lundi 5 septembre 2011

Vendredi.



Un bruit gênait Hermione. Elle essayait de ne pas y faire attention, mais il était toujours présent. Ça ressemblait à un martèlement. Ou plutôt des tambours. Petit à petit les frappements réguliers tiraient Hermione du coton qui l'entourait. Elle était en train de dormir. Oui, ça devait être ça, et on essayait de la réveiller. Elle se redressa en sursaut réalisant qu'en réalité quelqu'un frappait à la porte. Elle entendit le grommellement de Drago qui commençait à se lever. Elle l'entendait bouger sur le sofa, enlevant la fine couverture qui le couvrait pour aller ouvrir la porte.

-Laisse, j'y vais, dit-elle en se dégageant rapidement des draps de son lit.
Elle se dirigea vers la porte d'un pas chancelant. Malgré sa rapide prise de conscience elle était dans un épais brouillard. En ouvrant la porte elle fut éblouie par la lumière du couloir. Dans l'encadrement se trouvait Harry. Il avait l'air paniqué.

-Harry ! Qu'est ce qui ne va pas ? Dit Hermione. Quelle heure est-il ?
-Il est trois heures vingt, répondit-t-il. Je suis vraiment désolée mais il faut absolument que tu viennes. Emma perd du sang.
-Bon, tu me donnes deux minutes. Il faut que je me réveille complètement. Je reviens.

Hermione se dirigea vers la salle de bain et ouvrit le robinet d'eau froide à fond. Il fallait qu'elle ait les idées claires. Elle se mouilla le visage, le cou, les mains. La fraîcheur de l'eau eut l'effet escompté. Elle se sentait lucide. Sa baguette était encore posée sur sa table de chevet, elle la prit et s’apprêta à quitter la chambre.

-Qu'est ce qui se passe ? Demanda Drago d'une voix ensommeillée.
-Urgence médicale. C'est ça d'avoir un métier utile. On n'a jamais de vacances, répondit-elle en franchissant la porte.
Oui, ça ne faisait jamais que deux fois en deux jours qu'elle offrait une consultation. Et elle détestait faire ce genre de chose. Non pas qu'elle n'apprécie pas de rendre service. Mais on avait un autre rapport avec les gens que l'on côtoyait et qu'on appréciait. C'était très dangereux parce qu'on ne pouvait pas être objectif avec une personne qui nous était chère. Elle était consciencieuse dans son travail quelque soit le patient. Mais l'angoisse n'était pas la même quand il fallait diagnostiquer une maladie grave pour un inconnu ou un patient régulier et un parent ou un ami. Et là c'était encore pire. Emma n'était pas n'importe qui, et ses saignements ne signifiaient pas n'importe quoi.

Hermione suivit Harry jusqu'à leur chambre. Des petites lampes de chevet étaient allumées. La salle était vaste. En son centre trônait un lit assez haut, dans un bois de couleur sombre. Les murs étaient verts et des rubans roses en trompe l’œil courraient dans les angles. Sur le manteau d'une cheminée vide était posé une sculpture en terre rouge. C'était un bœuf qui avançait. Le bovin avait été manifestement enchanté. Divers tableaux étaient suspendus ça et là. Il n'y avait que des natures mortes et des paysages. Évidemment, un portrait enchanté dans une chambre à coucher aurait été un peu troublant si les occupants avaient souhaité y faire autre chose que dormir...

