'ai mis les voiles. J'aurais dû l'être aussi quand tu en avais besoin. C'était simplement plus dur parce que j'avais pas juste le rôle de l'amie.
Harry prit Hermione dans ses bras.
-Dis-moi, je me suis pas trompé ce matin, c'est vraiment pour Malefoy que tu m'as dit non ?
-Tu es incorrigible. On en parlera quand tout sera plus posé. Mais pour répondre à ta question, oui je me sens bien avec Drago. Pourquoi ? Tu es jaloux ?
-A en crever, dit Harry en resserrant un peu plus son étreinte.

-Tu dégages de là Potter !
Harry fut projeté à cinq mètres d'Hermione. Drago venait d'arriver et pointait une baguette menaçante sur Harry.
-Purée, mais on faisait rien de mal Malefoy. Tu arrêtes ton délire, dit Harry en se relevant.
Il tenait maintenant sa baguette prêt à riposter à une autre attaque.
-T'es vraiment le type le plus con que j'ai jamais vu. La veille de son propre mariage, dans la maison de ses futurs beaux parents, essayer de se taper la copine de quelqu'un qui peut pas le supporter depuis plus de dix ans...
-De la part de celui qui ne résiste pas deux secondes à son ex c'est ultra crédible la leçon de morale. Mais non, je n'essayais pas de me « taper » Hermione. C'était un hug fraternel. Mais ça j'imagine que tu peux pas le comprendre.
-Ça suffit vous deux, dit Hermione. Je me fiche que vous ne pouviez pas vous encadrer. Là, présentement, je suis la meilleure amie d'Harry et en couple avec Drago. Vous l'intégrez tous les deux et ça marchera très bien.
Harry passa devant Drago et redescendit voir sa fiancée. Avant de disparaître il lança.
-Il a une confiance à l'épreuve des balles ton mec, Hermione.

Elle leva les yeux au ciel. Drago avait parfaitement entendu la discussion du matin. Sa réaction était peut être démesurée mais légitime.
-Qu'est ce que tu as cru Drago ? Que je te disais « je t'aime ce matin », et que je tombais dans les bras d'Harry l'après-midi.
-Laisse tomber...
- Non, je ne laisse pas tomber. Tu avais l'air fou de rage.
- Et c'est normal. C'est exactement pour ce genre de démonstration que j'ai pas voulu venir avec Pansy au début. Et je pensais même pas que ça faisait si mal à l'époque.
- Je sais que c'est ambigu. Mais bon sang je t'ai choisi toi à la seconde où Harry m'était offert sur un plateau d'argent. Je suis désolée que tu ais pu douter de moi.
-Ne retourne pas la situation, n'importe qui aurait réagit de la même manière. Tu n'as pas idée de ce que j'aurais pu faire. Je ne sais même pas comment j'ai réussi à me retenir.
-Tu parles de tes stupides aptitudes apprises pendant ton engagement aux côtés des mangemorts ? Tu aurais été prêt à replonger dans la magie noire sur un coup de tête ?
-Mais tu ne te rends pas compte Hermione. Pendant un an et demie je me suis tenu éloigné de toi en espérant te protéger. Sans succès. Tes hurlements résonnent encore dans ma tête... Et pendant les années qui ont suivi je n'ai ouvert mon cœur à personne, convaincu que j'échouerai à nouveau, me punissant de t'avoir perdu. Et au moment où je crois t'avoir retrouvée, où j'accepte de me donner une chance, je te vois dans les bras de cet imbécile. Alors oui ça a demandé un effort surhumain de ne pas l'écarteler en un mouvement de baguette.
-Je suis désolée. Je te jure que ce n'était rien de plus qu'une réconciliation entre amis.
-Je te crois.
Drago rentra prendre le maillot qu'il était venu chercher et repartit. Il lui faudrait apprendre la confiance. Hermione eut conscience que ce ne serait pas chose aisée.