Emma était assise dans le lit sur ce qui semblait être une grosse serviette de bain pliée en quatre. Elle pleurait.
-Merci d'être venue. Je me sens tellement mal de te faire lever aussi tôt, mais je suis vraiment inquiète.
-Non, tu avais raison de m'avoir fait venir. C'est peut être rien, mais il ne faut pas négliger ce genre de symptôme, répondit Hermione en s'asseyant à coté d'elle. Bon raconte moi d'abord comment ça s'est passé. Après je t’ausculterai. Alors quand est ce que ça a commencé ?
-Je ne sais pas, je n'arrivais pas à dormir, j'ai fini par me lever pour une envie pressante. Et j'ai vu tout ce sang. Oh, Hermione j'espère que je ne suis pas en train de faire une fausse-couche, murmura-t-elle d'une voix tremblante.
-Est ce que tu as des contractions ? Continua Hermione, méthodiquement.
-Oui... Enfin je crois. Mon ventre devient dur mais ça ne fait pas vraiment mal.
-Ce sont bien des contractions, confirma Hermione.
-J'en ai eu une première au début de la nuit et il y en a eu plusieurs après. Du coup je n'arrivais pas à m'endormir.
-Et le sang, y en a-t-il beaucoup ? Si tu devais comparer avec tes règles.
-Comme à la fin de mes règles, répondit Emma après hésitation.

Harry s'était mis un peu en retrait, assis sur une chaise dans un coin, il écoutait. En le regardant Hermione vit qu'il était angoissé lui aussi. Elle ne pouvait rien dire sans un examen plus poussé mais les symptômes n'étaient pas bons du tout. C'était peut être une fausse alerte et une simple mise au repos suffirait. Mais le risque de fausse-couche était présent.

-Bon, je vais devoir voir si tout est en place. Je vais te demander de t'allonger, dit-elle en se levant du lit.
Emma s'allongea complètement, la serviette toujours calée sous les fesses. Elle avait une mine affreuse, ses cheveux étaient en bataille et ses traits tirés. Hermione désigna un rond sur le bassin de sa patiente en murmurant « visus transpare ». Un petit cercle brillant apparu, on commençait à y distinguer des détails. Hermione semblait fouiller dans l'air. L'image évoluait avec les mouvements de la médicomage.
-Je suis désolée Emma. Je vais devoir être franche avec toi. Il y a des risques non négligeables que tout ceci se finisse effectivement en fausse-couche. Le col s'est considérablement raccourci. À un stade aussi précoce de la grossesse, si l'accouchement démarre, on ne pourra pas sauver l'enfant.

Emma se raidit. Hermione ne parlait pas pour lui laisser le temps d'assimiler la nouvelle. Elle vit la jeune femme essayer en vain de retenir ses larmes.

-C'est quoi cette histoire de col ? Demanda-t-elle finalement en essayant de refouler les sanglots que sa voix tremblante trahissaient.

La jeune femme entreprit d'expliquer comment se présentaient les différents organes et les signes cliniques d'un accouchement prématuré. Mais il fallait redonner de l'espoir à Emma, car il y en avait.

-Voilà comment cela va se passer. Je vais essayer de ralentir le processus. Tout va se jouer dans les prochaines vingt-quatre heures. Il y a des chances pour que cela suffise, il faudra que tu prenne des dispositions particulières pour la suite de ta grossesse, du repos, des potions et tout rentrera dans l'ordre. Mais comme je te l'ai dit, il est possible également que nous ne puissions rien faire et que le travail soit en marche.

-Sois honnête avec moi. Cette chance, elle est de combien ?

La voix enjouée d'Emma s'était muée en petit piaillement perdu et affolé. Où était passé la jeune fille pleine d'enthousiasme, la pipelette intarissable ? Hermione détestait ce genre de cas. Les mères étaient souvent bien plus effondrées d'apprendre que leur enfant était en danger, que de s'entendre dire que leur propre santé était en péril. Et quoi que puissent penser les hommes, une mère était déjà attachée à son enfant avant de l'avoir vu.

-Je dirais quarante pour-cent de chances que tu puisse garder l'enfant, bredouilla Hermione. Bon, je vais te mettre sous l'emprise d'un premier sort qui devra empêcher les contractions. C'est un stupefix très local. Le fœtus ne sera pas affecté. Tu dois rester allongée toute la journée. Je sais que ça va être très dur, mais il faut que tu arrêtes de te faire du souci. Plus tu sera détendue et plus se sera positif pour la suite.

Elle fit disparaître l'image de l'utérus d'Emma et créa le micro-stupéfix qui ferait peut-être tout rentrer dans l'ordre. Puis elle proposa à tout le monde d'essayer de finir sa nuit. Les saignements étaient arrêtés et Emma appela l'elfe de maison pour qu'il change les draps. Hermione quitta la chambre du jeune couple et repartit se coucher. Elle fut bientôt rattrapée par Harry qui l'appela alors qu'elle était sur le point de rentrer dans sa chambre.

-Je peux te parler deux minutes ? Demanda son ami en chuchotant.
-Oui, évidemment, répondit-elle surprise.
-Si Emma perd notre enfant, je ne vois pas de raison de l'épouser samedi.
-Je te demande pardons ?
-Tu sais comme moi pourquoi j'ai accepté cette union. Tu sais ce que cette fausse-couche signifie.

Harry la regardait avec tant d'intensité qu'Hermione ne put ignorer ce à quoi il faisait allusion.

-Est ce que tu m'aimes ? Demanda-t-il presque durement.
-Je... Je ne sais pas, je ne sais plus Harry.
-Ce n'est quand même pas pour le blond qui dort sur le divan que tu dis ça ? Enfin Hermione, ouvre les yeux. Tu ne peux pas comparer une relation avec un type qui est même pas fichu de rester fidèle quand il croise une ex, avec ce que nous savons toi et moi sur nos sentiments.
-Si Drago dort sur le sofa dans ma chambre, et pas sur le canapé du salon c'est parce que justement nous considérons tous les deux que la pause est préférable à la rupture. Je te demanderai de te mêler de tes affaires.
Hermione éprouvait de la colère pour son ami. Harry n'avait pas besoin de lui dire à quel point la situation avec Drago était compliquée mais il se trompait. Oui, il se fourrait le doigt dans l’œil si il pensait que leur amour était plus vieux et plus profond que ce qui l'unissait à Drago. Techniquement elle avait aimé Drago bien plus tôt et bien plus fort qu'Harry. Mais ça il ne pouvait pas le savoir. Mais ce qui choquait profondément Hermione, c'était la désinvolture avec laquelle Harry venait lui parler de la potentiel fausse-couche d'Emma, alors que celle-ci était probablement rongée d'inquiétude dans son lit, et seule de surcroît.

-Hermione, tu sais que c'est toi que j'aime, et je sais que c'est réciproque. Je me suis comporté comme un idiot. Mais il y a une porte de secours. Tout est entre tes mains, dit Harry en les lui prenant.
Elle écarquilla les yeux.
-Tu es en train de me proposer de ne pas faire tout mon possible pour que l'enfant arrive à terme ? Jamais je n'aurai cru ça de toi Harry. J'étais prête à tout quand je suis arrivée ici pour que ce mariage n'ait pas lieu. Mais ce que tu me demandes là, jamais je ne pourrai le faire.
-Enfin, ne me dis pas que tu n'as jamais pratiqué d'avortement ? Là c'est même pas un avortement, c'est laisser la nature suivre son cours.
-Si j'en ai pratiqué, mais là ça n'a rien à voir. L'avortement est un choix fait par une femme pour son propre embryon. Là tu me demandes de ne respecter ni la vie, ni le choix. Mais tu te mets deux minutes à la place d'Emma ?
-Tu as raison... Je suis désolé, dit Harry en lâchant les mains de son amie. Quand tu as confirmé ses craintes, je n'ai pas pu m'empêcher d'éprouver du soulagement. Je me suis laissé emporter. Ne crois pas que je n'en ai rien à faire d'elle. Elle est géniale. Mais je me suis senti piégé, tu es arrivée et là, après une semaine à te voir batifoler avec l'autre fouine, apprendre que finalement le piège d'Emma n'aurait peut être plus de raison d'être alors que justement tu es en pleine rupture avec Malefoy... Je me suis senti à nouveau libre de t'aimer. Mais tu as raison, c'est égoïste.
Harry baissa les yeux. Il avait l'air réellement désolé. Hermione oublia un peu de la fureur qui l'avait gagné quand Harry avait fait son horrible proposition.
-Cependant, si Emma perd l'enfant, même si je serai là pour la soutenir jusqu'à ce qu'elle se soit remise, sache que tu n'auras qu'un mot à me dire et j'annulerai la cérémonie.
-Je ne dirai pas ce mot Harry. Ta place est avec Emma, et la mienne n'est définitivement pas avec toi.
Harry toisa Hermione, serrant les dents. Cela dura quelques secondes pendant lesquelles elle ne sut pas quoi faire. Puis il tourna les talons, la laissant seule. Elle se décida enfin à rentrer quand il eut complètement disparu de son champ de vision. Elle l'avait fait ! Elle avait eu Harry à portée de main et elle lui avait dit non ! La porte se referma sur elle se retrouva plongée dans l'obscurité. La lumière du couloir filtrait sous la porte.