Emma allait bien et Hermione tenta d'atténuer le traitement jusqu'au lendemain. Elle avait laissé pour consigne de compter les contractions qui arriverait. À ce stade, si il y en avait plus de deux ou trois il y aurait de fortes chances que tout redémarre une fois le sortilège levé. Hermione était maintenant presque aussi angoissée qu'Emma était calme. Le soir était venu sans se presser et Drago et Hermione ne s'étaient pas reparlés depuis la dispute, le jeune homme avait même complètement disparu juste avant le souper. Il devait probablement errer sur la plage comme à son habitude. Il était d'ailleurs revenu et n'avait pas manqué le repas. Toutes les filles voulaient un teint frais pour le mariage, aussi à neuf heure et demie ne restait-il plus que les garçons qui papotaient autour d'une bière-au-beurre dans le salon. Hermione avait fait comme ses amies, même si son teint l'importait beaucoup moins que les coups d’œil courroucés que se lançaient Harry et Drago depuis un moment. Ça ne faisait pas cinq minutes qu'elle était habillée pour dormir que Drago rentra dans leur chambre.

-Je suis désolé pour tout à l'heure. J'ai dû te paraître violent.
-Non, on n'en parle plus. Je ne peux pas comprendre ce que tu ressens, pour moi César n'a jamais eu de visage. C'est perturbant mais je m'y ferai.
-J'ai laissé ce souvenir dans un flacon pendant des mois pour que le seigneur des ténèbres ne puisse pas le voir. Après l'épisode de votre capture je l'ai récupéré pour toujours me rappeler de ce que j'avais perdu. C'était moins obsédant de le refouler que de savoir une bribe de son passé dans une fiole à pensine.
-Raconte moi. Comment ça s'est passé ?
Hermione s'était rapprochée de Drago et l'implorait du regard.
-Bon d'accord... C'était la soirée de Slughorn à Noël. Je savais que tu y serais et j'avais pris la décision de te voir une fois puis de t'oublier. J'ai eu la chance de te croiser dans un couloir. Tu y allais avec un abruti dont je ne me souviens plus le nom. J'ai quand même réussi à te donner rendez-vous. Comme je t'avais appelée Belladone tu avais accepté. Tu aurais vu ta tête. En une seconde tu étais passée du mépris et des insultes à la stupeur et l’effarement. On a eu rapidement le temps de fixer un autre rendez-vous dans un endroit plus calme, parce que la seule chose que tu avais trouvé c'était une fenêtre de la salle où se trouvait la fête. D'ailleurs je me suis fait pincer juste après par Russard. Ça par contre tu dois t'en souvenir. Après quelques détours j'ai fini par rejoindre la salle sur demande pour t'attendre. Elle n'était pas très grande.

Drago décrivit la superficie en marchant sur les lignes d'un carré imaginaire tout en continuant.

-Elle n'était pas très belle non plus. Un genre de cagibi miteux, bas de plafond, papier peint défraîchi... J'avais pas besoin de plus pour t'attendre apparemment. Il n'y avait quasiment pas de meuble, une table, un buffet, des chaises. Et pas de lit, tu vois mes intentions étaient pures, dit-il en riant doucement. Tu es arrivée. Et moi qui avait peur que tu refuses de venir en sachant qui j'étais... Je me souviens encore. J'étais là et toi ici, dit-il en la prenant pas la main et en la plaçant dans la salle imaginaire. Tu as dit à quel point c'était étrange de penser que j'étais César. Et tu m'as demandé de t'embrasser.
-J'ai fait ça ?
-Ça t'étonne ?
-Oui. Mais ne t'arrête pas, continu.
-Je t'ai embrassé, sur la joue, dit-il en exécutant le geste qu'il avait fait des années avant. Et je t'ai dit quelque chose à propos du fait que notre histoire se finirait mal. Je crois qu'après on s'est embrassé.
Drago s'excecuta.
-Non, c'était plus doux que ça au début. C'était la première fois que j'embrassais une fille, c'était timide, presque immobile pour moi. Et je me souviens encore de ce que j'ai ressenti. J'ai eu l'impression que tu essayais de me manger. Pas avec les dents, mais ta bouche revenait toujours, comme une caresse.
-Comme ça ? Demanda Hermione avant d'essayer de coller à la description de Drago.