« Lumos ! » Chuchota Hermione. Une toute petite lumière apparut.
-Très chevaleresque Potter, dit Drago qui ne dormait manifestement pas.
-Tu nous as entendu ?
-Vous chuchotiez peut-être assez bas pour qu'Emma ne vous entende pas, mais pas assez pour moi.
-Je suis désolée.
-Alors je vais te poser la même question que lui. Est ce que tu m'aimes ?
Le silence se fit. La nuit s'était considérablement rafraîchie, mais ce n'était pas pour cela qu' Hermione était gelée. Après un certain moment elle répondit.
-Je t'ai aimé. Sous le nom de César.
-Est-ce que tu m'aimes ?
-... Oui.
-Ça tombe bien parce que je me gèle sur ce sofa, répondit-il en rigolant.
Il se leva d'un bond et alla se coucher dans le lit.
-C'est tout ? Demanda Hermione qui était restée debout au milieu de la chambre.
-Hum, les draps sont tout chauds. C'est génial Hermione, tu es un merveilleux chauffage de lit d'appoint.
-Oui, bon, je vois que l'heure est au romantisme. Finalement non, je ne t'aime pas Drago, d'ailleurs je ne t'ai jamais aimé, pas plus que César. Retourne dans ton sofa, répondit Hermione qui commençait à se détendre un peu. Elle se glissa sous les draps et tendit le bras d'un air très sérieux en disant :
-Dehors !
-Tu es une petite menteuse, répondit Drago. Tu étais folle de moi, et tu me l'as dit à l'époque. Et je ne rejoindrai cette couverture râpeuse pour rien au monde.
Hermione rit, avant de rajouter
-Oui, j'oubliais que tu étais le seul à savoir ce qui s'était passé ce soir là.
Elle était à nouveau sérieuse.
-Je suis désolée Belladone, répondit Drago.

Ils se regardèrent longuement dans la pénombre. Finalement c'est Drago qui brisa le silence.
-Toute la journée je t'ai regardé en me demandant si tu me pardonnerais un jour. J'ai revécu nos années à Poudlard. Je t'observais mais toi tu ne me voyais pas. Et tout ce que j'avais pour moi c'était un souvenir qui ne nous était même plus commun.
Drago s'était déplacé en disant ces mots. Il était maintenant au dessus d'Hermione et ses yeux étaient plongés dans les siens.
-Tu as dit qu'on n'avait rien fait cette nuit là. Est ce que c'est moi qui t'ai repoussé ?
-Non, j'avais des principes à l'époque, des idées sur le mariage et tout ce qui va avec. Je te respectais trop pour envisager de faire quelqu'un chose qu'on m'avait toujours enseigné être déshonorant. On était jeunes, j'avais encore cette stupide opinion sur la pureté du sang aussi. Mais tu sais quoi, il n'y a qu'avec toi que j'ai envie de respecter ces principes désuets.

Hermione essayait d'imaginer ce qu'aurait pu être cette soirée, il y a presque dix ans, en vain. Elle était trop ancrée dans le présent. Les jambes de Drago pas si froides, qui touchaient les siennes, ses larges épaules qui se dessinaient dans la nuit, sa bouche juste au dessus de la sienne. Juste au dessus de la sienne... Elle attrapa Drago et l'attira brutalement contre elle. Leurs lèvres se touchèrent. Drago s'était laissé faire et il l'embrassait maintenant avec passion. Hermione enlaça son torse. Elle sentit les mains du jeune homme se plonger dans ses cheveux, attraper sa tête tandis qu'il commençait à embrasser son cou. L'étreinte était brûlante et violente. Elle savait ce qu'elle voulait, elle n'avait plus aucun doute. C'était lui qu'elle aimait. Elle bascula la tête en arrière en gémissant tandis qu'il appuyait ses baisers, parcourant ses épaules. Drago s'allongea à coté d'elle et l'attira contre son torse.
-Je ne veux plus jamais te perdre.
-Pourquoi tu t'arrêtes maintenant ? Demanda Hermione.
-Je te l'ai dit, il n'y a qu'avec toi que j'ai envie de respecter les principes désuets que mes parents m'ont inculqués.
Drago se leva du lit précipitamment et attira Hermione hors des couvertures. Il posa un genoux à terre et prit la main de la jeune fille.
-Hermione Jane Granger, veux tu m'épouser ?
-Tu es en caleçon, fit-elle remarquer.
-En boxer, corrigea-t-il.
-Et tu n'as pas de bague.
-Tu es vraiment une fille vénales.
-Et ça ne fait que dix secondes qu'on sort ensemble.
-Mais non, ça fait au moins depuis avril, tu te souviens pas ? Mon reportage, ta mission humanitaire, pouffa Drago.
-Et dire que je reprochais à Harry de se marier sur un coup de tête.
-Tu dis non alors ?
Hermione éclata de rire.
-Allez, suffit les bêtises. Viens, on va se coucher. Je ne dirai pas oui ce matin. Je ne voudrais pas avoir à raconter un jour que tu m'as demandée en mariage à moitié nu.
-Si c'est ça qui te gène, je peux faire ma demande complètement nu.
Hermione fut secouée d'un rire incontrôlable. Elle tira sur sa main, l'obligeant à se relever. Puis elle le poussa dans son lit. Il se laissa faire et s'écroula dans les couvertures. Elle s'installa au dessus de lui et commença à l'embrasser à nouveau. D'abord la joue, puis le cou, elle s'aventura sur ses épaules et continua sa course le long de son bras. Elle saisi enfin sa main et y planta un dernier baiser.
-Je t'aime.
-Dormons, murmura-t-il.
Malgré l’excitation que procurait le fait qu'ils se soient à nouveau retrouvés, ils étaient tous deux fatigués. Drago attira la jeune fille contre lui. Elle se blottit contre son corps brûlant et ferma les yeux. Le sommeil les emporta avant que les premiers rayons de soleil n'apparaissent.


Harry était retourné dans sa chambre, honteux de ce qui venait de se passer. Emma l'attendait, silencieuse. Elle s'était pelotonnée dans son lit en attendant qu'il aille parler à Hermione de ce qu'elle croyait être le diagnostique. Elle avait les yeux grands ouverts et fixait le plafond. Il se glissa à coté d'elle et lui tourna le dos pour s'endormir.
-Hermione m'a redit la même chose qu'à toi. Les chances sont de soixante-quarante, mentit Harry.
-Amour, je n'arriverai pas à dormir.
-Il le faudra bien pourtant. Elle a dit que tu devais te détendre.