C'était effectivement bien plus sage que ce qu'ils avaient échangé dans le couloir le matin même. Mais à mesure que les secondes passaient, cela devenait de plus en plus brûlant, de plus en plus intense. Il attrapa les mains d'Hermione et les fit passer sous sa chemise.
-Tu as commencé à mettre tes mains dans mon dos. C'était étrange, tes doigts m'ont parus si fins, si froids, si présents.
Tout en disant ces mots il commença à caresser les cheveux de celle qu'il aimait, et recommença à l'embrasser. Vînt le moment où Hermione passa à la vitesse supérieur comme l'attendait Drago. Sa langue franchit la limite de ses lèvres, il sourit avant de s'écarter doucement.
-Et c'est à ce moment précis que j'ai dit non, je l'ai d'abord crié dans ma tête avant de faire un bond en arrière et de le dire tout haut. Oui, c'est à ce moment que je t'ai annoncé que nous ne nous verrions plus jamais, que j'étais fou de désir pour toi et que je ne voulais pas que notre unique rendez-vous se transforme en partie de jambes-en-l'air.
-Comment j'ai réagi ?
-Mal. Je t'ai montré ma marque, tu as pleuré. On a décidé de passer la nuit sur place. Il n'y avait rien pour dormir, on s'est assis par terre, j'étais adossé contre le mur et tu étais contre moi. Et j'ai profité des dernières heures que je passais avec toi. C'était délicieux de te sentir respirer, d'avoir tes cheveux contre ma peau... Le matin s'est levé, on a mangé et je t'ai volé tes souvenirs.
-Je me suis défendue ?
-Oui, tu m'as désarmé d'abord, ensuite tu m'as fait un grand discours sur le bien et le mal, le repentir et tout ce en quoi je ne croyais pas. Je t'ai crié dessus, t'ai dit que nous ne pourrions jamais être heureux ensembles. Je ne sais plus si je t'ai fait part de mon plan pour devenir un mangemort de premier plan afin de te protéger de l’intérieur. Quoi qu'il en soit dans notre dispute je t'avais pris ta baguette et je l'ai utilisée pour re écrire ta soirée. Sans moi. Je peux te dire qu'après avoir vu les dernière douze heures à travers tes yeux, j'étais encore plus convaincu que tu m'aimais sincèrement. Ce que j'ai fait cette après-midi, c'est ce que j'ai fantasmé pendant les mois qui ont suivi. Et tu sais à quel point les adolescents sont bourrés d'hormone. C'était insupportable.
-Si seulement j'avais su te convaincre.
-Je ne sais pas. Je crois que je serais mort à l'heure qu'il est. Et peut-être toi aussi. Par contre, le jour où je suis tombé amoureux de toi ça a sauvé ma vie. Je veux parler de toi, Hermione Granger, pas de Belladone. Ça a été le début de mes premiers regrets. C'est ce qui m'a permis de ne jamais être complètement satisfait de l'idéal que me proposait les mangemorts. C'est ce qui fait qu'aujourd'hui je suis ici et pas à Azkaban. Tu parlais de la magie noire cette après-midi. Tu peux pas savoir comme c'est séduisant, c'est absolument malsain mais fascinant. Si j'ai pu décrocher, je dirais avec le recul que c'est grâce à ces quelques mois où j'ai désespérément aimé une « Sang de Bourbe ».
-Le miroir, tu dirais qu'il était maudit.
-Je te remémore la règle à laquelle il obéissait ? Unir les couples maudits...
-... Envers et contre tout et ce pour toujours. On est un couple maudit, mais le miroir uni, il ne sépare pas. Il faudrait voir la définition d'un couple maudit.
-Ça se fini toujours mal, c'est ça le principe non ?
-Il faut qu'on trouve comment détourner ça. Je ne veux pas de l'étiquette « couple maudit ».
-Hermione, habilles toi, dit-il en lui tendant une tunique qui traînait sur une chaise.
-Mais je m’apprêtais juste à aller me coucher... Bon allez, tu m'explique pourquoi ?
-Quand tu l'auras enfilée.
Hermione passa la tête et les mains dans la longue robe en maugréant.
-Alors, tu me dis où on va ? On va sur la terrasse au clair de lune, c'est ça ?
Drago ne répondit pas, l'attrapa par la taille et l'embrassa brièvement.
-On va là où tout a commencé.

Il transplana, l'emportant avec lui.

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