Harry commençait à s'endormir quand Emma parla à nouveau.
-J'ai une question à te poser.
-Vas-y.
-Que se passera-t-il si je perd l'enfant ? Est-ce que tu nous donneras une chance ou est-ce que tu partiras ?
Harry prit une grande inspiration. Que devait-il lui répondre ?
-Tu veux que je sois honnête avec toi ?
-Oui. Je veux savoir si je m'apprête à perdre les deux personnes qui comptent le plus pour moi.
Harry se retourna vers sa fiancée. De fines mèches dorées étaient collé sur son petit visage enfantin. Ses yeux inquiets étaient cernés. Toute la soirée elle s'était fait du souci à cause de la disparition de sa cousine, puis étaient venues les premières contractions, le sang, l'angoisse. Elle faisait peine à voir. Au fond de lui, l'envie de la protéger était plus présente que jamais. Hermione avait raison, sa place était à ses côtés pour l'aider à traverser cette épreuve.
-Quand tu m'as fait ton chantage, j'ai accepté par ce que j'ai eu peur de ne pas voir cet enfant, et parce que j'ai cru que malgré l'absence de passion, nous pourrions être heureux. Mais le temps est passé et pour être franc, j'ai toujours du mal à m'imaginer être père.
-Qu'est ce que tu veux dire ?
-Que je reste. Je ne dis pas que je n'ai jamais regretté ce choix. Mais cet enfant n'existe pas encore pour moi. C'est pour toi que je reste Emma.

Harry prit sa fiancée dans ses bras. Qu'il avait été stupide d'aller voir Hermione à ce moment. Sa futur femme avait besoin de lui plus que jamais. Il la sentait tout contre lui, si douce, si vulnérable. Il était rempli de culpabilité. Comment avait-il pu en arriver là ? Lui, Harry Potter, le Gryffondor, l’Élu qui n'avait pas tremblé devant la mort, qui avait poussé le principe de fidélité et du sacrifice jusqu'au bout de sa définition. Maintenant que la vie était devenue plus simple, son sens du devoir s'était émoussé. Mais il était temps qu'il redevienne le garçon intègre qu'il avait toujours été dans l'adversité. Il était temps que le Harry qu'il était en privé soit à la hauteur de celui qui avait tué Voldemort pendant les heures les plus sombres de l'histoire.
Il colla son front contre le front d'Emma, lui prit le visage entre deux mains.
-Emma, je ne t'abandonnerai jamais. Tu es tombée enceinte, j'ai décidé d'assumer mes actes. Même si tout s'arrête maintenant je ne reviendrai pas sur mon engagement.
-Merci. J'avais tellement peur de devoir affronter l'incertitude des prochaines vingt-quatre heures seule, souffla-t-elle.
-Bon, maintenant il va falloir penser à autre chose et trouver le sommeil, dit Harry en baillant. Quand j'étais petit on disait qu'il fallait compter les moutons.
-Quels moutons ?
-On devait imaginer des moutons sautant une barrière et les compter un par un.
-Mais ça n'a pas de fin !
-C'est le principe.
Emma attrapa une baguette et prononça une incantation qui fit apparaître des petits moutons un peu translucides.
-Et bien, comptons les moutons !
Harry compléta le paysage en rajoutant une barrière.
-Un, deux, trois... Tiens en voilà un des tiens, dit Harry en voyant un animal avec un nœud rose autour du cou.
-Ça ne marche pas des masses, fit remarquer la jeune fille.
-Attends qu'on soit arrivé au cinquante-deux mille trois-cent quatre-vingt dix-neuvième.
-C'est débile ces trucs de moldu, dit-elle en se collant à lui.
Les animaux disparurent laissant Harry et Emma à la pénombre de leur chambre. Elle remonta la couverture et posa sa tête sur la poitrine de son fiancé.
-Je t'aime, murmura la jeune fille, avant de s'endormir.

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